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V. Peillon a-t-il sauvé la refondation ? Si la crise des rythmes scolaires semble en voie de trouver une solution, les difficultés financières pourraient rattraper la refonte de l’Ecole.

Où en est aujourd’hui la refondation ? La question des rythmes scolaires semblait sur le point de détourner les enseignants du primaire de la refonte voulue par V Peillon. Le ministre semble avoir trouvé une porte de sortie en remettant la question des horaires en débat et en invitant les parties prenantes au dialogue. Mais les questions de financement sont-elles résolues ? Il va bien falloir trouver à la fois les moyens pour financer le périscolaire des collectivités locales et la compensation du travail supplémentaire des enseignants.

C’est cette question financière qui semble talonner sans cesse le ministre. Avec un budget officiellement alourdi de 2 milliards mais en fait avec seulement 300 millions supplémentaires, le ministre a peu de marge de manoeuvre pour soulever les obstacles générés par une réforme ambitieuse.

Or depuis septembre, les mauvaises nouvelles s’amoncellent. Elles rendent chaque semaine les prévisions budgétaires moins sures. Reprenons celles de ce mois de novembre. Le gouvernement a du décider 10 milliards d’économies pour 2014 dans le cadre du Pacte de compétitivité . Au même moment, les prévisions de l’Union européenne pour 2013 annonçant une croissance plus faible que prévu devraient conduire le gouvernement à dégager encore 5 à 7 milliards inattendus. En 15 jours ce sont donc deux solides tours de vis qu’il faut envisager. Et rien ne dit que de nouveaux incidents ne viennent encore imposer au gouvernement français de nouvelles contraintes.

Or les grandes lignes de la refondation datent d’une autre époque. Certes la concertation est récente. Mais elle même a été préparée bien en amont à l’intérieur du PS, dans la dialogue entre ce parti et ses partenaires et même par des évolutions sociales bien avant l’élection de F Hollande. Les rythmes scolaires en sont un bon exemple. Certes la concertation a recadré les choses. Mais elle avait été préparée par le projet socialiste sur l’Ecole et aussi par le comité mis en place par Luc Chatel où déjà se retrouvaient bien des acteurs.

A l’évidence les arbitrages d’hier sont de plus en plus insupportables financièrement. Le tempo de la refondation semble chaque jour de plus en plus décalé avec le rythme des finances publiques. Pour combien de temps encore les deux calendriers pourront-ils cohabiter sans ajustement ?

François Jarraud