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Après l’annonce, lors du Conseil des ministres du 12 juin, que le gouvernement instaurera la paye au mérite pour ses fonctionnaires, les choses s’accélèrent. Le 20 juin, le Café indiquait que la prime de 3000 € des Rep+ faisait partie de la négociation. Le 29 juin le gouvernement a précisé sa méthode. Dans un article du 30 juin, Les Echos apportent un nouvel éclairage. Si la prime de 3000€ est bien versée à partir de septembre , ce pourrait être en fonction des résultats des élèves ou de la participation au projet d’établissement.

Une volonté affirmée le 12 juin

Le 12 juin, en Conseil des ministres, le gouvernement a acté « la refonte de la rémunération des agents publics, avec une remise à plat complète des modalités de rémunération des agents publics et la généralisation de la rémunération au mérite au niveau collectif et individuel ».

En réunion de travail avec les syndicats, le 28 juin, le gouvernement précise la méthode. Il veut « modifier la structure des rémunérations en donnant plus de poids aux indemnités et moins au traitement indiciaire, reconnaitre plus le « mérite » comme levier de gestion des ressources humaines ». Le salaire fixe serait plus faible et le supérieur hiérarchique du fonctionnaire, le chef d’établissement par exemple, déciderait du montant de la prime versée à chaque fonctionnaire.

Rupture complète avec les règles

Cette rupture complète avec les règles de la Fonction publique sont confirmées par le ministère de l’éducation nationale si on ne croit un article des Echos du 30 juin. « Qu’en est-il de l’idée d’un versement automatique des 3.000 euros sans condition ? « Au final de la négociation, on arrivera peut-être à ce scénario, mais ce n’est clairement pas la direction que le ministre a donnée dans ses différents propos relatifs à cette prime », glisse-t-on dans l’entourage de Jean-Michel Blanquer », écrit MC Corbier.

Selon elle, la prime de 3000€ promise aux professeurs des Rep+ par E Macron lors de sa campagne électorale, pourrait être versée dès septembre 2018. Mais son versement serait  » conditionné à la réalisation d’un projet d’équipe ou d’établissement – qui seraient évalués – voire aux résultats des élèves ».

Cette individualisation du salaire pourrait ensuite être généralisée en application des décisions du gouvernement.

Est ce efficace ?

La paye au mérite est-elle efficace ? Là où elle est testée elle n’a pas fait ses preuves.  » Il n’est pas aisé de mettre à jour l’ensemble des facteurs à l’origine de cet « effet-enseignant », celui-ci relève d’une alchimie complexe entre les compétences de l’enseignant, les caractéristiques du public d’élèves et les démarches et méthodes pédagogiques mises en œuvre. Dans une logique d’évaluation par les résultats, le principe d’une évaluation au mérite peut certes paraître attractif pour les décideurs mais il soulève plusieurs interrogations et ne semble pas atteindre les objectifs escomptés quand on analyse les effets de cette mesure dans le cadre de certaines expériences étrangères, aux Etats-Unis notamment. Même dans le cas d’un bonus substantiel accordé aux enseignants qui affichaient initialement la valeur ajoutée la plus élevée (en tenant donc compte du niveau initial des élèves), les enseignants les plus «méritants» n’ont pas fait davantage progresser les élèves », nous a dit en 2013 Bruno Suchaut, actuel membre du Conseil scientifique de l’éducation. Aux Etats Unis les tentatives de baser la rémunération sur les résultats des évaluations ont échoué. En Suède, la liberté la plus grande laissée aux chefs d’établissement a mené à un échec retentissant.

F Jarraud

Article des Echos

Notre article du 13 juin

Celui du 20 juin

Et celui du 29 juin

En février

Peut on évaluer le mérite d’un enseignant ?

Paye au mérite selon A Chaptal

L’échec de la réforme suédoise