L’Expresso du 17 janvier 2023
- Le fait du jour -
Ismael Ferhat est professeur des Université à Paris Nanterre et chargé de mission laïcité à l’INSPE de l’académie de Versailles. Dans un article publié dans la revue Diversité, il revient sur le principe de laïcité. Beaucoup situent la laïcisation de l’école aux lois de Ferry. Qu’en est-il ? À quel moment l’école s’est-elle « émancipée »…
- Le système -
D’après une enquête IFOP menée auprès des 11-24 ans, un jeune français sur six pense que la Terre est plate. Les résultats de cette enquête commandée par la fondation Jean-Jaurès et la fondation Reboot révélés jeudi dernier ne peuvent que susciter l’inquiétude voire la consternation. Quand l’étude demande aux jeunes : D’une manière générale, avez-vous…
- Les disciplines -
Publiée le 10 janvier, la liste des sujets évaluant les compétences expérimentales en SVT lève le voile sur les possibles pour le bac des lycéens. Virginie Marquet, professeur de SVT au lycée français de Vienne, précise les nouveautés sur la forme et sur le fond. Avec un tiers de sujets nouveaux, il manque encore l’accès…
En quatrième, nous avons travaillé le théorème de Pythagore. En principe, les élèves sont outillés et savent à peu près tout faire : calculer la longueur si deux sont connues dans un triangle rectangle, prouver qu’un triangle est rectangle ou ne l’est pas, connaissant les mesures de longueur des trois côtés. Mais les situations que nous…
- L'élève -
Comme chaque année, la bibliothèque de la Cité des sciences et de l’industrie participe à la Nuit de la lecture : cette année, elle fait découvrir quatre lieux très différents. Samedi 21 janvier 2023, de 14h à 20h, partez en Amazonie, en Arctique, en Polynésie, et au Sahara. Contes, médiations, activités créatives, rencontres avec des scientifiques…sont…
- La classe -
Bernard Ycart, professeur à l’Université de Grenoble s’intéresse à l’histoire des mathématiques notamment dans le cadre de la formation des enseignants. Dans un article de la revue MathémaTICE, il expose de façon détaillée des notions historiques relatives à la logique, et présente leurs usages possibles dans l’enseignement des mathématiques en lycée. Un voyage conceptuel, où…
- Le système -
Le SNUipp-FSU 93 alerte sur la dotation de postes d’enseignants et enseignantes à la prochaine rentrée. « Nous avons 0 nouveau poste budgété en Seine-Saint-Denis pour la prochaine année scolaire » explique Marie-Hélène Plard, co-secrétaire départementale. « Le ministère compte sur la baisse démographique. Il se base sur des prévisions en deçà de la réalité d’à peu…
Le 6 décembre dernier, le tribunal administratif de Poitiers a décidé de rejeter les requêtes de Sylvie Contini et Alain Lévêque – deux des enseignants de Melle sanctionnés par le rectorat de Poitiers en 2019. « Le tribunal administratif de Poitiers, dans les pas du rectorat, fait fi des décisions précédentes » indique le comité de…
- La classe -
« Presque toutes les violences entre élèves ont un fondement sexiste. Ce qui est perçu comme féminin, y compris le fait d’être bon élève, peut-être utilisé dans le harcèlement. (Eric Debarbieux) En ce mois de janvier 2023, le suicide de Lucas, victime de harcèlement homophobe, le rappelle hélas. Comment la communauté éducative peut-elle aider à favoriser…
Dans l’article « Je comprends mais je sais pas le dire. Le cas des élèves allophones » publié sur le site de l’APMEP – Association des Professeurs de Mathématiques de l’Enseignement Public, des pistes sont donnés aux enseignants et enseignantes pour adapter leur enseignement à l’accueil des élèves allophones. Catherine Mendonça Dias, Karine Millon-Fauré et Fiona…
- Les disciplines -
Le centre de recherches en cancérologie de Toulouse a mis en ligne une série de vidéos retraçant 10 années d’avancées médicales. Immunothérapie, thérapies ciblées et traitements des cancers du sein sont quelques exemples expliqués en format court. L’initiative a été relayée par le site académique de Toulouse. Ressource
La Société botanique de France et le Groupe d’Histoire des Forêts Françaises organisent le vendredi 27 janvier 2023 une journée de colloque sur le thème de l’introduction d’essences exotiques en forêt. « L’événement se tiendra dans le grand amphithéâtre de la Société Nationale d’Horticulture de France au 84 rue de Grenelle à Paris. Il s’adresse à…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud