Print Friendly, PDF & Email

Par François Jarraud

“Quel que soit le gouvernement en place après les élections, il devra rétablir des conditions acceptables d’entrée dans le métier d’enseignant”. Outre ce message très clair à François Hollande, Daniel Robin, secrétaire général du Snes, en a lancé deux autres. Un à Luc Chatel à propos de la loi Grosperrin. Et un autre à Alain Boissinot, recteur de Versailles, qualifiant “d’escroquerie” les masters d’ enseignement en alternance mis en place dans cette académie.

“C’est une méthode scandaleuse” qu’utilise le gouvernement avec la loi Grosperrin, explique Daniel Robin. Après l’annulation, fin novembre 2011, par le Conseil d’Etat de l’arrêté sur la formation des enseignants, le gouvernement était invité à proposer un nouveau texte. Pour D Robin, il a fait le choix de la proposition de loi Grosperrin pour gagner du temps et imposer la suppression de toute formation professionnelle et des IUFM. Une méthode qui, pour le Snes, est probablement illégale. Peut-on mettre une proposition de loi en procédure d’urgence (dispositif prévu pour les projets de loi gouvernementaux) ? Peut-on mettre dans une loi ce qui relève du cadre réglementaire ? Au niveau des personnels, le Snes a déposé pas moins de 300 recours devant le tribunal administratif pour exiger des indemnisations pour les enseignants stagiaires illégalement privés de leur année de formation et pour obtenir le paiement des 10 heures de travail hebdomadaire qu’ils ont faites en trop. Les jugements ne devraient pas tomber avant un an. Mais s’ils sont positifs, la facture pourrait être salée pour le futur gouvernement !

Recrutement : Une nouvelle catastrophe en 2012 ? “L’éducation nationale n’a pas du tout anticipé les départs en retraite dans la société française et se retrouve maintenant en concurrence pour la forte demande en salariés très qualifiés”, explique D Robin. Les résultats ont été vus en 2011 quand 976 postes, dont 826 pour le Capes, n’ont pas été pourvus. Au regard des chiffres dont dispose le syndicat, le même scénario devrait se renouveler en 2012. Il y avait 7492 admissibles en 2011 pour 4881 postes, il y en a 6314 pour 4847 en 2012. Dans certaines disciplines le nombre d’admissibles est déjà inférieur au nombre de postes : 92 pour 170 en lettres classiques par exemple ou 95 pour 100 en éducation musicale. Ailleurs ce n’est guère mieux : 909 admissibles pour 733 postes en lettres modernes, 1183 pour 950 en maths. Combien passeront l’obstacle des oraux ?

Des mesures d’urgence pour François Hollande. Pour Daniel Robin, “dès la rentrée 2012 il faudra un geste pour faciliter l’entrée dans le métier des stagiaires” c’est à dire diminuer le nombre d’heures de cours qu’ils devront faire et améliorer leur formation. “Il faut que la formation des enseignants soit révisée en urgence avec des mesures significatives” et cela “quel que soit le gouvernement en place”. Pour faciliter le recrutement, “on ne s’épargnera pas une vraie revalorisation”, précise aussi Daniel Robin. Le Café avait souligné le silence de F Hollande sur cette question.

“L’escroquerie” des masters en alternance. Le Snes a tenu des propos très durs sur les masters d’enseignement en alternance mis en place dans l’académie de Versailles. Ils concernent une trentaine d’étudiants qui étaient admissibles en 2011 et détiennent un master 2 (en physique, SVTou EPS à Orsay) ou qui préparent le master 2 en maths (à Cergy). Pour le Snes, ce master ” a aggravé leurs conditions de formation”. Le Snes apporte une preuve : la moitié des admissibles en 2011 ne le sont plus en 2012. Leurs conditions de travail sont trop dures pour se préparer valablement au concours : 6 heures et plus d’enseignement par semaine, plusieurs classes et niveaux, des établissements souvent éloignés des universités. Mais le pire c’est “l’arnaque” dont ils seraient victimes. D’après le Snes, alors qu’ils enseignent depuis le 1er septembre, les étudiants n’auraient toujours pas de fiches de paie. On leur aurait concédé une “avance” de salaire en décembre. Le Snes dénonce “l’attitude indécente” du rectorat qui n’a respecté ni leur qualification, ni les promesses faites pour leur rémunération. Payés en dessous de leur diplôme, ils ne gagnent que 5 463 € par an alors qu’on leur a promis 6000.

Le Rectorat de Versailles, contacté par le Café, nous a promis des éclaircissements sur ces points. La proposition de loi Grosperrin est examinée par l’Assemblée nationale le 15 février.

François Jarraud

Liens :

Dossier de presse Snes

http://www.snes.edu/Formation-des-enseignants.html

Dossier loi Grosperrin

http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/modification[…]

Les stagiaires n’en peuvent plus

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/10/061[…]

Une péniche pour la galère

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/2[…]

Sur les masters en alternance

http://www.cafepedagogique.net/lemensuel/lesysteme/Pages/20[…]

Le point de vue d’Alain Boissinot

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/01/2001[…]

Dossier Formation des enseignants

http://www.cafepedagogique.net/lesdossiers/Pages/ReformeForm[…]

Recrutement : Un niveau jamais atteint

http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2011/10/101011_[…]