L’Expresso du 9 décembre 2022
- Le fait du jour -
Ni tsunami, ni mortes eaux. Les résultats des élections professionnelles de l’Éducation nationale ressemblent à ceux de 2018. Le taux de participation est légèrement en retrait. Les syndicats les plus importants sont un peu érodés. Sud entre au Comité social d’administration ministériel. Pour les uns, on assiste à une montée des extrêmes. Pour d’autres, à…
« L’Acte 2 » de l’école inclusive, qui doit être annoncé ce printemps, va marquer un tournant. C’est ce que donne clairement à entendre le rapport de l’Inspection générale sur « la scolarisation des élèves en situation de handicap » publié le jour même de la réunion du Comité national de suivi de l’école inclusive.…
- Les disciplines -
« Tout peut être enseigné à condition qu’on accepte de répondre aux questions ». Valérie Durey enseigne en lycée professionnel. Et elle ne fait pas partie des professeurs qui s’autocensurent. En faisant travailler ses élèves sur la vie et la mort du caporal Ahmed Litim, elle montre aussi qu’on peut faire de l’histoire en lycée…
- L'élève -
Comment Marcel Proust a-t-il composé « À la recherche du temps perdu » ? Comment cette œuvre a-t-elle été imaginée, fabriquée, diffusée ? À l’occasion du centième anniversaire de la mort de l’écrivain, la Bibliothèque nationale de France propose une exposition conçue comme une véritable traversée de l’œuvre. Organisée tome par tome, elle invite à…
- La classe -
« On peut douter que les « concertations dans les établissements » proposées par le ministère de l’EN pour la mise en place de « l’École du futur » conviant d’autres acteurs que les enseignants à la construction d’un « projet d’école » puissent renforcer le statut des enseignants et contribuer à leur valorisation ».…
- Le système -
Réalisé pour une revue qui s’est spécialisée dans la dénonciation du terrorisme islamiste et de pays musulmans, comme la Turquie, le sondage IFOP « vise à évaluer l’ampleur et l’évolution des atteintes au principe de neutralité religieuse dans l’espace scolaire ». Selon ce sondage, réalisé auprès d’un millier d’enseignants, 56% des enseignants s’autocensurent pour éviter…
« Force est de constater que, sous la pression d’une lecture idéologique imposée par une partie de la classe politique et par certains chroniqueurs ou polémistes, relayée par des médias à la ligne éditoriale douteuse, se confirme une dérive sécuritaire, parfois même teintée de xénophobie, qui n’a rien à voir avec la laïcité telle que…
Le tribunal correctionnel de Paris a condamné le 8 décembre Laurent Bigorgne à 1 an de prison avec sursis et à une amende de 2000 €. Il était poursuivi pour avoir drogué avec de l’ecstasy une collaboratrice. L Bigorgne avait reconnu les faits en expliquant qu’il prenait de la cocaïne. La peine est en dessous…
Le Sénat a adopté le 8 décembre la proposition de loi visant à lutter contre la précarité de AESH. Cette proposition de loi adoptée par l’Assemblée le 20 janvier 2022 facilite la CDIsation des AESH. Cette proposition de loi ouvre la possibilité de recruter les AESH en contrat à durée indéterminée (CDI) à l’issue d’un…
- La classe -
Comment appliquer la loi de 2004 dans une région où les voiles et les foulards n’ont jamais suscité de problèmes ? Emilie Pontanier et Anne-Claire Husser publient dans la revue Tropics un intéressant article sur la « créolisation » de la loi. Là-bas aussi tout a changé avec JM Blanquer. Jusqu’en 2018, la loi de…
- Les disciplines -
« Il s’agit de dresser un panorama de l’école à la Réunion à partir de données statistiques issues de différentes bases de données à l’échelle nationale et académique : Quelle est l’implantation des établissements scolaires ? Y a-t-il des spécificités des territoires éducatifs à La Réunion ? Comment traiter des inégalités scolaires en interrogeant les déterminants…
« Pays en développement », pays du « Nord » et du « Sud »… Les termes utilisés pour décrire les inégalités de richesse et de développement sont historiquement datés et ne suffisent plus à décrire le monde actuel… L’objectif de cet article est de proposer un découpage du monde novateur et opérationnel en fonction…
L'édito
2023, année d’éclaircie pour les profs ?
2022, année compliquée pour les profs, est enfin terminée. Les enseignants et enseignantes s’attendent-ils à mieux en 2023 ? Pas simple de se montrer optimiste en ce début d’année.
De nombreux défis attendent l’École : faire progresser le niveau des élèves – tous les élèves, empêcher la fuite des enseignants et enseignantes en postes, rendre attractif un métier mésestimé et désaffecté… Pour beaucoup, 2022 restera l’année du manque cruel de candidats aux concours et de l’augmentation des démissions dans une profession jusqu’alors épargnée par les défections.
2022, c’était aussi l’année de l’arrivée d’un nouveau ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye. Après cinq années de Jean-Michel Blanquer, beaucoup attendaient de cette nomination. Pourtant, jusqu’à présent, le changement de cap tarde à pointer le bout de son nez. La mainmise de l’Élysée sur le dossier de l’école laisse peu d’espoir quant à un changement radical.
Lors de ses vœux, le président de la République Emmanuel Macron a estimé que son gouvernement avait « commencé à raviver la confiance dans notre Éducation nationale… en s’appuyant sur l’énergie et le dévouement de nos enseignants ». Une affirmation que nombre d’enseignants et enseignantes ont du mal à digérer même s’il est vrai que l’on peut compter sur leur énergie et leur dévouement… Mais jusqu’à quand cela suffira-t-il ? Et lorsqu’on lit le dernier rapport de la DEPP, difficile de partager le constat du Président. En effet, ce rapport dresse un bilan peu réjouissant pour les professeurs français. Avec un temps de travail plus élevé que leurs collègues européens, ils touchent un salaire parmi les plus faibles d’Europe.
Mal payés et peu valorisés dans la société, on comprend mieux pourquoi le nombre de candidats aux concours de l’enseignement reste historiquement bas. Et ce, malgré une promesse de revalorisation. Cette année encore, la rentrée 2023 risque d’être chaotique.
Mais « bonne nouvelle », les enseignants pourront cumuler leur emploi avec « une activité lucrative de conduite d’un véhicule de transport scolaire ou assimilé », mesure annoncée dans un décret publié dans le JO le 27 décembre dernier. Une façon d’arrondir les fins de mois, de se garantir d’être à l’heure en cours et de faire réviser les élèves lors du trajet ?
Outre leur salaire peu attractif, les conditions de travail des enseignants et enseignantes n’ont eu de cesse de se dégrader : classes surchargées, élèves en difficulté, peu ou pas de remplacements de leurs collègues absents, manque de moyens… On voit mal comment les profs pourraient être optimistes. 2023 ne s’annonce guère plus réjouissante que 2022.
Dans son allocution, le président a aussi pointé « la principale injustice de notre pays (qui) demeure le déterminisme familial, la trop faible mobilité sociale ». Selon lui, « la réponse se trouve dans l’école, dans l’orientation, dans notre enseignement supérieur, dans notre politique d’innovation et dans notre industrialisation ».
En France, les inégalités sociales se transforment très vite en inégalités scolaires. À quinze ans, selon les origines sociales des élèves, on constate un écart de niveau de deux ans et demi. Quelle réponse propose le gouvernement pour combattre ce constat macabre ? La création d’un Conseil National de la Refondation (CNR). Ce dernier prône la généralisation de « l’école du futur », expérimentation marseillaise qui conditionne des moyens supplémentaires à la création de projets pédagogiques innovants, qui est censée sauver l’école. Cela sera-t-il suffisant ? Rien n’est moins sûr. Surtout lorsque l’on sait que dans une grande majorité des cas, les écoles ont recyclé des projets déjà existants afin d’avoir enfin des moyens à la hauteur des besoins des élèves.
Le Ministre, quant à lui, malgré un discours teinté de bonne volonté, semble être dans la continuité de son prédécesseur (voir l’article Pap Ndiaye cherche la confiance).
Alors quel espoir reste-t-il aux profs ? Peu, il faut le reconnaître. 2023 s’annonce être une année compliquée et pleine d’enjeux pour la profession. Mais les enseignantes et enseignants sont surprenants. En 2017 et en 2020, ils avaient réussi à infléchir les projets politiques de Jean-Michel Blanquer. Tout est encore possible, à condition de ne pas se décourager.
La journée de mobilisation du 17 janvier pour une revalorisation de tous, pour de meilleures conditions de travail et contre la réforme des retraites sera un indicateur de leur capacité à résister.
Lilia Ben Hamouda