L’Expresso du 10 janvier 2023
- Le fait du jour -
Les lois de décentralisation se succèdent. La gestion de proximité est mise à l’honneur. Mais concrètement peu de choses changent sur le terrain. C’est ce que l’Inspection générale montre dans un rapport qui dénonce le grand flou de la réforme territoriale et , par suite, le caractère toujours très descendant des circulaires et du dialogue…
- Le système -
Laurence De Cock, historienne et chercheuse en Sciences de l’éducation qui prépare un livre sur le bâti scolaire en lien avec la démocratisation en confie les grandes lignes au Café pédagogique. L’état des établissements scolaires est une question d’actualité. En France, certains locaux sont d’une telle insalubrité que la chercheuse y voit « un mépris…
- Les disciplines -
Comment emmener des élèves dans une balade en forêt par la lecture ? Perrine Douhéret, professeure de SVT au collège Asa Paulini à Anse (69) introduit à ses 6èmeun vocabulaire scientifique sur l’écosystème forestier par une lecture suivie effectuée à voix haute par les élèves, par l’enseignante ou de façon individuelle. Pédoncule, mycorhizes, photosynthèse sont appréhendés…
- L'élève -
Du 13 au 15 janvier 2023, la Cité des sciences et de l’industrie organise la 5ème édition des journées nationales de l’innovation en santé : trois jours de présentations, d’ateliers, de conférences et de débats sur le thème de la santé du futur. L’ensemble du monde de la santé participe à cet événement qui permet de se familiariser…
- Le système -
Pour le syndicat, ces « annonces sans précisions pratiques et matérielles, mettent une fois de plus les personnels en insécurité. Le changement se prépare, s’accompagne. Toute nouvelle mesure suppose des ressources humaines disponibles, dûment rémunérées et formées ». Le syndicat attend aussi des hausses de Dotation Horaire Globale (DHG) à la hauteur des besoins. « Il va…
Réforme du lycée : l’APSES dénonce les dégradations des conditions de travail des professeurs de SES
L’Association des Professeurs de Sciences Économiques et Sociales (APSES) dresse un constat négatif de la réforme du lycée ans leur discipline. L’association a mené une enquête auprès des professeurs de SES. Elle a été remplie par 700 enseignants – 15% de la totalité des enseignants. Les résultats de cette étude montrent une augmentation du nombre…
- La classe -
M@dos est un dispositif de master 2 interdisciplinaire destiné prioritairement aux cadres de l’éducation et qui s’est ouvert aussi à celles et ceux, non cadres, qui occupent des fonctions de responsabilité d’animation, de formation ou de gestion de projets complexes. Initié par l’IH2EF, ce master s’appuie sur un consortium de 4 universités : universités de Angers,…
Pour favoriser l’Education aux Médias et à l’Information de la maternelle au lycée, la 34ème édition de la Semaine de la presse et des médias dans l’École se déroulera du 27 mars au 1er avril 2023. Autour d’une nouvelle thématique, « l’info sur tous les fronts », qui « sonne comme une évidence dans un monde…
- L'élève -
« Conte de printemps » inaugure en 1990 un nouveau cycle dans le cinéma d’Eric Rohmer, les Contes des quatre saisons. Suivent dans l’ordre de leur création « Conte d’hiver » en 1991, « Conte d’été » en 1996 et « Contes d’automne en 1998. A travers des univers différents, plusieurs âges de la vie, et un déploiement malicieux d’influences musicales et…
- Les disciplines -
Le docteur Pierre Souvet, cardiologue et fondateur de l’association santé environnement France propose une visioconférence sur « une approche transversale et unificatrice des liens santé environnement, les effets négatifs de l’inaction mais aussi les effets positifs d’un environnement sain ». La conférence en ligne d’une durée de 1h30 est soutenue par l’académie d’Aix-Marseille. Deux dates sont…
Comment les robots chirurgiens ont-ils investi les salles d’opération ? Cet article publié sur le site du CNRS donne à voir l’avenir de la chirurgie. Entre un bras robotique capable de placer des grains radioactifs dans un tumeur ou un autre qui offre une précision de 10 micromètres pour opérer la rétine, les projets de développement…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud