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Alors que la crise économique qui suit la crise sanitaire menace de réduire la dépense d’éducation, la France semble ne pas investir assez. La part de l’éducation dans la dépense publique est plus faible que la moyenne OCDE. Et la confirmation est donnée par le niveau des salaires des enseignants, qui constituent le premier poste de dépense et restent inférieurs à la moyenne de l’OCDE.

Une dépense globale plus élevée…

« La part de la richesse nationale consacrée aux établissements d’enseignement est plus élevée en France qu’en moyenne dans les pays de l’OCDE. En 2017, la France a consacré 5,2 % de son produit intérieur brut (PIB) aux établissements d’enseignement du primaire au supérieur, soit 0,3 point de pourcentage de plus que la moyenne de l’OCDE », relève l’OCDE. Mais le pays compte davantage de jeunes que ses voisins.

Mais qui doit être nuancée

Une autre façon d’estimer la dépense d’éducation c’est donc de la calculer par élève. « En 2017, la France a dépensé 10 867 USD par étudiant au niveau non supérieur (enseignement primaire, secondaire et post-secondaire non supérieur), soit légèrement plus que la moyenne de l’OCDE qui est de 9 999 USD. Cette même année, la France présentait un écart manifeste dans la répartition des dépenses d’éducation par élève entre l’élémentaire et le secondaire (à l’avantage du secondaire). En France, les dépenses par élève sont ainsi supérieures à la moyenne des pays de l’OCDE de 7 % dans le premier cycle du secondaire (équivalent au collège, 11 252 USD contre 10 527 USD), et de 35 % dans le deuxième cycle du secondaire (en incluant les lycées d’enseignement général ou agricole et l’apprentissage en centre de formation en alternance (CFA), 14 743 USD contre 10 888 USD). En revanche, elles sont inférieures de 8 % à la moyenne de l’OCDE dans l’enseignement élémentaire (8 319 USD1 contre 9 090 USD). »

Mais la dépense publique d’éducation est inférieure en France à la moyenne de l’OCDE. Le pays se situe dans les dépenses les plus faibles avec 7.8% des dépenses publiques quand la moyenne est au dessus de 9.8. L’écart est particulièrement net au primaire (2.1 contre 3.4). Depuis 2012, la dépense annuelle d’éducation par élève évolue nettement moins vite en France (+0.3% ) que dans l’OCDE(+1.3%).

Des salaires enseignants plus faibles et en baisse

Parmi les dépenses, le premier poste est les salaires des enseignants. Selon l’OCDE le salaire statutaire des enseignants français du primaire et du secondaire est inférieur de 18% à la moyenne des pays OCDE.

L’OCDE donne des chiffres qui sont des évaluations à parité de pouvoir d’achat en dollars. C’est une façon plus fiable de pouvoir comparer les rémunérations que d’utiliser une simple conversion monétaire.

Avec 15 ans d’ancienneté le salaire statutaire d’un enseignant du 1er degré est de 38 173$ en France contre 46 801 en moyenne OCDE. Pour le collège c’est 39 814 et 48 562; au lycée 39 814 contre 50 701. L’OCDE calcule des salaires effectifs moyens un peu meilleurs mais ils résultent de la moyenne entre le début et la fin de la carrière et on sait que le salaire ne monte qu’en toute fin de carrière.

« Entre 2005 et 2019, les salaires statutaires des enseignants ayant 15 ans d’expérience et les qualifications les plus courantes ont augmenté en moyenne dans les pays de l’OCDE de 5 % à 7 % aux niveaux primaire et secondaire, malgré une baisse des salaires suite à la crise financière de 2008. En France, les salaires des enseignants à ces niveaux ont baissé entre 2 % et 5 % sur cette période », ajoute l’Insee.

La France est aussi un des rares pays où les enseignants exerçant dans le premier degré donnent plus de 30% d’heures de cours en plus par an que leurs collègues des collèges.

François Jarraud