L’Expresso du 6 janvier 2023
- Le fait du jour -
Au lendemain des annonces sur la généralisation du dispositif « 6e Tremplin », le ministre de l’Éducation nationale en a précisé les modalités lors d’un déplacement dans un établissement participant à l’expérimentation. Dans le collège Villard de Honnecourt de Fresnoy-le-Grand dans l’académie d’Amiens, le dispositif 6e Tremplin est mis en place depuis septembre dernier. « Nous…
Loïc Szerdahelyi, maître de conférence à l’Université Lyon 1 a dirigé le livre « Quelle égalité pour l’école ». Un livre qui fait le point sur la place de l’école dans l’émergence d’une égalité des sexes dans notre société. Il répond à nos questions. L’éducation à l’égalité est une thématique largement abordée au sein de notre…
- Le système -
Une question sociale et politique Un collège, mais quel collège ? privé ? de secteur, du quartier, public ? hors-contrat ? quelle école voulons-nous pour nos enfants ? quel modèle d’École voulons-nous pour la société ? Et ces deux questions résument quelques contradictions quand il s’agit de la scolarité de ses enfants. Il ne s’agit pas d’avoir un jugement culpabilisateur…
- Les disciplines -
« Chat GPT ne remplacera pas le professeur ». Professeur d’histoire-géographie au Centre de service scolaire de Kamarouska – La Rivière-du-Loup, au Québec, Mathieu Mercier se veut rassurant. La nouvelle application d’intelligence artificielle Chat GPT3 fait peur. Mais, pour Mathieu Mercier, on ne peut pas y échapper. Il va falloir faire avec. Et il ouvre des pistes…
- L'élève -
L’Ouzbékistan est à l’honneur à Paris et se découvre à travers deux expositions qui se complètent : « Splendeurs des oasis d’Ouzbékistan » au Louvre, et « Sur les routes de Samarcande, merveilles de soie et d’or » à l’Institut du monde arabe. Des œuvres exceptionnelles sortent pour la première fois de leurs lieux d’origine. Beaucoup sont classées trésors nationaux en…
- La classe -
Du 12 au 16 décembre 2022, les élèves de 6e, 5e et 4e du collège Diderot d’Aubervilliers, en Seine-Saint-denis (93), ont construit un poulailler, imaginé la chaise de leurs rêves, fabriqué une boite à musique, fait combattre des robots-sumo, cuisiné, transformé des produits de récupération en mosaïque, réfléchi aux origines de l’espèce humaine. Ils et…
- Le système -
Pour la FCPE, les propositions du Ministre sont loin d’être suffisantes. Renforcement du lien école-collège : si le diagnostic est pertinent, le traitement n’est pas bien dosé ! Il y a quelques semaines le ministre de l’Education nationale qualifiait le collège comme “l’homme malade” du système éducatif… Aujourd’hui, le diagnostic se précise avec la publication…
Les Républicains récidivent. Cette fois, c’est une sénatrice, Céline Boulay-Espéronnier, qui propose une loi pour le port de l’uniforme au Sénat . L’élue y voit quatre objectifs : renforcer le sentiment d’appartenance, « évacuer définitivement la question du port de signes ostensibles d’appartenance religieuse ou communautaire », contribuer au respect de l’autorité et minimiser les risques de…
Décidément, la prime de rentrée versée par la Caisse d’Allocations Familiales (CAF) ne cesse de faire parler d’elle. Dernièrement, plusieurs députés les Républicains ont demandé qu’elle soit retirée « Si l’élève n’est pas présent le jour de la rentrée scolaire et régulièrement tout le mois de septembre aux heures établies par l’établissement alors un signalement est…
Suite aux annonces du Ministre mercredi 4 janvier, sur BFM, le Snes-FSU, le SNUipp-FSU, Le Snep-FSU et le SNUEP-FSU réagissent. Des mesures cosmétiques loin des urgences pour notre système éducatif Tout ça pour ça : « l’homme malade du système éducatif » selon le ministre se voit donc administrer une petite tape dans…
Suite aux annonces du Ministre, le SNUDI-FO a publié un communiqué de presse. Les personnels manquent partout dans les écoles, établissements et services mais le ministre et le gouvernement veulent poursuivre le chaos pour la rentrée 2023. Les instances de carte scolaire vont se réunir prochainement.Les décisions de suppressions de postes prises au niveau national…
- La classe -
Dépasser les idées reçues sur le numérique, qu’elles soient positives ou négatives, c’est le but d’un cycle de conférences déployées en ligne par la Trousse à Projets. Préjugés d’ores et déjà mis en perspective : les jeunes sont tous à l’aise avec les équipements numériques (Eric Bruillard) ; rien de mieux qu’un écran pour calmer son enfant…
« Fondée en 1973 sous le titre Migrants formation puis Ville école intégration, la revue propose une interface entre des territoires, des métiers et des mondes du champ éducatif qui se côtoient sans toujours se connaître ». C’est ainsi que la Revue est présentée lors de la sortie de son premier numéro. Elle est désormais semestrielle,…
- L'élève -
Le Louvre propose des visites guidées, des visites contées pour les familles avec enfants dès 8 ans, ainsi qu’un atelier créatif « Cartographie imaginaire » ; à l’auditorium sont programmés une table ronde et des concerts. L’Institut du monde arabe organise aussi des visites guidées, et prévoit en janvier un atelier créatif destiné aux familles. Pour le…
- Les disciplines -
Présenté par le réseau Ludus, En stage à Singapour est un jeu « simple et efficace » pour découvrir la cité Etat. Créé par Victor Clot-Amiot, professeur dans un lycée des Yvelines, il invite les élèves à compléter un fonds de croquis. » Les élèves se trouvent dans la peau d’un étudiant en école de commerce…
« Ecolabel, HQE, ISO… derrière ces termes techniques se cachent l’ensemble des démarches, labels ou certifications visant à inciter les entreprises à produire sans détruire l’environnement », note le Céreq. Dans un première approche statistique, il montre que 11% des salariés sont concernés par ces évolutions. Bref Céreq
Le plan de travail est un outil conçu par Célestin Freinet. Noémie Verdure en propose, sur le site académique normand, une mise en application en histoire géographie au collège. » Le plan de travail permet à l’élève d’être acteur dans son apprentissage, ce qui favorise sa motivation », écrit-elle. » Si les notions des différents…
Les cafés virtuels de l’association des professeurs d’histoire-géographie permettent de rencontrer facilement des chercheurs et des auteurs. Pour les enseignants c’est un moyen remarquable de suivre la recherche et de tenir à jour leurs connaissances. C’est d’autant plus facile qu’il y a presque tous les jours un café à suivre ! Ainsi en janvier,…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud