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L’image d’un budget à peu près équilibré, telle qu’elle a été présentée par le ministère le 27 septembre ne résiste pas à l’analyse des « bleus budgétaires ». Sur le terrain il manquera beaucoup plus d’emplois qu’annoncé. Le bilan réel devrait être de 1 315 emplois d’enseignants en plus dans le premier degré et 2108 en moins dans le second.

ETP et ETPT

En annonçant 440 postes de professeurs ouverts dans le premier degré en 2020 et 440 supprimés dans le second, le ministère a donné une vision correcte et classique mais aussi la plus favorable de l’évolution des emplois.

La publication des « bleus budgétaires », des documents destinés au parlement élaborés dans le cadre de la loi de finances 2020, permet de nuancer cette vision. En effet, à cote du tableau de l’évolution des emplois en équivalent temps plein (ETP), les « bleus » publient également les plafonds d’emploi en ETPT : équivalent temps plein travaillé. Et il les détaille par niveau d’enseignement.

L’ETPT est une autre façon de compter les emplois en tenant compte de leur présence réelle sur le terrain. L’ETPT mesure l’activité des agents sur une année. Il permet de tenir compte des emplois à temps partiel par exemple qui comptent pour moins d’un ETPT au prorata de leur temps d’exercice. Ce mode de calcul donne donc une vision plus exacte du nombre d’agents, d’enseignants par exemple, présents sur le terrain, dans les classes par exemple.

2108 ETPT en moins dans le second degré

Pour le budget 2020, on constate que le plafond d’emplois dans le premier degré augmentera de 1315 ETPT. Dans le second degré, il devrait diminuer de 2108 ETPT. Rappelons qu’il y aura plus de 30 000 élèves en plus dans le 2d degré qui nécessiteraient environ 1400 postes d’enseignants supplémentaire.

Dans le premier degré on devrait compter 119 ETPT supplémentaires en maternelle et 294 en élémentaire. Dans le second degré ce sont 1867 ETPT en moins au collège, 1089 en lycée et 685 dans l’enseignement professionnel.

Le « bleu budgétaire » détaille aussi l’évolution des crédits par niveau. Dans le premier degré , la loi de finances prévoit531 millions supplémentaires en dépense de personnel, soit 88 millions pour des emplois supplémentaires, 194 au titre du PPCR et 216 pour l’avancement (le GVT). Dans le second degré, 471 millions sont prévus en dépenses de personnel supplémentaires. Le ministère récupère 106 millions du fait des suppressions de postes mais prévoir 214 millions au titre du PPCR et 220 millions pour le glissement vieillesse technicité (GVT).

La formation sacrifiée

Alors que le ministère initie une réforme de la formation des enseignants et communique beaucoup sur les pratiques « scientifiques » qu’il veut impulser dans l’enseignement, force est de constater que la formation est le secteur le plus touché par le budget. Les crédits de formation stagnent dans le second degré et diminuent dans le premier (-3.45%) comme si les guides oranges, rouges ou bleus du ministère pouvaient remplacer la formation. Dans le premier degré ce sont 670 ETPT affectés à la formation qui disparaissent. Dans le second 267.

Par contre tout ce qui est pilotage augmente. En terme de crédits : +2.2% dans le premier degré et +2.4% dans le second. 115 ETPT en plus dans le premier mais 169 de moins dans le second.

Ce qu’annoncent ces prévisions en ETPT c’est que l’effet ressenti dans les classes de la gestion ministérielle devrait être plus important que ce qu’annonçait la simple gestion des postes.

F Jarraud

Les bleus budgétaires

La présentation du budget en septembre