« Ce
clash (des civilisations occidentale et islamique) est en cours, même s’il
n’a pas encore eu vraiment lieu. Plusieurs éléments l’indiquent. Par
exemple, jusqu’à l’intervention en Irak, le phénomène des kamikazes se
limitait à un tout petit groupe de militants palestiniens du Djihad
islamique. Aujourd’hui, il s’est répandu en Irak, où l’on retrouve aussi un
autre type de comportement kamikaze, proche de ce qui a existé au Japon
pendant la Seconde Guerre mondiale : même si elles ne sont pas croyantes,
certaines personnes sont amenées à sacrifier leur vie pour défendre leur
nation. Dès qu’on a affaire à l’aggravation de la guerre, de la répression
du terrorisme, de la terreur militaire, un cercle vicieux de la haine, du
mépris, du rejet et du dégoût s’installe et, à ce moment-là, peut-être, une
guerre des civilisations contre laquelle il faut lutter. Comment lutter ?
Par la parole, par l’intelligence, par la conscience. Nous savons quels sont
les principes qu’il faut respecter : la compréhension d’autrui et la
reconnaissance du droit d’autrui. Il y a des époques, comme la nôtre, où il
y a très peu de dialogue possible. Je pense que nous entrons dans une époque
noire ». Interrogé dans le dernier Courrier de l’Unesco, Edgar Morin
évoque le dialogue des civilisations et dessine ces perspectives
pessimistes.
Courrier Unesco