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Rien ne se passe comme prévu dans ce dossier de la réforme du bac. Après des choix ministériels qui revenaient assez largement sur le rapport Mathiot, le ministre a présenté le 14 février sa réforme du bac dressant les contours d’un diplôme qui resterait national. Or au final, les projets de décret et d’arrêtés publiés le 12 mars atténuent fortement la dimension nationale de l’examen. Ils vont même jusqu’à remettre le choix de la note finale en contrôle continu au seul chef d’établissement, qui n’envisage pourtant pas de corriger les copies… Est-ce pour cacher tout cela que le ministère a envoyé au dernier moment les projets de textes aux syndicats ? Résultat des syndicats sont furieux de ces manoeuvres. Le Conseil supérieur de l’éducation prévu le 12 mars n’a pas pu se tenir faute de quorum. Le nouveau bac est déjà marqué par le vieux monde…

Les épreuves terminales

Le nouveau bac tient dans un projet de décret et 4 projets d’arrêtés qui auraient du être étudiés le 12 mars.

Le projet de décret sur les bacs généraux et technologiques distingue les épreuves terminales, français, philosophie, deux spécialités et le grand oral, des épreuves au controle continu et du rattrapage.

Pour les épreuves terminales, un arrêté fixe les coefficients et la durée des différentes épreuves du bac général et des séries technologiques. Les épreuves de français sont coefficientées 10, la philosophie 8, les grand oral 10 et chaque épreuve de spécialité 16. Ce sont les mêmes coefficients pour les séries technologiques. A noter que le grand oral n’a pas la même composition au bac général et au bac technologique : dans ce dernier cas une partie de l’oral doit être dans la première langue vivante du candidat.

Un rattrapage un peu piégé

Pour l’épreuve de rattrapage, les élèves auront le choix entre l’examen du livret scolaire ou une épreuve de controle portant sur une des disciplines ayant fait l’objet d’épreuves obligatoires du premier groupe, anticipées ou non. C’est un net allègement de cette épreuve mais l’examen du livret scolaire pourrait être redoutable pour les candidats.

Un controle continu soumis au chef d’établissement

Ce qui pose problème c’est d’abord le controle continu. Un arrêté complète le décret sur l’organisation du bac. L’épreuve de controle continu porte sur le français, la philosophie, l’histoire geo, l’EMC, les deux langues, les humanités scientifiques et numériques, l’EPS (évaluée en CCF), et des enseignements de spécialité (3 en 1ère et 2 en terminale).

On apprend que les sujets des épreuves au contrôle continu doivent être choisis dans une banque de sujets numérique nationale, ce qui va dans le sens d’un diplôme national. La note de controle continu, qui compte pour 40% de l’épreuve, « est fixée en tenant compte des notes obtenues aux épreuves communes de contrôle continu, pour une part de trente pour cent (30%) ; de la prise en compte, pour une part de dix pour cent (10%), de l’évaluation chiffrée annuelle des résultats de l’élève au cours du cycle terminal, attribuée par les professeurs et renseignée dans le livret scolaire ». Il y a trois épreuves de controle continu fixées pour deux d’entre elles en 1èere et la dernière en terminale.

L’organisation du controle continue va largement dépendre du chef d’établissement. Il est obligatoirement associé à toutes les décisions. « L’organisation des épreuves communes de contrôle continu relève de chaque établissement scolaire, qui en détermine les modalités d’organisation, y compris pour les épreuves de remplacement. Les sujets sont délivrés par la banque nationale numérique de sujets. Dans les établissements publics locaux d’enseignement, pour chaque session d’examen, le conseil pédagogique de l’établissement ou le chef d’établissement en concertation avec les professeurs est consulté sur le protocole d’anonymisation et de correction des copies ».

Mais ce qui est le plus surprenant c’est que , selon l’article 8 de l’arrêté, si les professeurs vont bien corriger les copies c’ets le seul chef d’établissement qui arrêtera la note de controle continu. « A partir des notes des trois séries d’épreuves communes et de l’évaluation chiffrée des résultats au cours du cycle terminal, le chef d’établissement fait une proposition de note globale de contrôle continu, pour chaque élève et pour chaque enseignement concerné, qui ne devient définitive qu’après la délibération du jury de l’examen du baccalauréat ». Cette disposition, qui a une utilité technique de centralisation, sera probablement négativement ressentie par les enseignants. Et il est vrai qu’elle ouvre la porte à toutes les manipulations liées aux politiques d’établissement dans un système éducatif d eplus en plus concurrentiel.

Des bacs plus généraux

Une seconde critique n’échappera pas aux enseignants. Entre l’ancien et le nouveau bac les coefficients ont changé. Dans le bac général actuel, les disciplines propres à la série comptent pour la moitié des coefficients. Par exemple dans le bac S, qu’on a pourtant présenté comme pas assez scientifique, les épreuves de sciences sont coefficientées 21 sur un total de 42. Dans le futur bac les sciences ne compteront plus que pour un tiers du bac ((32/100). Dans le bac technologique STMG, de la même façon, on passe de la moitié (22/42) à un tiers (32/100).

Le nouveau bac sera donc nettement moins spécialisé et plus général que l’actuel. Cela aura un impact sur les bacheliers technologiques qui voient leur bac devenir moins professionnel et qui ne pourront plus compter sur les grosses épreuves technologiques pour rattraper une éventuelle mauvaise note dans les disciplines générales. Dans ces séries technologiques ce la se cumulera avec la difficile épreuve orale.

Le Snes a réagi à la présentation de ces projets de textes en dénonçant « un projet de réforme qui renvoie l’organisation des épreuves du baccalauréat au local et qui, contrairement à toute logique, prive les enseignants de la maîtrise de l’évaluation de ces épreuves; qui soumet les lycéens à une évaluation permanente au mépris de la qualité des apprentissages; qui consacre la réduction de l’offre de formation tant dans la voie générale que dans les séries technologiques ». Le syndicat demande « le retrait de ces textes… et l’ouverture de concertations pour une remise à plat totale du projet de réforme ».

François Jarraud

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