Print Friendly, PDF & Email

Le bac est-il donné à tout le monde ?


« Il faut supprimer le bac. Il ne sert Ă  rien. D’ailleurs tout le monde l’a ». Chaque annĂ©e, cette idĂ©e revient dans les mĂ©dias, minimisant l’intĂ©rĂŞt de cet examen. Chaque annĂ©e, certains mĂ©dias glosent sur un taux de rĂ©ussite qui dĂ©passe 80%. Est-ce Ă  dire que le diplĂ´me est donnĂ© Ă  tous ?


A vrai dire, le taux de succès au bac a toujours Ă©tĂ© Ă©levĂ©. Cela tient Ă  deux raisons. La première c’est que cet examen sanctionne un niveau moyen de fin d’Ă©tude. Ce n’est pas un concours. On peut attendre du système Ă©ducatif qu’il assure 80% de rĂ©ussite comme il assure 90% pour les compĂ©tences en maths ou français en fin de primaire ou de collège. Ce taux est d’autant plus facile Ă  atteindre qu’en fait la sĂ©lection a lieu avant le bac. Ce taux de 80% cache le fait que seulement 66% d’une gĂ©nĂ©ration (Ă  l’exception de 2012) obtient le bac. Un jeune sur trois quitte l’Ă©cole sans le bac. Ce taux de rĂ©ussite n’est pas seulement faible. Il est stable depuis 1995 oĂą dĂ©jĂ  on atteignait 63%. Cette rĂ©alitĂ© invite Ă  redĂ©couvrir les taux habituels du bac. Ainsi on dit que 83% des garçons sont reçus contre 87% des filles. Cela cache en fait un Ă©cart beaucoup fois plus grand : 70% des filles d’une gĂ©nĂ©ration seront bachelières contre 58% des garçons.


Le bac reste un dĂ©fi pour les familles populaires. Le directeur gĂ©nĂ©ral de l’enseignement scolaire, Jean-Paul Delahaye, l’avait clairement signifiĂ© le 12 juin 2013. « On constate qu’il y a encore de très grandes inĂ©galitĂ©s dans notre pays dans l’accès au bac gĂ©nĂ©ral et technologique ou mĂŞme professionnel », a-t-il dit. « Trois catĂ©gories sociales dans notre pays aujourd’hui voient pour leurs enfants les chances d’obtenir le bac quel qu’il soit diminuer. Ce sont les enfants d’inactifs, d’employĂ©s de service et d’ouvriers non qualifiĂ©s ». JP Delahaye a donnĂ© des chiffres. Sur la gĂ©nĂ©ration qui est entrĂ©e en 6ème en 1995 et dont on peut suivre la scolaritĂ©, 13% des enfants d’inactifs n’ont mĂŞme pas atteint la 3ème, contre 0,4% des enfants d’enseignants. 9% des enfants d’inactifs, 13% des enfants d’ouvriers non qualifiĂ©s ont obtenu un bac gĂ©nĂ©ral contre 72% des enfants d’enseignants. « En rĂ©alitĂ© dans notre pays les Ă©carts sont en train de se creuser… et tout le travail de la refondation de l’Ă©cole est…de rĂ©duire ces Ă©carts insupportables de rĂ©ussite selon les origines sociales », a dĂ©clarĂ© JP Delahaye. « C’est important d’avoir ces chiffres en mĂ©moire… Tout le monde n’a pas le bac. Tout le monde n’entre pas en universitĂ©. On a des marges de progression importantes chez les jeunes d’origine populaire ».


Le bac sĂ©grĂ©gatif ? Mieux vaut s’appeler Augustin, Marin et Henri pour avoir le bac S. Ou Sixtine, Anouk et Capucine pour le bac ES. Pour le Bac STG, par contre, Ahmed, Amel, Nadia ou Youssef suffisent. C’est la leçon qu’afflige Baptiste Coulmont, docteur en sociologie et maĂ®tre de confĂ©rence Ă  Paris 8, au système Ă©ducatif français. « Georges Felouzis et ses collègues (JoĂ«lle Perroton notamment) ont bien analysĂ© la sĂ©grĂ©gation ethnique et le rĂ´le qu’elle joue dans la reproduction sociale : il s’est d’ailleurs appuyĂ© sur un codage des prĂ©noms pour repĂ©rer l’ethnicitĂ© revendiquĂ©e par les parents. Ils s’intĂ©ressaient aux collèges, mais les sĂ©ries du bac ne remettent pas a priori en cause cette sĂ©grĂ©gation ethnique et sociale », conclue-t-il.


Trop de diplĂ´mĂ©s ? Dans l’intĂ©rĂŞt gĂ©nĂ©ral, si on veut avoir par exemple une Ă©conomie plus compĂ©titive, on devrait plutĂ´t s’inquiĂ©ter de la faiblesse de ces taux. Mais il y a une explication Ă  cette attitude malthusienne. Ce qui dĂ©frise dans un fort taux de rĂ©ussite au bac c’est quand mĂŞme que certains qui n’y arrivaient pas y arrivent. Or on sait bien que statistiquement on a d’autant plus de chances de rĂ©ussir le bac que l’on est issu d’un milieu favorisĂ©. L’Ă©lĂ©vation du taux de rĂ©ussite au bac renvoie Ă  sa dĂ©mocratisation. Ce n’est pas tolĂ©rable pour tout le monde… Ceux qui critiquent le bac rĂŞvent d’un examen d’entrĂ©e en universitĂ© qui garantirait Ă  leurs enfants, seuls capables dĂ©jĂ  de payer les frais d’examen, le monopole des Ă©tudes supĂ©rieures.


