Par Béatrice Flammang
Grâce aux fouilles conduites dans le Rhône depuis plus de vingt ans, un passé fascinant refait surface à Arles. Le musée du Louvre expose les pièces les plus spectaculaires découvertes lors de ces vingt années de recherche. Parmi elles, un buste de César, le deuxième authentifié comme tel du conquérant de la Gaule. Mais est ce bien lui ? L’exposition » Arles, les fouilles du Rhône. Un fleuve pour mémoire » apporte des réponses à ces questions et à bien d’autres. Une exposition passionnante, pédagogique et ludique, à découvrir en famille ou avec ses élèves, jusqu’au 25 juin 2012.
Dès l’entrée, le visiteur plonge au fond du Rhône ! Des films sont projetés afin de restituer les conditions extrêmes dans lesquelles sont réalisées les fouilles dans ce fleuve impétueux et dangereux. Mais pourquoi avoir choisi le site d’Arles? Une grande carte géographique présente cette colonie romaine, fondée en 46 avant JC par Jules César. Arles, point de jonction de la navigation fluviale et maritime, et de la voie terrestre reliant l’Italie et l’Espagne, présentait toutes les conditions pour devenir un centre politique et commercial important. Mais les bancs de sable et les courants ont constitué des obstacles. Et les navires devaient être déchargés pour passer de la mer au fleuve. Combien d’embarcations se sont réellement échouées ? Actuellement une dizaine d’épaves ont été repérées, dont deux ayant livré des pièces d’une exceptionnelle richesse.
La première partie de l’exposition fait renaître le riche passé de l’Arles romaine: de l’imposante architecture de la ville, à son intense activité commerciale, en passant par la vie quotidienne et les pratiques de ses habitants. Chapiteaux, colonnes, statues, amphores, pièces d’orfèvrerie, lampes, armes témoignent du passé prestigieux de cette cité qui voulait rivaliser avec Marseille. Des objets rarissimes ont été découverts par ces fouilles subaquatiques, notamment des statues en bronze, matériau très peu conservé de cette époque, la plus belle pièce étant ce « gaulois captif » d’une facture et d’une qualité d’exécution exceptionnelles. L’exposition très pédagogique présente les techniques antiques de fonte, les techniques modernes de restauration, et toutes les expertises menées pour identifier et interpréter ces objets retrouvés dans un contexte complexe.
Mais la star de l’exposition attend le visiteur : un buste de Jules César découvert en 2007. Mais est ce bien lui ? Un débat passionnant s’ouvre, car malgré les descriptions littéraires, aucune sculpture ne porte une inscription antique permettant une identification certaine. Seules des monnaies frappées de son vivant le représentent. Ce buste réalisé par un artiste de talent est scientifiquement daté des années 50 à 30 avant JC, contemporain de la fondation d’Arles. Il est exposé pour la première fois à coté de son grand rival, « le César de Tusculum » prêté par le musée antique de Turin, l’unique buste du conquérant, identifié comme tel, jusqu’à la découverte en 2007 du buste d’Arles. La confrontation de ces deux portraits constitue un véritable événement scientifique. Est ce bien le même homme? Il y a des similitudes …et des différences ! Le débat ne fait que commencer et les spécialistes s’affrontent.
L’exposition se termine par les projets d’avenir des fouilles, qui loin d’être arrêtées ,se poursuivent vers l’embouchure du Rhône et la mer où des épaves ont été repérées. Le fleuve tumultueux n’a pas fini de livrer ses trésors engloutis! Des conférences présentent les avancées scientifiques et archéologiques et le bilan des études menées par les experts à partir de ces trésors inestimables.
Les visites scolaires
Elles doivent obligatoirement être réservées. Elles peuvent être autonomes ou avec un médiateur. Les visites autonomes sont gratuites. L’équipe de la médiathèque peut aider à la préparation de la visite et apporter une aide documentaire personnalisée.
En famille
L’entrée au musée donne droit à l’exposition. Les jeunes de moins de 18 ans accèdent gratuitement au musée et à l’exposition. De même les enseignants titulaires du pass éducation.
Béatrice Flammang
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