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Intervenant en clôture des Journées de la refondation, le 3 mai, Manuel Valls a annoncé l’augmentation de 800 euros de l’ISAE à la rentrée 2016. Celle-ci est donc portée à la hauteur de l’ISOE accordée depuis 1989 aux enseignants du second degré. Les syndicats du primaire sont satisfaits.

« Nous refondons l’école. Mais rien ne pourra se faire sans les enseignants, qui donnent tant à leurs élèves, qui sont là pour les aider, les encourager à aller plus loin. Je sais d’expérience combien faire le choix de ce beau métier est un choix exigeant. Il l’a toujours été. Il l’est peut-être plus encore, aujourd’hui. Les professeurs, les jeunes professeurs, ces nouveaux « hussards » de la République rendent un immense service à la Nation », a déclaré Manuel Valls.

L’ISAE portée à 1200 euros dès septembre

« Pour que le travail des enseignants du premier degré soit mieux reconnu, nous avons, en 2013, mis en place une nouvelle indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves, de 400 euros par an. Et j’ai décidé d’aligner cette indemnité sur celle des enseignants du second degré – c’est-à-dire 1 200 euros par an – dès la rentrée prochaine », a annoncé le premier ministre.

300 millions d’euros

Cette revalorisation prendra la forme d’un versement de 100 euros par mois aux enseignants du primaire à partir de septembre 2016. Pour l’Etat elle représente une dépense d’environ 300 millions d’euros. Ils devront être attribués par Bercy au ministère de l’éducation nationale, celui-ci ne disposant pas dans son budget 2016 des ressources suffisantes.

Les raisons de cette revalorisation

Bien des raisons plaident en faveur de cette revalorisation. D’abord le fable niveau des salaires des professeurs des écoles par rapport au standard européen et alors que les enseignants français assument davantage d’heure sde cours. Exprimé en euros, 14 pays européens versent un salaire de débutant supérieur au salaire français. Alors que le salaire moyen annuel du professeur des écoles est de 24 724 €, on, est à 42 891 en Allemagne, 25123 en Angleterre; 27 754 en Espagne, 30 335 en Belgique, 32 225 aux Pays Bas, 48 360 en Norvège, 31 699 en Finlande, selon Eurostat. Il atteint même 70 450 € au Luxembourg.

Il y a aussi les fortes inégalités salariales entre premier et second degré alors que le niveau de diplôme est le même (master). Ainsi selon le Bilan social du ministère, le salaire moyen net d’un professeur des écoles est de 2 197 € par mois quand la moyenne des enseignants du second degré est de 2 669. L’écart est donc de près de 500 euros chaque mois.

A cela plusieurs raisons que détaille le Bilan social. La première c’est les primes : elles représentent 5% du salaire brut des professeurs des écoles contre 15% pour les enseignants du secondaire. Cela devrait changer.

Mais il y a d’autres raisons. Par exemple, la carrière : 3,7 % des professeurs des écoles atteignent la hors classe contre 19,9 % des certifiés et professeurs d’EPS (PEPS) et 22,9 % des PLP. De plus, contrairement aux professeurs des écoles, les certifiés et PEPS ainsi que les PLP peuvent avoir accès au grade de « bi-admissible » (aux rémunérations plus avantageuses qu’en classe normale) qui leur est accordé lorsqu’ils ont été admissibles à deux sessions du concours d’agrégation.

Les syndicats (presque tous) satisfaits

La décision a été saluée par les syndicats. Pour le Snuipp, Sébastien Sihr nous a dit être « très satisfait de cette annonce qui rattrape une injustice vieille de 25 ans. C’est le scénario qu’on avait demandé. On a été entendu et on est vraiment satisfait ». Le Snuipp demande une refonte des grilles de salaires pour tous les enseignants à l’horizon 2017, dans le cadre des discussions ouvertes avec le gouvernement. Il demande aussi que cette prime soit versée à tous les professeurs des écoles (segpa, animateurs tice, référents, coordonnateurs rep, conseillers pédagogiques, etc.).

Même contentement et mêmes demandes du coté du Se-Unsa dont le secrétaire général, Christian Chevalier, nous a confié sa satisfaction pour une mesure de justice. Le Sgen voit lui aussi dans cette décision « une mesure de justice sociale ».  » Il n’est pas normal que les professeurs des écoles et leur collègues du secondaire, recrutés au même niveau de diplôme, contribuant également à la réussite du service public d’éducation, ne bénéficient pas de la même rémunération », dit le Sgen.

La mesure satisfait les syndicats enseignants du primaire. En attribuant la revalorisation de l’ISAE, M Valls a reconnu une revendication des enseignants du primaire. Il a aussi isolé un peu plus les organisations hostiles aux réformes. Le 3 mai, le Snes Fsu, le Snuep et le Snep publient un communiqué jugeant « pathétiques » les Journées de la Refondation. Un avis qui n’est probablement pas partagé par le Snuipp Fsu…

L’école pour inventer un nouveau patriotisme ?

Pour M Valls, cette gratification tient aussi à la place de l’Ecole dans la « mobilisation pour les valeurs de la république ». « La première valeur que l’Ecole doit transmettre à ses élèves, c’est la laïcité », dit-il. « La grande mobilisation de l’Ecole pour les valeurs de la République rappelle que chaque élève doit apprendre le respect de soi et des autres, le respect de l’égalité entre les femmes et les hommes, le respect de l’autorité, c’est-à-dire le respect des règles, de ceux qui l’incarnent au quotidien : les enseignants, les parents. Nous avons voulu que le règlement intérieur des établissements, qui instaure un cadre clair, soit systématiquement expliqué aux élèves et signé par les parents… Promouvoir la République, réinventer la Nation,… inventer un nouveau patriotisme, ce n’est possible que grâce à l’école et aux enseignants. « 

F Jarraud

Les enseignants ont-ils raison de faire greve pour leur salaire

Les inégalités salariales

Relèvement du taux de promotion des professeurs des écoles

Un arrêté publié au Journal officiel du 15 mai augmente pour la 4ème année consécutive le taux de promotion à la hors classe des professeurs des écoles. Le taux de 3% en 2013 est passé à 4% en 2014 et 4.5% en 2015. En 2016 il monte à 5%. Il s’agit pour les enseignants du primaire d’atteindre la parité avec ceux du secondaire (7%).

Arrêté