La France a-t-elle davantage de bacheliers que ses voisins ? Dans tous les pays de l’Union europĂ©enne, un document certifie la fin de l’enseignement secondaire Selon les statistiques de l’Unesco, le taux brut de diplĂ´mĂ©s de fin du secondaire s’Ă©tablit Ă  51% en France contre 92% en Finlande, 73% aux Etats-Unis, 74% en Italie. Le taux brut de diplĂ´mĂ©s du supĂ©rieur est Ă  38% en France contre 62% aux Etats-Unis, 74% en Finlande, 55% en Italie.


Faut-il rĂ©former le bac ? Les mĂŞmes critiques font campagne pour une rĂ©forme du bac. A vrai dire ils ont des arguments. Le bac est une machine colossale et coĂ»teuse. Or quelques Ă©preuves seulement sont prĂ©dictives du rĂ©sultat pour 90% des candidats. Le dĂ©putĂ© UMP Apparu, dans son projet de rĂ©forme du lycĂ©e, avait demandĂ© une simplification du bac. 4 disciplines seulement resteraient matière Ă  contrĂ´le final. Si elle apparaĂ®t logique, la rĂ©forme proposĂ©e semble surtout susceptible d’augmenter l’injustice. En effet on sait, depuis les travaux de D. Oget, que si le bac Ă©tait passĂ© au contrĂ´le continu les rĂ©sultats finaux seraient largement diffĂ©rents. Le fait qu’au bac on corrige une copie anonyme augmente les chances de certains candidats : les garçons, les jeunes des milieux populaires. R Apparu ne demande d’ailleurs pas de contrĂ´le continu mais un CCF oĂą les Ă©lèves seraient notĂ©s par un professeur qui ne serait pas son professeur.


Mais pour bien estimer si le bac a de la valeur, voyons ce qu’il coĂ»te Ă  celui qui ne l’a pas. Si en France personne ne s’est attachĂ© Ă  ce calcul, le caractère pragmatique des Anglo-Saxons nous permet de trouver plusieurs Ă©tudes en ce sens. La plus rĂ©cente provient de l’Alliance for Excellent Education (AEE), une association charitable qui milite pour la scolarisation. Pour elle « tout le monde bĂ©nĂ©ficie des progrès de qualification ». Elle a pu calculer la diffĂ©rence de salaire entre un bachelier et un non bachelier (26 923 $ contre 17 299) et partant de lĂ  estimer le manque Ă  gagner collectif : si tous les jeunes AmĂ©ricains de 2008 avaient poursuivi leurs Ă©tudes jusqu’au bac, ils auraient apportĂ© 319 milliards de dollars en plus Ă  l’Ă©conomie amĂ©ricaine durant leur vie. Mais puisque les diplĂ´mĂ©s vivent plus longtemps, deviennent des citoyens plus posĂ©s, L’AEE estime Ă©galement d’autres retombĂ©es : « les Ă©conomies rĂ©gionales et locales souffrent plus quand elles ont des populations moins Ă©duquĂ©es car il leur est plus difficile d’attirer des investissements. En mĂŞme temps elles dĂ©pensent davantage en dĂ©penses sociales ». L’AEE a pu calculer qu’en poussant tous les AmĂ©ricains jusqu’Ă  la fin des Ă©tudes secondaires, l’Etat Ă©conomiserait de 8 Ă  11 milliards chaque annĂ©e en aide sociale, 17 milliards en aide mĂ©dicale. Si le taux de sortie sans qualification des garçons baissait de seulement 5% cela reprĂ©senterait 5 milliards de dĂ©penses policières en moins.

Alors comment augmenter la part des bacheliers ? Comment faire ? Ce n’est pas Ă  Neuilly qu’on pourra l’augmenter significativement. Il faut Ă©videmment aller chercher les nouveaux bacheliers lĂ  oĂą ils sont : dans les ghettos dĂ©favorisĂ©s. Il faut que dès la maternelle, dès deux ans, il y ait un effort important de fait pour ces enfants. Or on sait que la scolarisation Ă  deux ans rĂ©gresse justement dans ces quartiers. Il faut, nous dit T Piketty, rĂ©duire le nombre d’Ă©lèves par classe significativement en ZEP. Or, lĂ  aussi, on sait que la rĂ©duction est marginale. Mieux que la prĂ©diction du rĂ©sultat Ă  partir de certaines matières, on peut dĂ©jĂ  prĂ©dire que le taux d’Ă©chec ne sera pas le mĂŞme si l’on est fils de cadre ou d’ouvrier. C’est justement cela qu’il faudrait changer.


François Jarraud

Article de B Coulmont

http://coulmont.com/blog/2013/03/30/series-de-prenoms/



Bac : Progression et différentiation vont de pair


Avec 77% d’une gĂ©nĂ©ration reçue au bac, l’objectif des 80% semble presque atteint. La publication, le 16 mars , des rĂ©sultats dĂ©finitifs du bac montrent un nouveau bond du bac en 2014. Mais plus le bac se banalise , plus les diffĂ©rences se creusent entre les bacs. Si presque tout le monde obtient le bac, alors le bac des uns n’a plus rien Ă  voir avec celui des autres. La massification du bac se fait au dĂ©triment de sa dĂ©mocratisation. Un sacrĂ© problème pour un système Ă©ducatif qui fait de ce diplĂ´me Ă  la fois la validation d’une formation secondaire et un passeport pour l’enseignement supĂ©rieur.


