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Faut-il rendre obligatoire ou non la vaccination des enseignants et des élèves ? Le débat est lancé dans la majorité, sondage à l’appui. Le gouvernement tergiverse mais promet de « mettre le paquet » pour la vaccination des élèves. Pour les enseignants, il semble difficile de passer du refus de vacciner les enseignants en priorité à l’obligation vaccinale… Et on attend toujours le fameux protocole de rentrée promis pour début juillet…

Comment vacciner collégiens et lycéens dans les établissements ?

« A la rentrée nous allons mettre le paquet dans les collèges et les lycées pour vacciner à l’intérieur des établissements ». Sur Tf1 le 21 juillet, J Castex a promis de lancer la vaccination des collégiens et lycéens à grande échelle. Mais sans donner de détails sur l’organisation.

C’est que JM Blanquer est resté à peu près muet sur ce sujet. Le 18 janvier dans Le Figaro il a juste annoncé que « des dispositifs de vaccination seront installés dans les établissements scolaires » en ajoutant que ce serait « avec des personnels de santé externes au ministère de l’éducation nationale ».

La promesse lancée par E Macron le 12 juillet devra se contenter de ces formules vagues alors que l’on est à un mois de la rentrée. On ne sait ni par qui, ni comment les élèves pourront être vaccinés.

L’expérience des autotests dans les établissements n’invite pourtant pas pas à l’optimisme. Très peu d’élèves y avaient eu recours et les personnels de direction avaient marqué très peu d’enthousiasme pour organiser ces séances consommatrices de temps et de personnels.

Faudra t-il vacciner les enseignants ?

Le 21 juillet, J Castex a écarté l’idée d’un passe sanitaire dans les établissements scolaires alors que la Haute autorité de santé publique invitait à étudier son utilisation pour la reprise des cours dans les établissements scolaires.

Avec un variant indien encore plus contagieux que le variant anglais et transmissible autant aux jeunes qu’aux adultes, la question de la vaccination des enseignants se pose à la fois pour leur protection et pour celle des élèves.

On en a une illustration en Angleterre où, selon le Guardian, les cours ont encore lieu en cette fin de juillet. Dans un pays où le taux de vaccination est plus élevé qu’en France, plus d’un million d’élèves ne sont plus scolarisés, soit 14% des élèves et même 18% dans le second degré. 774 000 sont isolés après un contact en classe et 140 000 après un contact en dehors de l’école. Enfin 47 000 sont malades du covid.

Le député UDI JC Lagarde a demandé l’obligation vaccinale pour les enseignants le 19 juillet. Il s’appuie sur un sondage Ifop qui montre que 71% des français y sont favorables.

En fait la question est posée depuis novembre 2020. En décembre 2020 le gouvernement avait refusé d’inscrire les enseignants parmi les prioritaires. En avril 2021 ce n’était toujours pas le cas alors que la très grande majorité des pays développés l’avait fait. Selon l’OCDE, en mars 2021, dans 19 pays sur 30 les enseignants étaient prioritaires pour la vaccination. C’était le cas notamment de l’Autriche, l’Allemagne, le Chili, la Colombie, l’Irlande, Israël, la Russie, le Portugal, la Pologne, l’Espagne etc. En Allemagne, par exemple, les professeurs du 1er degré étaient au niveau 2 de priorité c’est à dire qu’ils étaient aussi prioritaires que les 70-80 ans. Et plusieurs pays où ils n’étaient pas prioritaires étaient des pays où la question de la priorité ne se posait plus comme le Japon, l’Angleterre ou les Etats-Unis.

En France c’est seulement le 20 mai que les enseignants entrent dans des catégories prioritaires, à un moment où la vaccination est déjà possible pour les adultes et à la veille de la levée officiel des limitations.

Le 8 juillet, JM Blanquer dit que 75% des enseignants sont déjà vaccinés, un nombre dont on ignore d’où il sort. Le 13 juillet, interpellé par le député LR Patrick Hetzel, JM Blanquer répond que « il y a eu, notamment au mois de juin, des campagnes visant tant les élèves que les professeurs pour les inciter à se faire vacciner ». Mais en même temps, il continue, comme en avril, à minimiser la nécessité pour les enseignants d’être vaccinés affirmant que « les professeurs sont une catégorie moins contaminée que la moyenne de la population ».

Il apparait donc que rien n’a été préparé pour la vaccination des élèves et des enseignants.

Les syndicats demandent des moyens

Les syndicats ont pourtant alerté. Le 10 mai, tous (du Sgen Cfdt à Sud en passant par la Fsu, l’unsa, le Snalc, FO et la Cgt) ont demandé des moyens pour la rentrée : moyens humains en enseignants mais aussi capteurs de Co2, purificateurs d’air, locaux. L e21 juillet la Fsu estime que « la vaccination est nécessaire pour combattre l’épidémie » mais dénonce « des mesures coercitives contre productives ». Le syndicat demande des « plans de protection pour les agents et les usagers » avec des moyens supplémentaires, de l’aération etc. « Rien n’est prêt si cen’est les moyens disciplinaires pour les personnels » écrit la Fsu.

François Jarraud