Joie et soulagement à l’école Albert Camus : « L’école de la République, c’est l’école publique : on l’aime et on la défend »
À Tourcoing, la mobilisation de la communauté éducative a porté ses fruits. Lundi 16 juin, enseignants, parents d’élèves et la FSU-Snuipp ont partagé un goûter festif dans la cour de l’école Camus pour célébrer une victoire : le maintien de l’école publique REP+ dans ses locaux et celui de l’école privée dans les siens.
La décision initiale de la mairie d’accueillir une école privée dans une partie des locaux de l’école publique Camus avait provoqué une vive indignation. Personnel, parents et syndicats dénonçaient une attaque contre l’école publique, une décision précipitée et non concertée, ainsi que des conditions d’accueil fortement dégradées pour les élèves. Mardi 10 juin, une grève largement suivie avait mobilisé les personnels de l’école Camus maternelle et élémentaire, marquée par une mise en scène symbolique de cartons représentant un déménagement forcé.
« On est soulagés que cela s’arrête, ça tournait à la mascarade », confie Léa une enseignante. « On avait le sentiment qu’on nous chassait pour faire place à une école privée. Le privé, ce n’est pas une obligation, ce n’est pas indispensable. C’était difficile d’entendre ça de la part d’une mairie qui représente l’État. » Une professeure s’exclame : « On avait l’impression qu’elle voulait sauver l’école privée ».
Les opposants à la décision soulignent qu’aucune animosité n’était dirigée contre les élèves ou les familles de l’école privée, mais bien contre une décision jugée injuste.
La direction diocésaine fait le choix de maintenir l’école privée dans ses locaux
« La DDEC de Lille fait le choix de maintenir l’école Sainte-Clotilde de Tourcoing dans ses locaux actuels, pour préserver la sécurité de la communauté éducative » déclare la direction diocésaine dans un communiqué du 13 juin 2025. Elle évoque une série d’incidents et remercie la mairie de Tourcoing. La maire de Tourcoing dénonce des « actes de menaces, d’intimidation et de dégradation survenus à l’encontre des enseignantes et des familles », comme des jets de pierre et dégradations des voitures. Doriane Bécue condamne fermement ces actes et « la récupération politique » dans un courrier adressé aux parents d’élèves de l’école Albert Camus le 13 juin 2025. Dans son courrier, la maire de Tourcoing annonce ensuite une série de travaux dans l’école pour remplacer des fenêtres dans trois classes, de la peinture dans deux autres et du marquage au sol dans la cour.
Si la FSU Snuipp déplore la communication « calomnieuse » de la mairie, elle se réjouit de l’issue pour l’école publique Albert Camus. Pour Xavier Leroux , « quelques incidents isolés ont été exagérés ». L’école REP+ s’était mobilisée pour garder ses locaux et conditions d’enseignement, les personnels étaient grévistes le 10 juin. Une banderole affichait : « l’école de la République, c’est l’école publique : on l’aime et on la défend », une autre « privé logé, l’école publique sacrifiée ». Un rassemblement devant la mairie avait réuni une large communauté éducative en soutien à l’école publique. C’est une victoire pour le syndicat, qui rappelle que c’est une victoire collective. « Les élèves et les personnels de l’école publique ne seront pas sacrifiés grâce à la mobilisation des collègues et des familles » déclare la FSU-snuipp Nord le 13 juin.
La direction diocésaine remercie la mairie de Tourcoing
La direction diocésaine remercie la mairie de Tourcoing et ses services pour « leur engagement constant aux côtés de l’école, la seule en France à avoir été touchée par les émeutes de 2023 » car « la restauration (de l’école privée Sainte Clotilde) sera délocalisée dans l’école publique voisine », permettant un « réajustement du périmètre de l’école ». Il est ainsi précisé que les préfabriqués disparaitront et que le travail pour délocaliser l’école Sainte-Clotilde se poursuit.
L’école Sainte-Clotilde, la seule école de France touchée par les émeutes ?
Contrairement aux affirmations de la direction diocésaine de Lille, l’école Sante Clotilde n’a pas été la seule école touchée par les émeutes. Selon le décompte du ministère de l’Education nationale repris dans Le Monde le 22 aout 2023, « 250 établissements ont subi des dégradations. Parmi eux, soixante « ont fait l’objet d’un départ d’incendie » et « treize d’entre eux ont été particulièrement dégradés ». 5 établissements n’avaient pas pu rouvrir à la rentrée à Mâcon, Petit-Quevilly, La Verrière et Strasbourg.
Djéhanne Gani