L’explosion du bac repose sur le seul bac pro

En 1980 , seulement 26% d’une gĂ©nĂ©ration obtenait le bac. En 2000, ils Ă©taient 63%, un taux qui va rester stable jusqu’en 2010. Depuis 2010, le taux de bachelier dans une gĂ©nĂ©ration a repris s progression montant Ă  74% en 2013 et 77,4% en 2014. Jamais la France n’avait connu un tel nombre de bacheliers : 626 000 jeunes ont obtenu le prĂ©cieux diplĂ´me qui marque la fin de la scolaritĂ© secondaire et ouvre la porte de l’enseignement supĂ©rieur. C’est 35 000 jeunes supplĂ©mentaires par rapport Ă  2013.

Mais cette augmentation ne touche pas de façon identique les diffĂ©rentes sĂ©ries. Le nombre de bacheliers gĂ©nĂ©raux reste quasiment stable depuis 20 ans. En 1995 on comptait 287 000 bacheliers gĂ©nĂ©raux. En 2010 ils Ă©taient 279 000. En 2013, 305 000 et 315 000 en 2014. La progression est très lente et au total on ne compte guère que 28 000 bacheliers gĂ©nĂ©raux de plus sur 20 ans quand le nombre de bacheliers a progressĂ© de 134 000 personnes. Les filières technologiques ont rĂ©gressĂ© sur cette pĂ©riode. On comptait 153 000 bacheliers technologiques en 2000. Il n’y en a plus que 129 000 en 2014. L’extraordinaire hausse du nombre des bacheliers s’explique donc par l’explosion du bac professionnel. Il y avait 67 000 bacheliers professionnels en 1995, 119 000 en 2010 et 190 000 en 2014. De 2013 Ă  2014 on compte 31 000 bacheliers professionnels supplĂ©mentaires. Aujourd’hui un bachelier sur trois est un bachelier professionnel.

C’est donc Ă  un Ă©clatement des bacs que l’on assiste entre un bac gĂ©nĂ©ral qui reste stable et un bac professionnel en hausse rapide. Les Ă©carts entre ces deux familles de bacs augmentent en mĂŞme temps qu’ils se creusent Ă  l’intĂ©rieur de chaque famille. Autrement dit la hiĂ©rarchisation des bacs avance encore plus vite que la massification.

Des bacs généraux marqués socialement

Qu’est-ce qu’un bac gĂ©nĂ©ral ? Un bac gĂ©nĂ©ral est d’abord caractĂ©risĂ© par un fort taux de rĂ©ussite. En 1995 75% des candidats Ă©taient reçus. Aujourd’hui c’est 91% avec de très faibles diffĂ©rences entre filières. De plus en plus un bac gĂ©nĂ©ral est un bac S. Il y avait 139 000 bacheliers S en 1995, ils sont maintenant 161 000. Le bac ES a lĂ©gèrement augmentĂ© passant de 77 000 en 1995 Ă  97 000 en 2014. Le bac L est en voie d’extinction : il y avait 71 000 bacheliers littĂ©raires en 1995, ils ne sont plus que 47 000 en 2014. Les bacs technologiques ont aussi beaucoup rĂ©gressĂ©, on l’a vu. Ils se comportent maintenant comme les bacs gĂ©nĂ©raux : fort taux d’admission 91% au total, 90% en STMG, 91% en St2s.

A l’intĂ©rieur de cet ensemble gĂ©nĂ©ral et technologique on assiste Ă  une diffĂ©renciation par le genre. 55% des bacheliers S sont des garçons quand 79% des L sont des filles. 91% des bacheliers de St2s sont des bachelières quand ce n’est que 7% des Sti2d.

Enfin le bac gĂ©nĂ©ral a une forte coloration sociale. Sur les 18 000 enfants de professeurs qui ont Ă©tĂ© admis au bac en 2013, 15 000 ont eu un bac gĂ©nĂ©ral. Chez les cadres c’est le cas de 105 000 jeunes sur 135 000 bacheliers. Seulement 35 000 enfants d’ouvriers sur les 98 000 admis au bac ont eu un bac gĂ©nĂ©ral. C’est le cas de 9 000 enfants d’inactifs sur 60 000.

Le bac pro permet la massification du bac

Le bac professionnel a donc des caractĂ©ristiques très particulières. C’est le bac qui progresse le plus rapidement mais c’est aussi celui oĂą le taux d’Ă©chec est le plus fort. On comptait 73% d’admis au bac pro en 1995. Il n’y en a que 79% en 2014. Alors que le bac gĂ©nĂ©ral est passĂ© de 75 Ă  92%, le bac professionnel n’a presque pas bougĂ©. Le taux de rĂ©ussite y est contenu mĂŞme si le nombre de candidats explose. La bac professionnel est caractĂ©risĂ© par l’origine modeste de ses bacheliers : 81% des enfants d’inactifs admis au bac sont des bacheliers professionnels. C’est le cas de 9% des enfants de cadres.

Ainsi le bac professionnel porte la massification du bac. C’est lui qui ouvre les portes de l’enseignement supĂ©rieur aux enfants des familles populaires alors que le bac gĂ©nĂ©ral se rĂ©vèle ĂŞtre le bastion des familles privilĂ©giĂ©es. La massification de bac ne signifie pas sa dĂ©mocratisation. Mais au contraire sa hiĂ©rarchisation.

