Par François Jarraud
« Quand je suis entré au lycée professionnel, je ne m’attendais pas à être reçu à l’Elysée ! » Ce cri du coeur de Benoît Campas, un jardinier paysagiste, les 43 autres lauréats des Olympiades des métiers auraient pu le pousser. Vendredi 25 novembre, Nicolas Sarkozy les invite avec les meilleurs ouvriers de France dans la salle des fêtes du Palais de l’Elysée. Des dorures, du champagne, et beaucoup d’émotion pour ces jeunes particulièrement méritants. Et un peu de reconnaissance pour une voie de formation souvent méprisée.
L’ambiance fait penser au 14 juillet. Devant le Palais de l’Elysée, à 18 heures, c’est la France des artisans, souvent de province, qui piétine en attendant de franchir les contrôles de sécurité. On est content d’être là. On se sent probablement honoré mais pas déplacé. Cette rue du chic parisien fait sourire. Ce palais est aussi celui du peuple républicain. Et l’hôte n’échappe pas aux plaisanteries… On est venu endimanché, en famille et parfois entre collègues, participer à une cérémonie républicaine dont on affichera longtemps le souvenir dans la boutique ou dans son salon.
Dans son discours, Nicolas Sarkozy n’a pu s’empêcher d’opposer les bons et les mauvais jeunes. Rappelant que les lauréats des Olympiades des métiers ont ramené 3 médailles d’or, autant d’argent et autant de bronze, hissant la France au 5ème rang mondial et au 2d rang européen, le président annonce qu’il honore « le travail, l’effort, le dépassement de soi, la transmission des savoir-faire ». « C’est un message à toute la jeunesse », ajoute-il. » Ce n’est pas par moins de travail que l’on s’en sort. C’est au contraire par davantage de travail et d’effort ». Il rend aussi hommage à la voie professionnelle. « Pendant longtemps on a privilégié la seule voie académique considérée à tort comme la seule voie d’excellence. Ce fut un immense gâchis. J’ai essayé que la France tourne le dos à cette vision étroite ». N Sarkozy rappelle la réforme de la voie professionnelle et annonce une nouvelle impulsion pour l’apprentissage considéré comme une « voie d’ascension sociale ». Les aides à l’embauche de jeunes en alternance vont continuer à être exonérées de charges patronales. « Depuis 4 ans c’est pour vous que je me bats… Vous êtes les forces vives de la France, le peuple des travailleurs qui nous permettra de surmonter la crise », conclue le président.
« C’est une extraordinaire consécration d’être reçus par le président de la République », nous confie Marie-Thérèse Geoffroy, inspectrice générale et présidente de Worldskills France, l’organisme français qui organise les Olympiades des métiers. « Ce sont des jeunes qui n’ont pas fait un parcours académique. Vous avez vu leur talent. Ils n’ont pas peur du monde. 80% d’entre eux vont créer une entreprise ». Elle ajoute : « On peut avoir beaucoup d’espoir dans toute la jeunesse, pas seulement dans une seule ».
Tout au long des Olympiades, nous avons suivi Audrey Weber, médaille d’argent et aussi une des rares filles de ces olympiades. « Je me suis appuyée sur les Olympiades pour trouver de l’emploi et ça a marché », nous confie-t-elle. Compagnon du Tour de France, Audrey vient de quitter Angers pour Toulouse pour parfaire sa formation. De cette invitation à l’Elysée, Audrey tire un enseignement. « Cela va beaucoup aider la relève ». Audrey a raison. Ce vendredi soir la voie professionnelle a marqué des points.
François Jarraud
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