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 » Ce sont des conditions sine qua non à la reprise. » Dans une rare unanimité, les syndicats (sauf FO), la Fcpe et les mouvements lycéens mettent par écrit les conditions d’une réouverture des écoles, collèges et lycées le 11 mai. Leurs exigences portent sur la sécurité sanitaire des personnels et des élèves. Les premières déclarations d’E. Philippe et JM Blanquer donnent à penser qu’elles pourraient être respectées. Mais, là où la reprise a actuellement lieu, il en va autrement…

Des conditions sine qua non…

Onze organisations représentant les différents acteurs de la communauté éducative, à l’exception des collectivités locales, ont envoyé le 17 octobre une lettre commune à JM Blanquer où ils inscrivent leurs exigences pour la réouverture des écoles, collèges et lycées le 11 mai. Ont signé cette lettre la Cgt, la Faen, la Fsu, le Sgen Cfdt, le Snalc, Sud, l’Unsa éducation, la Fcpe, la Fidl, le Mnl et l’Unl.

 » Tout le monde souhaiterait pouvoir reprendre l’école et sortir d’une situation où l’ensemble des élèves subissent les conséquences de la crise et où les inégalités scolaires se creusent. Mais les conditions seront elles réunies à compter du 11 mai ? », demandent-ils. Manifestant « leur grande inquiétude », ils demandent  » à ce que les préconisations sanitaires pour la protection optimale de toutes et tous soient strictement respectées. Ce sont des conditions sine qua non à la reprise ».

Parmi celles-ci, et conformément au vœu émis par le CHSCT ministériel le 3 avril, il y a  » la mise en place d’une politique massive de tests qui devra correspondre aux préconisations du conseil scientifique et de l’OMS ». Les organisations demandent  » la fourniture des matériels de protection (gel hydroalcoolique, gants et masques chirurgicaux ou FFP2) en quantité suffisante pour les agent.es et les élèves adaptés à la situation de travail de chacun » et la désinfection des locaux scolaires. Elles demandent aussi  » des garanties concernant la limitation des effectifs par groupes dès le retour des élèves (retour qui ne peut être simultané de celui des adultes), pour permettre la distanciation sociale exigée par ailleurs, et ce pour l’ensemble des niveaux et tous les lieux fréquentés par les élèves et personnels (cantine scolaire, internats, couloirs etc.) ». Enfin les personnels fragiles doivent bénéficier « de mesures d’éloignement du travail » tout comme les élèves « dont la santé le nécessite » ou « dont les parents souffrent de grandes pathologies ».

Des portes de sortie pour le gouvernement

Si les organisations parlent de « conditions sine qua non », leur rédaction ouvre des portes de sortie au gouvernement. Par exemple sur les tests, avec la référence au conseil scientifique, un organisme ad hoc réuni par l’Elysée (en lieu et place du Haut Conseil de la Santé Publique). Ou encore sur les masques avec une formulation qui aurait pu être plus précise. Il n’en reste pas moins que la quasi totalité des syndicats a réussi à se mettre d’accord pour obtenir des garanties sanitaires.

Par comparaison, les exigences du Snuipp Fsu étaient plus précises. Le syndicat du premier degré demande qu’on propose à tous les personnels un teste de dépistage et la mise à disposition de masques « en quantité suffisante » ainsi qu’ne organisation des classes faite en lien avec le CHSCT par les équipes. Le syndicat demande également de  » Limiter drastiquement le nombre d’élèves accueilli-es en même temps dans l’école afin que les règles de distanciation sociales puissent être respectées dans la classe et dans tous les lieux de vie de l’école. (préaux, cantine, garderie, transports en commun…) ».

Les déclarations d’E Philippe et JM Blanquer

Après le ministre, Edouard Philippe est allé dans le sens de la sécurité sanitaire dans son intervention du 19 avril.  » Les écoles n’ouvriront pas partout le 11 mai, et pas dans les conditions antérieures au confinement », a-t-il déclaré, évoquant comme des hypothèses des réouvertures par territoire (en premier là où le virus est moins présent) ou par « moitié de classe ».  » On peut imaginer des hypothèses où des moitiés de classes rentreraient à partir du 11 mai et, une semaine sur deux, pourraient avoir le lien physique et intellectuel avec le professeur pour ensuite alterner avec l’autre moitié de la classe », a-t-il dit.

JM Blanquer s’est exprimé longuement sur cette question lors d’un échange avec les membres du Conseil national de la vie lycéenne le 17 avril dont le compte rendu a fuité. Il a promis une reprise « en groupes avec des salles restructurées en conséquence… On peut imaginer que l’on peut favoriser les demi-groupes (10 à 20 par classe par exemple) avec moitié des cours en présentiel et l’autre moitié en visioconférence avec une priorité soit envers les classes à examen ou à l’attention des élèves en difficulté pour le présentiel… Ce seront des petits groupes et il est fort possible que certains groupes soient la moitié du temps dans un coin de l’établissement en autonomie, soit à travailler chez eux (ressources numériques) ».

Le ministre est aussi revenu sur la question de l’obligation scolaire. « Il y aura probablement une période de transition durant laquelle pendant quelques semaines (mai) le retour à l’école pourra se faire sur la base du volontariat. Pour les classes à examen, sans doute un retour en premier des terminales qui mêleraient visioconférence et cours en présentiel… Les premières semaines, après le 11 Mai, serait peut-être sur la base du volontariat et cela laisserait donc libre choix à chacun de venir ou pas pendant les premières semaines ». Le 15 avril il avait rappelé que l’école est obligatoire…

Enfin il a précisé que à la rentrée,  » les enseignants feront une mise au point avec les élèves sur là où ils en sont, les difficultés rencontrées durant la période de confinement… Des documents seront faits pour cadrer cet exercice. Et dans la même occasion, il faudra se projeter pour septembre. Des outils vont être mis en place mais pas encore défini pour le moment ».

JM BLanquer ne s’est pas exprimé sur les tests et les masques lors de cette visioconférence. S’il semble acquis à une forte progressivité et à la réduction des effectifs, force est de constater que ça ne se passe pas comme ça là où la réouverture a déjà lieu.

Une période de transition courte en Nouvelle Calédonie et Polynésie

C’est le cas dans deux territoires qui ont un statut particulier, la Nouvelle Calédonie et la Polynésie. En Polynésie, selon Tahiti Infos, la réouverture des écoles et établissements va se faire du 20 au 27 avril « pour qu’une majeure partie des élèves puisse être accueillie le lundi 17 avril ». Les établissements « devront prévoir des mesures de protection ». En Nouvelle Calédonie, la rentrée a lieu le 20 avril dans la province sud avec la prérentrée des enseignants. Chaque classe sera divisée en 2 groupes (sauf pour les classes qui sont déjà à effectif réduit) un groupe ayant cours pendant que l’autre est en travail à la maison. Du 22 au 24 avril seul le groupe 1 rentre, puis du 27 au 30 avril seul le groupe 2. Au-delà rien n’indique que le calendrier reste spécial. En zone nord la rentrée aura lieu le 4 mai.

Si les exigences des syndicats sont assez claires, les annonces gouvernementales restent floues et l’application sur le terrain donne à penser que la reprise normale intervient rapidement. C’est que la reprise n’est pas motivée par une diminution du risque sanitaire. Le gouvernement est pressé de remettre le pays au travail. Et très vite il faudra que les jeunes soient à l’école pour libérer les parents.

François Jarraud

Lettre intersyndicale

Snuipp

Tahiti Infos

Vice rectorat de Nouvelle Calédonie

Le discours du 1er ministre

La visioconférence du CNVL