François Jarraud

Les résultats définitifs du bac 2014

http://cache.media.education.gouv.fr/file/2015/17/5/DEPP_NI_2015_08[…]

Le Rers 2014

http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/02/8/DEPP_RERS_2014_[…]


Le bac pro, caillou dans la chaussure de l’Education nationale


L’extraordinaire progression du bac professionnel s’accompagne d’un changement radical du comportement de ces bacheliers. Le bac pro a changĂ© d’identitĂ©. D’un diplĂ´me de fin d’Ă©tudes signifiant une qualification professionnelle, il est devenu une porte d’accès Ă  l’enseignement supĂ©rieur. Les bacheliers professionnels posent la redoutable question de la dĂ©mocratisation de l’enseignement supĂ©rieur.

Panique Ă  bord !

La marĂ©e de bacheliers professionnels, 119 000 en 2010 et 190 000 en 2014, vient cogner Ă  la porte de l’enseignement supĂ©rieur. En 2000, 17% des bacheliers professionnels poursuivaient des Ă©tudes post bac. En 2014 ils sont 48%. Un tiers poursuit dans l’enseignement supĂ©rieur et 17% en contrats de professionnalisation. Ils reprĂ©sentent aujourd’hui 27% des Ă©tudiants des STS. Selon Vincent Troger, qui a Ă©tĂ© le premier Ă  mettre en Ă©vidence cette mutation en 2012, la voie professionnelle s’est banalisĂ©e. D’abord voie de qualification pour entrer sur le marchĂ© de l’emploi, elle est devenue un chemin commode vers le supĂ©rieur. Le changement a Ă©tĂ© rapide. Ce choix du professionnel pour atteindre le supĂ©rieur est souvent fait par le jeune dès la seconde. « L’objectif c’est de s’assurer une meilleure insertion et aussi avoir une chance de promotion professionnelle. Autrefois ils auraient cru dans la promotion interne », nous disait-il. « Aujourd’hui ils pensent que c’est très difficile d’accĂ©der un statut supĂ©rieur avec un CAP ».

Des jeunes Ă  profil particulier

Or ces jeunes ont des profils particuliers. Ils sont moins mobiles que les bacheliers gĂ©nĂ©raux et vont privilĂ©gier des formations courtes près de chez eux. Ils ont moins d’appĂ©tence pour l’enseignement gĂ©nĂ©ral. Ces deux caractĂ©ristiques font que le dĂ©bouchĂ© normal des bacheliers professionnels sont les BTS, une voie oĂą ils rĂ©ussissent plutĂ´t bien. Depuis 2014, l’Education nationale a mis en place des quotas acadĂ©miques qui facilitent l’entrĂ©e des bacheliers professionnels en STS. Et ça commence Ă  porter des fruits. « Le nombre de propositions d’admission en BTS/BTSA faites aux candidats d’une terminale professionnelle s’est accru de 12,5 % (+ 4 761) », rĂ©vèle le rapport de la dĂ©putĂ©e S. Doucet remis en novembre 2014.

Mais leur arrivĂ©e en BTS s’accompagne d’une forte lassitude des enseignants des STS mis devant un dĂ©fi pĂ©dagogique totalement nouveau. Ils dĂ©noncent une baisse de niveau rĂ©sultant de la rĂ©forme du bac professionnel dont le rapport Doucet s’est fait l’Ă©cho. La dĂ©putĂ©e reprend les propos de la FĂ©dĂ©ration de l’enseignement privĂ© (FEP)-CFDT, pour qui  » le nouveau « bac pro » aurait fait perdre (aux jeunes) « l’habitude du travail » du fait de coefficients qui invitent Ă  dĂ©laisser les matières gĂ©nĂ©rales telles que le français, les langues Ă©trangères, les mathĂ©matiques et l’histoire-gĂ©ographie. Pour S Doucet il y a bien « un risque de dĂ©crochage » du BTS. Il y a peu d’expĂ©riences de prĂ©paration des bacheliers professionnels Ă  cette poursuite d’Ă©tude. Encore moins de communication entre les enseignants de bac pro et ceux du supĂ©rieur ne serait ce que pour connaitre les programmes des uns et des autres.

La tentation de la relégation

Alors, cette arrivĂ©e des bacheliers professionnels pose un autre dĂ©fi Ă  l’Ă©ducation nationale : celui du coĂ»t. Un Ă©tudiant en BTS revient Ă  13 510 euros en moyenne, soit nettement plus qu’un Ă©tudiant ordinaire. Dans le cas des bacheliers professionnels, seuls 60% obtiennent le diplĂ´me du BTS. Il y a donc une forte perte de moyens dans une pĂ©riode budgĂ©taire difficile.

D’oĂą l’idĂ©e Ă©mise par G Fioraso en dĂ©cembre dernier de crĂ©er une filière supĂ©rieure particulière pour des bacheliers particuliers. Le nouveau  » Brevet professionnel supĂ©rieur » (appellation encore provisoire) devrait ĂŞtre un diplĂ´me de niveau III dĂ©livrĂ© en alternance. C’est sur les entreprises que reposerait donc le coĂ»t de la dĂ©mocratisation de l’enseignement supĂ©rieur. Mais ce serait au prix d’une nouvelle sĂ©lection de ces jeunes. Au regard de ce qui se pratique dĂ©jĂ  dans les stages professionnels, on peut craindre que les jeunes fassent Ă  nouveau l’expĂ©rience de la discrimination dans cette nouvelle filière si elle voit le jour.

L’impossible dĂ©mocratisation du système Ă©ducatif ?

