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“Le premier ministre annonce un plan dans 15 jours et, 2 jours seulement après, le ministre de l’éducation nationale pose des décisions. C’est éreintant pour la profession qui a besoin d’être cohérente avec les familles”. Stéphane Crochet, secrétaire général du Se-Unsa est en colère. Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu, également. Le forcing ministériel le 21 avril pour annoncer des décisions dans les médias en ignorant les syndicats irrite de nombreuses organisations. Alors que le ministre évoque l’unité nationale devant les députés il se garde bien de s’appliquer à lui-même ce beau principe.

Des propos “imprudents” pour le Snes

“Je suis irritée de la méthode”, nous a confié Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes Fsu. “On a eu une audition où le ministre n’a rien dit. Et là il s’exprime de façon précise. Il affirme que les conditions sont réunies juste avant la réunion du CHSCT de cet après-midi”. Pour elle les propos de JM Blanquer sont “imprudents”. Elle souligne “ce qui ne fonctionne pas” dans les annonces comme les ateliers industriels où la distanciation est impossible ou l’annonce de classes à 15 élèves sans tenir compte de la circulation dans les parties communes. Sur les garanties sanitaires, “le ministre n’a rien dit. Il faut d’abord fixer un protocole national et vérifier auprès des collectivités locales qu’elles sont capables de fournir le matériel nécessaire et après seulement voir comment on fait avec les élèves”.

La communauté éducative “à cran” pour le Se-Unsa

Interrogé aussi par le Café pédagogique, Stéphane Crochet est lui aussi irrité par la méthode employée par JM Blanquer. “Le ministre dévoile des hypothèses alors que derrière il y a encore beaucoup de travail et peut-être même des modifications à apporter. Il y a suffisamment d’imprévisible pour ne pas ajouter des annonces et des effets de surprise qui mettent la communauté éducative à cran”. Pour lui rien n’est stabilisé tant que la doctrine sanitaire n’est pas fixée. “On aimerait un avis du conseil scientifique avec des préconisations et un protocole. Pour s’organiser dans les établissements il faut un cahier des charges clair”.

Inacceptable amateurisme

“Une fois de plus le ministre s’asseoit sur le dialogue social”, écrit sur Twitter F Loureiro, secrétaire général adjoint du Sgen cfdt.”Le ministre présente des hypothèses avec des précisions telles que cela ressemble à une décision et sans avoir pris le temps de le présenter aux organisations syndicales”, dit C Nave Bekhti, secrétaire générale.

“Pour le Snalc c’est un chiffre inacceptable”, écrit JR Girard, secrétaire général du Snalc, en réponse à l’annonce de 15 élèves par classe. “Le ministre l’a dit lui-même : “le chiffre de 15 n’est pas encore un chiffre consacré”. Dans ce cas pourquoi le donner publiquement ?” Le Snalc demande lui aussi un avis écrit du conseil scientifique.

Sud éducation relève que “le ministre n’apporte aucune garantie en matière de sécurité et de prise en charge des élèves… Il n’apporte aucune information sur le matériel (masques, savon, gel) à disposition des personnels et des élèves.. Une nouvelle fois le ministre a révélé l’amateurisme du gouvernement. Il est totalement irresponsable de faire prendre de tels risques aux enseignants, élèves , leurs parents et leurs proches”.

Les personnels de direction du Snpden unsa ne sont pas en reste. Ils manifestent leur surprise “alors que le ministre s’était engagé dans une dynamique de co construction”. Le Snpden demande ” que rien de définitif ne soit arrêté avant que le processus de concertation ne soit mené à terme”.

Il semble bien que JM Blanquer n’entende rien discuter avec les syndicats. Interrogé sur les relations avec JM Blanquer, S Crochet nous confie “qu’on reste sur un mode alternatif. Une fois on a des échanges et puis plus rien”. Au cœur de la plus grave crise sanitaire, économique, sociale et scolaire depuis un demi siècle, JM Blanquer est incapable de construire avec les acteurs de l’Ecole. Les collectivités locales pourraient en faire très bientôt l’expérience.

François Jarraud