Les jeunes enfants sont-ils des surdoués pour les langues ? Le 13 mars, la conférence d’Anne-Marie Voise (université Paris-Est Créteil) a marqué la conférence de consensus du Cnesco sur les langues par ses révélations sur l’apprentissage des langues à l’école primaire. Elle donne des indications pratiques pour exploiter les compétences des jeunes enfants. Sa conférence était aussi mise en valeur par d’autres interventions montrant les apports des sciences cognitives sur l’apprentissage du lexique et de la compréhension orale. Mais l’école est-elle réellement en mesure d’en tirer pleinement parti ?
Profiter de la plasticité phonologique des jeunes enfants
L’approche d’Anne Marie Voise est phonologique. Elle montre que les enfants sont particulièrement doués pour acquérir la musique et les accents d’une langue de 4 à 8 ans du fait d’une grande plasticité auditive et phonatoire et d’une grande capacité imitative. Après 8 ans, cette fenêtre se ferme et les acquisitions doivent être beaucoup plus volontaires.
AM Voise propose trois types d’approche pour l’apprentissage de la prononciation. D’abord elle propose de faire apprendre la musique de la langue dès la maternelle. Cela peut passer par l’apprentissage de comptines rythmées où la modulation de la langue est appuyée. Elle propose aussi de faire réfléchir les enfants sur les systèmes phonologiques du français et de la langue étrangère. Et enfin, de 8 à 11 ans de travailler le rapport entre graphie et phonie.
Comment apprendre du lexique ?
Cette conférence venait après plusieurs travaux qui avaient pointé les capacités d’apprentissage des enfants. Ainsi Heather Hilton avait fait le point sur l’apprentissage du lexique. Elle montre qu’il y a un fort lien entre les capacités lexicales et la compréhension. Une grande partie du lexique correspond d’ailleurs à des formules « préfabriquées » qui reviennent régulièrement. Les enfants les mots apprennent par des apprentissages explicites : par exemple une maman qui pointe un objet quand son enfant en parle et aussi par des apprentissages implicites (par exemple les formules préfabriquées). Il faut associer au moins 20 fois un mot et un objet pour que le mot soit mémorisé.
Elle montre aussi que les manuels scolaires utilisent beaucoup trop de mots. Il faut se fixer un objectif d’apprentissage de 8000 mots pour un niveau B2. Il faudrait donc utiliser que les 8000 mots les plus courants dans un programme structuré. Or les manuels comportent 20 000 mots et des mots basiques n’y sont pas.
Pour un apprentissage explicite du vocabulaire H Hilton recommande des mémo cartes (cartes associant un mot et une image). Pour elle c’est la technique optimale à condition de prononcer le mot en regardant la carte. Le support numérique est particulièrement adapté. La troisième proposition d’apprentissage c’est le rodage implicite : la rencontre répétée avec le mot en contexte. Une 4ème technique repose sur des activités métalinguistiques : classer, trier les mots par exemple. Pour H Hilton, « le cerveau humain est un aspirateur à mots ».
Comment améliorer la compréhension orale ?
C’est aussi en se basant sur les sciences cognitives que Stéphanie Roussel (université de Bordeaux) a présenté des entraînements pour améliorer la compréhension orale. Son intervention se base sur la théorie de la charge cognitive : il faut l’alléger au maximum pour permettre la compréhension. Ses travaux ont montré par exemple l’efficacité du baladeur pour travailler la compréhension orale. Le fait que l’élève puisse écouter puis revenir sur un document oral ou décomposer le document oral améliore le taux de compréhension.
Elle recommande aussi , sur la base de ses expérimentations, de faire appel à des processus de bas niveau pou r les élèves faibles. Par exemple leur demander de compter le nombre de mots qu’ils entendent , de les retrouver dans une liste, de repérer les verbes, toutes activités qui allègent la mémoire de travail et constituent une étape positive vers la compréhension orale.
L’École peut-elle s’adapter ces résultats des recherches ? L’apprentissage des langues vivantes monte en puissance dans le système éducatif au fil de la scolarité alors que la période la plus facile est à l’école primaire. Par exemple le Québec mise beaucoup sur un apprentissage intégré de l’anglais et sur un apprentissage intensif au primaire. Dans le second degré l’horaire diminue et on fait surtout de l’entretien. La langue maternelle de l’enfant est aussi reconnue à l’école et considérée comme un appui.
La conférence de consensus revient le 14 mars sur l’enseignement des langues avant de rendre des recommandations le 11 avril.
François Jarraud
La conférence de consensus sur les langues vivantes
Sur le Québec
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/11/27112015Article635841946593550892.aspx
Sur le Québec
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2015/11/27112015Article635841946589962823.aspx
Conférence du Cnesco sur les langues vivantes : Que sait-on du niveau des jeunes français ?
Selon une étude de Pascale Manoïlov (Depp – Paris Nanterre), dévoilée lors de la conférence de consensus du Cnesco Ifé sur les langues vivantes, le niveau en langues vivantes des lycéens est marqué par les inégalités sociales et de genre. Il est aussi en dessous des standards internationaux même si bien des facteurs rendent la comparaison difficile. C’est un des apports d’une conférence qui pourrait être la dernière du Cnesco.
Lisez l’article…
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/03/14032019Article636881436103377362.aspx
Cnesco : Comment former les enseignants aux langues vivantes ?
Moment fort de la conférence de consensus organisée par le Cnesco et l’Ifé les 13 et 14 mars sur l’enseignement des langues, la question de la formation des enseignants a été traitée par Cédric Sarré (Sorbonne Université) pour le second degré et Séverine Behra (Université de Lorraine) pour le premier degré. Si les conditions d’exercice et de formation diffèrent radicalement entre les degrés, un pont commun se dégage pour la formation : la nécessité d’une formation réflexive et donc d’une capacité critique y compris à propos du CECRL.
Lisez l’article…
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/03/15032019Article636882324105118355.aspx
Cnesco : Quels usages du numérique pour l’enseignement des langues ?
À quelles conditions le numérique peut-il être utile pour l’enseignement des langues ? Loin de l’idée de trouver dans le numérique la solution miracle aux difficultés de l’enseignement des langues, Elke Nissen (université de Grenoble) a posé les conditions d’une utilisation profitable du numérique lors de la conférence de consensus sur l’enseignement des langues organisée par le Cnesco et l’Ifé le 14 mars.
Lisez l’article…
http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2019/03/15032019Article636882324039179037.aspx