Se rejoue pour l’enseignement supĂ©rieur un scĂ©nario que l’Ă©ducation nationale connait bien. Le bac professionnel a permis de dĂ©mocratiser le bac. C’est Ă  travers le bac professionnel que les jeunes des milieux populaires ont accĂ©dĂ© au bac. On compte trois fois plus de titulaires du bac professionnel que du baccalaurĂ©at gĂ©nĂ©ral chez les ouvriers (34,3 % contre 11,4 %) et un rapport inverse chez les cadres (10 % contre 36,1 %). Le système Ă©ducatif a dĂ©mocratisĂ© le bac en crĂ©ant une nouvelle voie rĂ©servĂ©e aux enfants des classes populaires plutĂ´t qu’en les aidant Ă  accĂ©der Ă  un bac gĂ©nĂ©ral. Il leur a ainsi ouvert l’accès au supĂ©rieur. Mais celle-ci tourne au mensonge. Le taux de rĂ©ussite Ă  la licence en trois ans des bacheliers professionnels est de 3,1 % seulement. En BTS, seule la moitiĂ© des bacheliers professionnels obtient le diplĂ´me en trois ans, ce qui est nettement moins que les bacheliers technologiques (73 %) et les bacheliers gĂ©nĂ©raux (85 %). Le projet ministĂ©riel de nouvelle filière particulière achèverait de clore la fenĂŞtre.

La crĂ©ation des bacs professionnels a finalement empĂŞchĂ© une vĂ©ritable dĂ©mocratisation du lycĂ©e en relĂ©guant les enfants des milieux populaires dans des lycĂ©es particuliers et un diplĂ´me particulier qui signifiait une fin d’Ă©tudes. La crĂ©ation d’une voie nouvelle dans le supĂ©rieur pourrait avoir la mĂŞme signification. Alors que la filière professionnelle Ă©tait en voie de se banaliser et de devenir un chemin vers le supĂ©rieur, la ministre propose une voie sĂ©parĂ©e pour ces jeunes des milieux populaires. 30 ans après la crĂ©ation du bac professionnel celui-ci n’est toujours pas considĂ©rĂ© comme un vrai bac. Que vaudra un  » Brevet professionnel supĂ©rieur » qui serait un diplĂ´me spĂ©cifique rĂ©servĂ© Ă  des jeunes qui, dès la troisième, auront Ă©tĂ© poussĂ©s, malgrĂ© ce que dit la ministre, dans un tuyau aboutissant Ă  une qualification particulière ?

François Jarraud

La proposition Fioraso

V Troger

Le rapport Doucet

A Jellab : la voie professionnelle, voie d’Ă©mancipation ?



Le baccalauréat, le numérique et Internet


Particulièrement craint, admirĂ©, redoutĂ© aussi bien des Ă©lèves, des enseignants, des parents, mais aussi des ministres, le baccalaurĂ©at est « intouchable » ! Un texte rĂ©cent sur la fraude aux examens et en particulier au baccalaurĂ©at montre bien qu’il s’agit d’un exercice que l’on peut qualifier de « canonique » tant chaque vellĂ©itĂ© d’en transformer tel ou tel aspect semble un sujet Ă  grave discorde. On ne rappellera pas les rĂ©centes querelles, on signalera simplement que la refondation de l’Ă©cole Ă  simplement Ă©vitĂ© d’aborder la question, comme si le pilier central de la fondation Ă©tait posĂ© lĂ , immuable… Or arrive un nouveau contexte qui interroge la pertinence de cet examen et de sa forme de passation dont le modèle ne peut qu’ĂŞtre mis en cause compte tenu du contexte social, Ă©ducatif et technologique actuel en regard d’un examen issu de l’Ă©poque napolĂ©onienne.

Signalons d’abord qu’il n’y a pas un baccalaurĂ©at, mais plusieurs. Quand on parle du bac, on parle surtout de celui des sĂ©rie « classiques », S, L et ES (antĂ©rieurement A B C D…. Mais il y aussi les autres sections, technologiques et professionnelles qui depuis longtemps ont ouvert Ă  de nouvelles formes. Mais le baccalaurĂ©at classique, lui, semble rester figĂ©. En rĂ©alitĂ© ce n’est pas tout Ă  fait le cas, mais les rĂ©centes tentatives de modification de l’Ă©preuve d’histoire gĂ©ographie pour la section S ont montrĂ© qu’il y avait eu des changements mais qu’il y avait encore de nombreux freins. Rappelons ici les Ă©preuves anticipĂ©es, les Ă©preuves expĂ©rimentales (physiques) les options (dont math et informatique en 1ère L, bizarrement supprimĂ©e il y a deux ans) et bien sĂ»r l’Ă©preuve anticipĂ©e de français, la plus ancienne (puisque mise en place après 1968). Rappelons aussi l’arrivĂ©e de la calculatrice en lieu et place de la règle Ă  calculer et des tables de logarithmes. Si Ă©volution il y a c’est en bordure de ce qu’il convient d’appeler « le grand titre initiatique français des Ă©lites ».


Or ce rite souffre du numĂ©rique et d’Internet. D’abord par le copier coller et la communication qu’il facilite, Ă  l’insu mĂŞme de surveillants confrontĂ©s Ă  la multiplication des terminaux portables connectĂ©s. Ensuite parce que l’usage d’Internet et du numĂ©rique va Ă  l’encontre de la forme d’apprentissage sous jacente aux Ă©preuves traditionnelles fondĂ©es surtout sur la mĂ©morisation et la restitution Ă©crite papier. Nombre de sujet, mĂŞme de matières non concernĂ©es, ont vu inscrit en en-tĂŞte cette phrase magique : « calculatrice interdite ». Enfin parce que le rapport aux savoirs et la maĂ®trise de ses usages ne se mesure pas en quelques jours en fin de scolaritĂ© sur la base d’Ă©preuves sommaires (par sondage) qui ne rendent pas compte de ce que sait l’Ă©lève, mais, et encore cela mĂ©riterait vĂ©rification, le « niveau » de celui-ci en regard des exigences de la nation.


