L’Expresso du 7 décembre 2022
- Le fait du jour -
La récente publication des calendriers scolaires des 3 années à venir a reposé la question des vacances. La France compte-t-elle davantage de congés scolaires que ses voisins européens ? Les vacances d’été sont-elles particulièrement longues en France ? Des congés d’été plus courts qu’ailleurs La publication par Eurostat, l’organe statistique de la Communauté européenne, de…
Créé par JM Blanquer pour remplacer le Cnesco, jugé trop indépendant, le Conseil d’évaluation de l’école, présidé par B. Gille, organise son premier séminaire le 6 décembre. Il reprend un sujet abordé lors d’une conférence de consensus du Cnesco : les inégalités scolaires. Le CEE convie deux experts qui lui sont proches : Eric Charbonnier…
- Les disciplines -
« Ce n’est pas une méthode. C’est une démarche que nous proposons, une démarche conforme aux programmes. » Claudine Garcia-Debanc, Marie-Noëlle Roubaud et Mélissa Béchour, autrices du « Guide pour enseigner la grammaire. La grammaire pour écrire CE2 et cycle 3 » veulent aussi faire gagner du temps aux enseignants en associant apprentissage de la…
- L'élève -
‘Pourquoi est-ce si dur d’aimer ?’ demande une belle jeune fille troublée à une femme âgée au visage ridé. Nous sommes non loin d’un village du Nord-est de la Tunisie, dans un verger arboré et lumineux, au milieu de femmes et d’hommes, saisonniers recrutés à la journée pour la cueillette des figues par le jeune…
- Le système -
« Le système par répartition n’est pas en danger, y compris pour les jeunes générations. Le gouvernement instrumentalise la situation financière du système de retraites et affirme, à tort, que le recul de l’âge légal de la retraite est un impératif.», affirment ensemble les syndicats unanimes : Cfdt, Cftc, Cgt, FO, Cge Cgc, Fsu, Solidaires.…
Pris à partie à l’Assemblée le 6 décembre par la députée RN Nadine Hamelet à propos de la laïcité, le ministre de l’Éducation lui a répondu de façon particulièrement ferme. « Je viens de vous indiquer qu’on observe une baisse significative des atteintes à la laïcité en novembre… Voyez-vous, la laïcité est une liberté. C’est…
« Un bon recruteur sait aussi garder ses personnels en leur offrant des conditions de travail à la hauteur de leurs missions. Pourtant, la réalité de leur quotidien continue d’être ignorée », écrit le Se-Unsa. « Les mesures fortes pour tenter d’attirer rapidement de nouveaux candidats n’ont pas été prises. La réforme de la formation…
« Paris quartier par quartier, les écoles élémentaires où les enfants ont le plus de chances de réussite ». Le Figaro n’a pas attendu longtemps avant d’utiliser la publication par le ministère des indices de position sociale des écoles (IPS). Le quotidien rappelle qu’il y a un lien statistique entre la catégorie sociale et le…
- La classe -
« Qui peut encore acheter un logement proche d’un bon collège ? Accès à la propriété et sectorisation scolaire dans la métropole parisienne », demandent Marco Obreti et Quentin Ramond. Ils organisent le 13 décembre un séminaire à Sciences Po sur la ségrégation résidentielle et scolaire. « Nous analysons la relation entre l’accession à la…
« Plus de 1,1 million d’enfants de 2 à 11 ans sont scolarisés dans les 6850 écoles de l’éducation prioritaire. Trente-cinq ans après sa création, la politique d’éducation prioritaire a toujours pour objectif de corriger l’impact des inégalités sociales et économiques sur la réussite scolaire par un renforcement de l’action pédagogique et éducative dans les…
- Les disciplines -
STAMP IT ! est une création de l’équipe numérique 1er degré du département de la Mayenne. Cette application en ligne ou à télécharger permet de programmer les déplacements d’un automate virtuel pour réaliser du Pixel Art. Les élèves prennent le contrôle d’une machine à tamponner et produisent des images sur le principe du pixel art…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud