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Fleuron des réformes menées par JM Blanquer depuis 2017, le dédoublement des classes de CP et la réforme pédagogique menée dans ces classes portent-ils des fruits ? Deux Notes de la Depp (Division des études du ministère de l’éducation nationale), montre que les progrès sont maigres voir inexistants. Si les enseignants des classes de CP dédoublés se sentent plus confiants, il n’est pas possible de dire que cela a quelque chose à voir avec les dédoublements eux-mêmes. Par contre l’étude de la Depp montre le maintien d’un fort écart entre les classes de rep et rep+ et hors éducation prioritaire. Alors que les réformes Blanquer ont couté des milliers de postes, les grands progrès promis ne sont pas au rendez-vous.

Malgré les réformes des résultats stables en CP

On se rappelle en janvier 2019 la publication triomphante de premiers résultats des CP dédoublés par la Depp et le cabinet du ministre. Le ministère n’hésitait pas à affirmer le contraire de ce que montraient les chiffres. Là où on attendait les très bons résultats promis on ne voyait en fait que des progrès très légers et sans rapport avec l’investissement fait dans ces classes.

Un peu plus d’un an plus tard, la Depp publie deux études. Une porte sur le ressenti des enseignants exerçant en CP dédoublés. L’autre porte sur les résultats à mi-CP de tous les cours préparatoires, et parmi eux les CP dédoublés.

Deux années après le lancement des CP dédoublés et de la réforme pédagogique dans ces classes, les résultats montrent surtout une grande stabilité dans les résultats. La Depp reprend d’ailleurs les mêmes formules qu’en 2018-2019. « En français un peu moins des trois quarts des élèves sont entrés correctement dans la lecture.. Comme cela a déjà été observé dans d’autres dispositifs d’évaluation, les écarts sont importants entre les élèves accueillis dans el secteur public hors éducation prioritaire et les élève sde Rep et rep+ ».

Regardons-y de plus près. Les tests évaluent les compétences en lecture écriture et en maths des écoliers de CP avec des seuils de réussite qui sont établis par la Depp en accord avec la Dgesco et le Conseil scientifique du ministère, les deux structures responsables des réformes mises en place.

La comparaison des résultats en français à mi-CP entre 2018-19 et 2019-20 montre très peu de variation. Le taux de réussite est un peu meilleur en connaissance des noms des lettres et de leur son mais ils sont moins bon en manipulation de phonème, pourtant un exercice central de la réforme Blanquer. Partout ailleurs il n’y a pas de changement.

Si l’on regarde du coté des maths, Si la proportion d’élèves sachant soustraire est un peu plus élevée celle des élèves sachant additionner est plus faible. Il y a quelques progrès quand il s’agit d’écrire des nombres sous la dictée ou de les placer sur une ligne numérique. Mais on est dans des progrès infimes (de 76 à 79% pour le premier par exemple).

Malgré les dédoublements pas de réduction des inégalités

Mais ce n’est pas sur ces résultats très globaux qu’on a vendu à l’opinion les réformes Blanquer. La promesse était celle du 100% réussite et donc d’une très forte amélioration des résultats dans l’éducation prioritaire avec une nette réduction des écarts entre éducation prioritaire et hors éducation prioritaire.

Or à en croire la Depp, on a « des écarts stables entre l’éducation prioritaire et le public hors éducation prioritaire entre mi cp 2019 et mi cp 2020 ». Ainsi si l’on prend la compréhension de phrases à l’oral, 63% des élèves de Rep+ réussissent le test en 2020. Ils étaient 64% en 2019 : la situation s’est (légèrement) dégradée. C’est d’ailleurs la même chose en rep : 72% contre 73% en 2019. Hors éducation prioritaire on a 86% de réussite. L’écart est en gros resté le même. Il a en fait augmenté de 1%.

La situation est identique pour la compétence « lire à voix haute un texte ». Là aussi les résultats sont un peu moins bons en 2020 qu’en 2019 et l’écart entre éducation priroitaire et non prioritaire a un peu augmenté.

En maths on a quelques progrès dans la compétence écrire un nombre sous la dictée. Mais en résolution de problèmes les résultats osnt un peu moins bons en Rep+ qu’en 2019. En gros c’est la stabilité.

Malgré la maitrise des évaluations par les services ministériels, la promesse d’une amélioration des résultats des élèves les plus fragiles n’est pas tenue. Ne parlons pas du 100% réussite… Les écarts entre les écoliers de l’éducation prioritaire et les élèves plus favorisés restent les mêmes. Cela alors qu’on a deux années de CP dédoublés en Rep et Rep+. Pour mémoire, ces classes dédoublées ont absorbé des milliers de postes pris en supprimant les maitres surnuméraires et en remplissant les classes des autres niveaux.

Des enseignants plus confiants, mais à cause de quoi ?

Est-ce pour atténuer cette déception ? La Depp publie une étude sur le ressenti des enseignants des CP dédoublés après deux années de déploiement. Cette enquête montre que ces enseignants sont plus confiants dans leurs compétences que leurs collègues hors éducation prioritaire. Il est vrai que la réforme menée en 2014 (avant l’arrivée de JM Blanquer) s’est accompagnée d’un effort de formation et d’un appui au travail d’équipe. Deux dimensions qui se sont essoufflées depuis 2017. Les enseignants de l’éducation prioritaire sont plus soucieux d’instaurer un climat bienveillant. Ils cherchent davantage à motiver leurs élèves. Ils communiquent plus avec les parents. Ils pratiquent plus la stimulation cognitive des élèves avec des taches stimulant la curiosité des élèves. Ils sont davantage dans l’étayage qu’hors éducation prioritaire.

Il y a aussi des notations plus inquiétantes. Par exemple les enseignants de Rep+ recourent moins à la pratique de la lecture que leurs collègues hors EP (lecture des élèves à haute voix ou en silence et lecture à haute voix de l’enseignant) alors qu’ils ont davantage d’élèves en difficulté de lecture.

Ces pratiques sont-elles dues aux dédoublements opérés depuis 2017 ? D’une année sur l’autre les enseignants de Rep se sentent plus efficaces. En Rep+ « les évolutions sont plus modestes ». Surtout, note la Depp,  » La comparaison temporelle paraît ici assez insatisfaisante pour isoler correctement les effets du dédoublement des classes de CP, sachant par ailleurs que des effets de sélection peuvent également contribuer à expliquer une partie des évolutions documentées ». Au final, s’il y a des évolutions dans le ressenti des enseignants, et pas forcément leurs pratiques, l’effet des dédoublements n’est pas démontré.

François Jarraud

Depp évaluation de mi CP 2019-2020

Depp évaluation de mi CP 2019-2019

Depp ressenti des enseignants des CP dédoublés

En janvier 2019