Ainsi le cĂ´tĂ© mythique des examens de certification en France, le baccalaurĂ©at en particulier, l’emporte sur la nĂ©cessitĂ© de concevoir de nouvelles manières de penser ce qu’est un Ă©lève « bien formé » Ă  18 ans (âge habituel de passage de l’Ă©preuve) et disponible pour une suite d’Ă©tude. Or les usages importants du numĂ©rique dans la vie quotidienne et les incitations rĂ©pĂ©tĂ©es des politiques Ă  l’Ă©gard de l’introduction des TIC en Ă©ducation ne sont que peu prises en compte (hormis pour quelques Ă©preuves dans des disciplines spĂ©cifiques) dans ces Ă©preuves « terminales ». Dans la circulaire d’avril 2012 sur la prĂ©paration des examens il est Ă©crit « L’incident sans prĂ©cĂ©dent qui a entachĂ© la session 2011 du baccalaurĂ©at a fait apparaĂ®tre que des risques nouveaux remettaient en cause les prĂ©cautions traditionnellement prises pour assurer la sĂ©curitĂ© de l’examen ; ces risques rĂ©sultent, en particulier, des moyens techniques et des rĂ©seaux de communication dĂ©veloppĂ©s ces dernières annĂ©es. » On constate, dans le compte rendu des Ă©preuves de 2012 que « L’utilisation des nouvelles technologies (smartphones, calculatrices, oreillette, MP3, montre tĂ©lĂ©phone) pour 166 candidats sur les 419. » est Ă  l’origine des fraudes sanctionnĂ©es. » Ceci amène le ministère Ă  installer de plus en plus de dĂ©tecteurs de tĂ©lĂ©phones portables dans les centres d’examen.


On peut penser que l’Ă©volution des pratiques doit ĂŞtre considĂ©rĂ©e comme un indicateur : celui de certaines formes d’Ă©valuation, directement issues de certaines formes d’enseignement, en particulier celles basĂ©es sur le cumulatif, le magistral, l’individuel, la mĂ©morisation. Cela va probablement prendre du temps. Cependant il existe depuis longtemps d’autres formes d’Ă©valuation, en particulier en cours d’apprentissage et basĂ©es, non pas sur l’actuel CCF, mais bien davantage sur l’accompagnement de ceux qui apprennent. Mais ces modalitĂ©s d’Ă©valuation sont souvent suspectĂ©es d’ĂŞtre insuffisamment prĂ©cises et objectives. Chacun le sait la note n’a d’objectif que le symbole qu’elle reprĂ©sente : celui d’une dĂ©cision prise par un ou plusieurs individus dont les fondements sont souvent discutables et alĂ©atoires comme l’a montrĂ© la docimologie depuis longtemps. De plus, dès lors que le numĂ©rique entre en scène, les nouvelles pratiques peuvent devenir inquiĂ©tante par la lourdeur des dispositifs, comme le B2i, le socle commun, le portfolio numĂ©rique l’ont illustrĂ© chacun Ă  leur manière.


Car ce qui caractĂ©rise les examens traditionnels et le baccalaurĂ©at c’est l’industrialisation de l’Ă©preuve dans une perspective Ă©galitariste (rappelons que l’Ă©galitĂ© est censĂ©e ĂŞtre au coeur des processus d’Ă©valuation actuelle). Cela s’oppose aux formes plus individualisĂ©es et suspectes, dans l’exactitude, sur le plan de l’Ă©galitĂ© des chances. L’exemple de l’apprentissage en alternance est une illustration frĂ©quente de ce dilemme (ceux qui le connaissent de l’intĂ©rieur le vivent souvent). L’arrivĂ©e du numĂ©rique pourrait apporter dans ce sens sa capacitĂ© Ă  gĂ©rer des systèmes questions rĂ©ponses de manière automatisĂ©e. Il faudrait alors transformer l’Ă©preuve en un vaste questionnaire Ă  choix multiple intelligent, comme par exemple la mĂ©decine l’a mis en place pour la sĂ©lection de fin de première annĂ©e depuis de nombreuses annĂ©es. On aurait lĂ  l’apport industriel du numĂ©rique.


Mais ce qui trouble le dĂ©bat, c’est que les objets numĂ©riques, matĂ©riels, logiciels, documents, sont peu « contrĂ´lable » et que le principe mĂŞme de l’examen du baccalaurĂ©at, c’est le « contrĂ´le des connaissances« . La multiplication des smartphones connectĂ©s Ă  Internet dĂ©cuple les possibilitĂ©s de contourner ce contrĂ´le et cela risque de tenter des candidats, d’oĂą les injonctions ministĂ©rielles. Certains pays, certains lieux d’enseignement essaient l’autorisation, voire l’obligation de l’accès Ă  Internet pour la vĂ©rification des connaissances. Cela transforme radicalement la nature des Ă©preuves Ă  dĂ©faut de modifier la structure fondamentale de l’examen (qui souvent disparait). A cotĂ© du risque qu’il y a Ă  ouvrir cet accès avec l’Ă©cueil du copier coller, il y a aussi l’Ă©cueil de l’aide Ă  distance par un tiers. D’un cotĂ© c’est le contenu qui est mis en cause, de l’autre c’est le fait qu’il faut Ă©valuer le candidat sĂ©parĂ©ment des autres. Deux paramètres principaux sont mis Ă  mal. Imaginer que le numĂ©rique puisse entrer dans une Ă©preuve telle que le baccalaurĂ©at pourrait se faire en levant la première barrière (tĂŞte bien faite plutĂ´t que tĂŞte bien pleine)et en construisant des Ă©preuves avec document. Pour la deuxième, c’est l’idĂ©e de l’Ă©valuation impossible du travail collaboratif. On a tous du mal Ă  imaginer comment Ă©valuer l’individu s’il n’est pas seul. Or la vie quotidienne, personnelle et professionnelle, est une vie en groupe, en sociĂ©tĂ©. Nombre d’activitĂ©s se dĂ©veloppent de manière collaborative (nos ancĂŞtres chassaient et cultivaient ainsi dans des systèmes d’entr’aime). L’exemple des TPE illustre bien cette difficultĂ©. Avec les outils numĂ©riques, le travail collaboratif et collectif revient de plus en plus souvent sur le devant de la scène. Comment imaginer une Ă©preuve collective, collaborative dans le contexte actuel ?


Si pour l’instant la forme des examens scolaires est restĂ©e la plupart du temps fondĂ©e sur le mĂŞme principe, l’Ă©difice ne cesse de s’effriter depuis près de quarante annĂ©es (rappelons ici la crĂ©ation des Bac pro). Les moyens numĂ©riques ouvrent de nouvelles brèches dans cette orthodoxie de l’Ă©valuation terminale, solitaire et basĂ©e principalement sur un sondage dans les connaissances Ă©tudiĂ©es et mĂ©morisĂ©es. Ce n’est probablement pas l’Ă©preuve qu’il faut modifier dans sa forme, c’est l’ensemble du processus Ă©valuatif en lien avec les modalitĂ©s d’enseignements qui y sont rattachĂ©es qu’il convient d’examiner et de faire Ă©voluer. L’ampleur du chantier peut rebuter plus d’un ministre. Mais il reste un pilier fort de nos sociĂ©tĂ©s occidentales contemporaines qui freine ces Ă©volutions : c’est l’idĂ©e centrale de « rĂ©ussite individuelle ». De l’Ă©litisme rĂ©publicain au libĂ©ralisme total, c’est l’individu qui prime. Le baccalaurĂ©at, dans sa forme mythique illustre bien cette idĂ©e. Les pratiques numĂ©riques rĂ©vèlent une autre vision des choses, (illustrĂ© par les mythes fondateurs du rĂ©seau) davantage centrĂ©es sur le partage et la communautĂ©. Cette opposition thĂ©orique se traduit dans la rĂ©alitĂ© par une tension que l’on perçoit comme en Ă©volution. Pour l’instant le système est suffisamment en place pour ne pas laisser passer une forme de dĂ©rive. Pourtant le travail menĂ©, en particulier dans l’enseignement supĂ©rieur, sur les modes d’Ă©valuation pourrait bien, Ă  terme, rejaillir sur le sacro-saint baccalaurĂ©at classique : porte d’entrĂ©e « magique » pour la poursuite des Ă©tudes.


Bruno Devauchelle


Les chroniques de Bruno Devauchelle

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/2012_BDevauchelle.aspx



La nouveautĂ© de 2014 : Et on pourra passer le bac Ă  distance…


PubliĂ© au Journal officiel du 11 mars, un dĂ©cret a ouvert la possibilitĂ© de tenir Ă  distance, au moyen d’outils de communication audiovisuelle, des Ă©preuves, ou parties d’Ă©preuve, du baccalaurĂ©at gĂ©nĂ©ral, technologique et professionnel. Cette possibilitĂ© est aussi ouverte aux membres de jurys lors de la tenue des rĂ©unions de dĂ©libĂ©ration dans le cadre de cet examen.


Pour le ministère, « cette nouvelle mesure permet de rĂ©pondre aux besoins spĂ©cifiques de certains candidats en raison notamment de leur handicap, hospitalisation, incarcĂ©ration ou de leur situation gĂ©ographique ». L’examen Ă  distance pourrait donc ĂŞtre proposĂ© pour les candidats qui ne peuvent se dĂ©placer mais aussi pour les candidats isolĂ©s. On peut imaginer par exemple que des Ă©preuves de langues rares puissent ĂŞtre rĂ©alisĂ©es ainsi, les Ă©lèves Ă©tant regroupĂ©s dans une salle de leur Ă©tablissement. La mesure devrait faciliter la vie des candidats mais aussi rĂ©duire le coĂ»t des examens en limitant les frais de dĂ©placement. Cet aspect lĂ , qui n’est pas citĂ©, n’est sans doute pas pour rien dans la mesure…


« Dans le cadre des compĂ©tences qui lui sont confiĂ©es en matière d’organisation du baccalaurĂ©at, le recteur d’acadĂ©mie sera chargĂ© de dĂ©terminer les candidats concernĂ©s, ainsi que les Ă©preuves pour lesquelles seront mises en place ces nouvelles modalitĂ©s techniques », prĂ©cise le communiquĂ© ministĂ©riel. « Il veillera Ă©galement au maintien du principe d’Ă©galitĂ© entre les candidats, et s’assurera de la qualitĂ©, de la sĂ©curitĂ© et de la confidentialitĂ© des Ă©changes ».


Les épreuves à distance très encadrées


Une note de service publiĂ©e le 1er mai dĂ©finit les circonstances et les types d’Ă©preuves qui peuvent ĂŞtre passĂ©e Ă  distance au baccalaurĂ©at. Le texte limite ces dispositif Ă  certaines catĂ©gories d’Ă©preuves  » justifiĂ©es par des circonstances particulières ».


Les circonstances qui justifient le recours aux moyens de communication audiovisuelle sont limitĂ©es. « Cette technique peut ĂŞtre dĂ©cidĂ© par le recteur d’acadĂ©mie lorsque les candidats handicapĂ©s, hospitalisĂ©s ou dĂ©tenus ne peuvent se dĂ©placer jusqu’au centre d’Ă©preuves ; lorsque l’Ă©loignement de leur rĂ©sidence rend difficile le dĂ©placement des candidats jusqu’au centre d’Ă©preuves ; lorsque l’acadĂ©mie ne compte qu’un faible nombre de candidats dans la discipline ; lorsque l’acadĂ©mie ne dispose pas d’un nombre suffisant d’examinateurs dans la discipline… L’organisation d’Ă©preuves ou de parties d’Ă©preuve par des moyens de communication audiovisuelle peut ainsi concerner la totalitĂ© des candidats ou seulement une partie d’entre eux ».


Au BO

http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=78989

Au JO

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000[…]

Et l’arrĂŞtĂ©

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000[…]

Communiqué du ministère.

http://www.education.gouv.fr/cid77605/baccalaureat-2014-de-nouvel[…]


Comment passe-t-on le bac ailleurs ?


Quelle épreuve attend les élèves à la fin de l’enseignement secondaire général en Europe ? Dans tous les pays de l’Union européenne un certificat est délivré aux étudiants qui terminent l’enseignement secondaire supérieur général et qui ont satisfait aux exigences requises.


Dans de nombreux pays, l’obtention du certificat est liée à la fois aux résultats de l’épreuve finale et au travail de la (des) dernière(s) année(s).En Espagne et en Suède, le certificat est délivré uniquement sur la base de l’évaluation continue de la (ou des) dernière(s) année(s) du secondaire. Dans la majorité des pays, l’épreuve finale est composée de deux parties, l’une écrite, l’autre orale. Mais en Grèce, à Chypre, en Lituanie, au Portugal, en Finlande, en Bulgarie, elle est exclusivement écrite. A ce niveau d’enseignement, l’épreuve écrite est très fréquemment mise au point par un organe externe à l’établissement. En Belgique, en Islande, en République tchèque et en Slovaquie, cependant, l’épreuve finale écrite est réalisée par un enseignant ou une équipe d’enseignants de l’établissement. En Autriche, le président de la commission d’examen choisit les questions à poser parmi celles rédigées par les enseignants de l’établissement. En Grèce et au Portugal, les étudiants sont soumis à deux épreuves écrites, l’une interne et l’autre externe.


Selon le pays, la note finale est attribuée soit par un jury ou par des personnes extérieures à l’établissement, soit par les enseignants de l’établissement qui décident de la note attribuée et de la délivrance du certificat. En Finlande, pour l’obtention du certificat basé sur l’épreuve externe écrite (matriculation examination), l’évaluation est d’abord menée par les enseignants puis par un organe externe, le Matriculation Examination Board. Au Luxembourg et dans la majorité des nouveaux Etats membres, les examinateurs externes attribuent la note finale en tenant compte des résultats obtenus à l’épreuve externe et du travail de l’année. Enfin, au Danemark, en Allemagne et en Norvège, le certificat mentionne à la fois les notes obtenues à l’épreuve finale (pour les matières présentées) et les résultats du travail de l’année ou des dernières années (pour les autres matières ou pour toutes les matières). Aux Pays-Bas, la note finale est la moyenne des résultats obtenus aux deux épreuves, interne et externe. En Estonie, les épreuves externes sont corrigées par les examinateurs externes. En Lettonie et en Lituanie, des examinateurs externes établissent la note pour les matières évaluées lors des examens centralisés et, pour les autres matières, les enseignants corrigent les épreuves sur la base de critères établis par un organe externe


Dans tous les pays européens, les filles sont plus nombreuses que les garçons à se voir délivrer un diplôme de l’enseignement secondaire général : le rapport moyen est de 139 diplômées pour 100 diplômés.


Plus de 76 % des jeunes europĂ©ens de 20 Ă  24 ans ont achevĂ© avec succès l’enseignement secondaire. Le pourcentage est encore plus Ă©levĂ© dans les nouveaux États membres: il reprĂ©sente 87 % de cette classe d’âge. La situation au sein de l’Europe est assez homogène. En effet, seuls trois pays enregistrent un taux infĂ©rieur Ă  60 % (Malte, Portugal et Islande) et trois pays ont un taux supĂ©rieur ou Ă©gal Ă  90 % (RĂ©publique tchèque, SlovĂ©nie et Slovaquie). Mais 35% des jeunes n’a pas un diplĂ´me suffisant pour accĂ©der Ă  l’enseignement supĂ©rieur. L’Estonie, Chypre, l’Autriche, la Finlande, la Suède et la Norvège enregistrent la proportion la plus faible. A contrario, au Luxembourg, Ă  Malte, au Portugal et en Islande, la proportion des 20-24 ans n’ayant pas le niveau de qualification requis pour intĂ©grer directement l’enseignement supĂ©rieur dĂ©passe 55 %.


François Jarraud

Sur le site du Café