Print Friendly, PDF & Email

Depuis 1991 et l’assouplissement des horaires de l’école primaire, le dispositif de la semaine de 4 jours a été progressivement étendu dans toute la France puis unifié en 2008 par Xavier Darcos, ministre de l’éducation nationale. Dès lors, ce qui n’était auparavant qu’une liberté accordée aux académies est devenu la règle et a provoqué la disparition de toute politique nationale d’aménagement des rythmes à l’école.

Et pourtant, depuis les années 1990, les chronobiologistes dénoncent l’abandon du samedi matin et condamnent la semaine de 4 jours. En janvier 2010, un rapport de l’Académie de médecine mettait en cause ce rythme : « l’enfant est désynchronisé les deux premiers jours de la semaine et a des journées trop chargées ».

En 2010, le ministre de l’éducation nationale Luc Chatel écrit dans une circulaire que « l’organisation de la semaine scolaire en neuf demi-journées (en incluant le mercredi matin) est encouragée ». Depuis plus de 20 ans, les experts préconisent de revenir sur cette exception française néfaste pour les élèves.

Dans la loi de Refondation de l’école, Vincent Peillon a tiré les conséquences de ce constat d’échec de la semaine de quatre jours et décidé de revenir à la semaine de neuf demi-journées en rallongeant la coupure méridienne avec des activités périscolaires organisées par les communes (ou les communautés) et cofinancées par l’Etat.

Depuis les rentrées 2013 et 2014, la semaine de quatre jours et demi est la règle pour nos écoles, les autres régimes devant faire l’objet de dérogations académiques.

Suite à l’élection du Président Macron et en conséquence de ses promesses électorales clientélistes, en septembre 2017, plus de 43 % des communes ont choisi de revenir à la semaine de quatre jours et 40 % de celles restantes l’envisagent pour 2018 d’après une enquête de l’Association des maires de France. Ainsi, à la rentrée 2018, seul un petit quart des écoles de notre pays fonctionneraient suivant la règle alors que 75 % d’entre elles seraient en dérogation ! Et parmi ces dérogations, plus d’une centaine de régimes différents !

Dans ces conditions, peut-on toujours parler « d’Education Nationale » dans notre pays?

Quelles sont les raisons qui ont conduit à une telle situation ?

Aujourd’hui, l’école publique est soumise à des tiraillements multiples causés par des intérêts parfois divergents, parfois complices, mais dont l’élève est toujours l’oublié.

Les enseignants, les parents d’élèves et les collectivités défendent tous leur point de vue en prétendant défendre l’intérêt des enfants. Et pourtant, le confort professionnel, la facilité de partir en vacances pour les plus aisés, le coût budgétaire ou la complexité d’organisation des activités scolaires ou périscolaires, les transports scolaires, l’emportent presque toujours pour aller vers la solution de facilité : la semaine de quatre jours.

Les résultats de nos élèves aux tests internationaux ne sont pas satisfaisants et depuis plus de vingt ans l’école est ballotée dans les réformes successives. Nous le savons, à l’école les élèves ont besoin de temps favorables aux apprentissages. Cinq vraies matinées de classe pendant 36 semaines d’école sont plus profitables que toutes les inventions qui essaient de donner satisfaction aux divers groupes de pression mais qui pénalisent toujours ceux qui ont le plus besoin de l’école pour s’en sortir.

Il faut faire appliquer la loi et exiger une répartition hebdomadaire des cours sur neuf demi-journées dans toutes les écoles de France.

Au nom de l’égalité et de l’efficacité, l’Education Nationale doit reprendre le pouvoir à l’Ecole.

Jacques-Bernard Magner

Sénateur du Puy-de-Dôme

Vice-Président de la commission Culture, Education et Communication

Membre du Conseil Supérieur des Programmes