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Première des annonces budgétaires du gouvernement, le 25 septembre, le Grand plan d’investissement du quinquennat veut « transformer le pays » et « assurer une croissance durable ». Il mobilisera 57 milliards. Une partie s’attaque à la formation de la population active. C’est par ce biais que l’Education nationale pourrait bénéficier d’une petite partie du pactole.

Répondre au déficit de formation de la main d’œuvre

C’est la première des annonce budgétaires du gouvernement. L e25 septembre Edouard Philippe a annoncé un « grand plan d’investissement 2018-2022 » et confié sa réalisation à Jean Pisani Ferry.

« Le Grand Plan d’Investissement est une composante essentielle de la transformation du pays que nous voulons mener. Le Gouvernement s’engage dans un plan d’investissement public résolument ambitieux afin d’assurer une croissance durable et inclusive pour accompagner les réformes qui libéreront les initiatives », explique Edouard Philippe.

En fait le Grand plan se structure autour de 2 pôles. Le principal c’est améliorer la compétitivité économique et pour cela prendre à bras le corps la formation des salariés. Un vrai problème si on en croit l’enquête PIAAC de l’OCDE qui a classé en 2013 les adultes français en bas du tableau en ce qui concerne la numératie et la littératie à peine au dessus des Espagnols et des Italiens.

Le second objectif c’est « la transition écologique » qui compte là aussi un versant économique important. Autrement dit ce « grand plan d’investissement » a essentiellement une finalité économique , y compris des gains de productivité pour les services publics. En ce sens il se distingue peu des autres grands plans qui se sont succédés depuis le rapport Rocard portés par la même techno structure. Il reprend d’ailleurs à son compte la phase 3 des Programmes d’investissement d’avenir du gouvernement précédent.

« Notre système éducatif est performant pour un petit nombre d’élèves »

Quelle place pour l’Education ? Le programme prévoit 15 milliards pour « édifier une société de compétences ». Il s’agit de former un million de chômeurs de plus de 25 ans avec des formations « qualifiantes à l’écoute des besoins des personnes et des recruteurs » et « un million de jeunes décrocheurs ».

La lutte contre le décrochage est une des politiques réussies du gouvernement précédent qui a réussi à faire passer le nombre de décrocheurs de 140 000 à 90 000 par an, un taux inférieur à celui de nos voisins. Cela s’est fait grâce à un arsenal de mesures où l’Education nationale a une bonne place.

Ces efforts semblent méconnus du gouvernement qui résume la situation en une phrase que le Medef apprécie probablement : « notre système éducatif est performant pour un petit nombre d’élèves ». On verra si le nouveau gouvernement fait mieux…

Que propose le plan à l’éducation nationale ?

Le Grand plan est encore présenté dans de trop grandes lignes pour estimer la part de l’éducation nationale. « Le Grand Plan d’Investissement financera des expérimentations dans l’éducation nationale et accompagnera les transformations du premier cycle universitaire, afin d’améliorer la formation initiale des jeunes, leur orientation au lycée comme à l’université et leur insertion professionnelle », annonce le gouvernement.

Un exemple est donné : « promouvoir les expérimentations en faveur de la formation des maîtres et des professeurs ». « Le Grand Plan d’Investissement sera mobilisé pour financer des expérimentations innovantes en faveur de la formation des maîtres et des professeurs, sur une logique d’appel à projet, propice à promouvoir l’excellence et à faire émerger de nouvelles solutions. La formation des professeurs est un des déterminants fondamentaux de la réussite des élèves, notamment de ceux les plus en difficulté… Il importe donc que les institutions universitaires où se forment les enseignants de demain deviennent, dans leurs domaines, des pôles de recherche sur des pratiques pédagogiques nouvelles. Dans cet esprit, une série d’écoles supérieures du professorat et de l’éducation (ESPE) seront sélectionnées par appel à projet sur le quinquennat pour inventer de nouveaux modèles. La sélection portera sur les projets de recherche, d’innovation pédagogique et de partenariats internationaux portés par ces établissements. Les ESPE lauréates bénéficieront d’une dotation leur permettant de mettre en oeuvre ces projets. Cette initiative bénéficiera d’une enveloppe initiale de 35 millions d’euros ». Une somme très modeste par rapport au soutien à l’innovation dans les entreprises par exemple (5 milliards).

Quel financement ?

Un plus grand flou encore entoure le financement du plan. 12 milliards seront prélevés sur le budget existant des ministères. 11 milliards seraient empruntés par l’Etat notamment auprès de la Caisse des dépôts. L’essentiel sera donc prélevé sous forme d’impots nouveaux.

F Jarraud

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