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Sur le thème de l’école inclusive, le 5ème Forum des Rased a réuni environ 300 enseignants le 6 décembre. Le Forum se situe après la parution le 28 août d’une circulaire sur le fonctionnement des Rased, juste avant la sortie de nouveaux textes sur l’accompagnement des enfants en difficulté, comme le PAP et la refonte de la formation des maitres des Rased. C’est l’occasion de faire le point avec Thérèse Auzou-Caillemet, présidente de la Fname , et Maryse Charmet, présidente de la Fnaren.

Parue le 28 août, la circulaire sur le fonctionnement des Rased leur a reconnu une véritable place dans le système éducatif, alors que le quinquennat précédent avait amorcé leur disparition. Elle définit le champ d’intervention de chaque membre du Rased : maitre spécialisé à dominante pédagogique, rééducative et psychologue.  » Placé sous l’autorité et la responsabilité de l’IEN, le Rased est constitué de l’ensemble des enseignants chargés des aides spécialisées et des psychologues scolaires qui exercent dans la circonscription. Après concertation de ces membres, l’IEN arrête l’organisation générale des actions de prévention et des aides spécialisées dans la circonscription ainsi que les priorités d’action du Rased dont le fonctionnement et les résultats sont régulièrement évalués », affirme le texte.  » Trois types d’acteurs, titulaires des certifications spécifiques adéquates, interviennent pour réaliser cet objectif : l’enseignant spécialisé chargé de l’aide à dominante pédagogique (maître E) ; l’enseignant spécialisé chargé de l’aide à dominante rééducative (maître G) ; le psychologue scolaire. Les enseignants spécialisés et les psychologues scolaires sont membres des équipes pédagogiques des écoles dans lesquelles ils interviennent. Leur périmètre d’intervention est déterminé de telle façon qu’il évite une dispersion préjudiciable à l’efficacité de leur action ».

Mais, un trimestre plus tard, la circulaire ne semble pas avoir rétabli la confiance dans el ministère. « On est très inquiets », estime Maryse Charmet, présidente de la Fnaren. « Car sur le terrain on voit peu de changements. On ne supprime plus de postes mais on en crée très peu et les départs en formation sont trop faibles ». Un sentiment qui est partagé par Thérèse Auzou-Caillemet, présidente de la Fname. « Il y a eu des ouvertures de postes, une centaine », nous dit-elle. « On est très loin des 5 000 postes supprimés. On sent qu’on a des interlocuteurs au ministère qui nous écoutent mais ils sont tenus par des contraintes budgétaires ». M. Charmet évoque aussi la dilution des cadres de formation.

« On assiste à un véritable glissement vers la médicalisation des difficultés », explique M Charmet. « Face aux difficultés des élèves, faite de moyens pour répondre dans l’école, on met un AVS (auxiliaire accompagnant un élève). Le mot « trouble » se vulgarise ». « La médicalisation est accélérée par la disparition des Rased », estime Thérèse Auzou-Caillemet. « Beaucoup d’enfants ont des dossiers à la MDPH (organisme pour enfant handicapé) faute de Rased ». Les maitres rééducateurs de la Fnaren sont particulièrement confrontés à la médicalisation. « On se bat pour que la ritaline (un médicament souvent donné aux enfants ayant des troubles de comportement en classe) ne soit pas le rééducateur de demain. Un enfant qui grandit a des moments où son attitude, sa pensée changent. Il faut le suivre. La Ritaline peut apporter une réponse dans une classe surchargée. Mais elle ne permet pas à l’enfant de se structurer, de devenir un citoyen autonome. Elle ne permet pas de travailler la cause de la difficulté et de faire en sorte que l’enfant et le groupe avancent ». M. Charmet souligne aussi que la réforme des rythmes qui devait redonner du temps au collectif enseignant n’a pas tenu sa promesse. « On a toujours des difficultés à se rencontrer avec des enseignants qui ne peuvent plus faire face aux crises ».

Alors qu’on attend la publication prochaine de la circulaire sur le Programme d’accompagnement personnalisé (PAP), les maitres des Rased restent sceptiques. « Penser la scolarisation de l’enfant en pensant la cohérence et le projet, on le défend aussi », dit M Charmet. « Mais pour nous c’est une usine à gaz. On ignore quels moyens accompagneront le texte ».

Pourtant les maitres des Rased gardent la foi dans leur mission. « Notre regard multiple permet de mieux comprendre l’enfant et de mieux l’accueillir à l’école », explique Thérèse Auzou-Caillemet. « Il aide l’enseignant à adapter son enseignement et fait évoluer l’école. On est enseignant et on est en empathie avec eux même si on est plus à même d’entendre aussi les parents. L’éducation nationale a dans ses mains un dispositif qu’elle sous-emploie faite de moyens ».

François Jarraud

Médicalisation de l’échec scolaire et pouvoir enseignant

Sur la circulaire

Handicap quel bilan ?