Initier au pilotage de drones ses classes de 4ème, c’est le défi que s’est lancé Samson Akanni, professeur de technologie au Lycée international Jean Mermoz d’Abidjan (Réseau Mission Laïque Française) en Côte d’Ivoire. Ce projet pluridisciplinaire, qui a enthousiasmé les élèves, allie connaissances théoriques, manipulations en extérieur, et activités à visée professionnelle. Présent au Forum 2025 du Café pédagogique, Akanni Samson nous explique comment une telle entreprise a pu être possible…
Pouvez-vous situer votre projet et en définir les contours ?
Ce projet est mené en classes de 4ème en technologie, en plusieurs étapes sur une durée d’un an.
En premier lieu, les élèves installent sur Smartphone un logiciel de pilotage direct, et sillonnent avec leurs drones la cour de l’établissement. À la suite d’un travail en classe sur la définition des projets, ils sont chargés de réaliser des photos et vidéos aériennes dans l’établissement sur des thèmes choisis. Une étape de création des conditions d’un pilotage automatique est ensuite envisagée.
Pour terminer ces travaux, nous proposons d’établir des contacts, des visites d’entreprises aéronautiques pour y découvrir les aéronefs avec pilotes, et aller à la rencontre de professionnels du pilotage.
Ce cheminement pédagogique amène les élèves intéressés à se présenter au brevet d’initiation aéronautique (BIA), qui contient des questions variées relatives à l’aérodynamique et la mécanique du vol, la connaissance des aéronefs, la météorologie, la sécurité des vols, l’histoire de l’aéronautique et de l’espace…
Ce travail en 4ème est précédé, en 5ème, de la visite d’entreprises où ils découvrent les stations météorologiques, et les paramètres à prendre en compte pour réaliser leurs futurs vols de drones.
Quelles compétences y sont prioritaires ?
Ce projet insiste sur la capacité des jeunes à s’insérer dans un projet, à accéder à une forme d’autonomie pour réaliser seuls des actions sans l’intervention d’adultes. Ces compétences sont complétées par celles liées aux exigences techniques et visuelles des prises de vue, photographies ou vidéo, leur qualité, leur pertinence et leur cohérence par rapport au projet. Les compétences de codage, de création d’algorithme sont ensuite développées pour gérer et bâtir un pilotage automatique. Ils utilisent pour ce faire un logiciel de programmation des trajectoires de drones.
Sa mise en œuvre est-elle problématique ?
La mise en œuvre opérationnelle est facilitée par la mise à disposition de 6 drones. L’emploi du temps de la discipline à ce niveau est également facilitateur, car constitué de séances en classes entière mais aussi d’un horaire en demi-groupe, ce qui autorise une manipulation effective du matériel volant.
Un lien pédagogique existe avec les mathématiques, la physique et l’anglais pour la lecture de documents (compte rendus météorologiques, mode d’emplois…) et d’algorithmes qui utilisent souvent cette langue. Cette pratique est facilitée par mon expérience antérieure d’enseignement de la technologie dans le cadre d’un dispositif de discipline non linguistique, abandonné à ce jour.
Malheureusement le dispositif d’expérimentation d’enseignement intégré en sciences (EIST) a pris fin et ne nous permet plus véritablement de créer des ponts avec nos collègues de primaire.
Quel avenir pour ce projet ?
À l’avenir ce projet trouvera sa place en seconde où l’on passera de l’utilisation du langage de programmation graphique Scratch au langage Python, plus généraliste.
Propos recueillis par Jean-François Liaudois et Marie Soulié
Lien vers le site du Lycée Mermoz d’Abidjan
