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« Il faut donner du temps à la concertation ». Pressée dans un premier temps de porter le changement, la FSU semble aujourd’hui vouloir ralentir le rythme des réformes dans la formation des enseignants également. C’est le sens de la création le 9 janvier d’un « Observatoire de la formation des enseignants », qui double le Comité de suivi ministériel des Ecoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espé), ces structures qui remplacent les IUFM.

« Les conditions d’ouverture des ÉSPÉ et la mise en place de la nouvelle la réforme placent, dans toutes les académies, les étudiants, les formateurs et les autres personnels face à de nombreuses difficultés« , écrit B Groison, secrétaire générale de la FSU. « L’observatoire de la FSU a pour enjeu, en s’appuyant sur les témoignages des formateurs et étudiants, d’avoir en temps réel une photographie de la situation, pour alerter les ministères et l’ensemble de la communauté éducative, et pour continuer à porter des propositions alternatives. Il permettra d’être à l’écoute des personnels et des étudiant(e)s, de travailler à recueillir des statistiques fiables, d’alimenter les réflexions du comité de suivi et de faire des propositions pour faire évoluer la réforme de la formation ».

Réunis à Paris pour l’installation de l’Observatoire, les militants des syndicats FSU d’enseignants et d’inspecteurs ont fait le point sur les difficultés rencontrées dans les Espé. Ils dénoncent principalement l’absence de cadrage national de la formation qui fait qu’elle est très variable d’une université à l’autre. Puisque les universités délivrent les masters, la masterisation a mis la formation des enseignants dans la main d’universités autonomes. Alors que, devant le Sénat le 8 janvier, Sophie Génelot et Antoine Prost évoquaient le conflit entre les UFR et les Espé, il n’y a pas , selon la FSU, de guerre entre universitaires disciplinaires et formateurs des Espé. Mais dans un contexte de pénurie, les universités ont pris une partie des moyens et tardent à créer les emplois nécessaires. « Des équilibres restent à trouver » à l’intérieur de chaque Espé.

L’Observatoire devrait donc militer pour donner du temps à la réforme. « Il faut davantage de temps de concertation », estiment les militants de la Fsu. Ils dénoncent une mise en place précipités, faussant même le fonctionnement institutionnel des écoles. « Les maquettes des masters sont pleines de trous », soulignent-ils. « Elles n’ont pas de cohérence globale. Nous préparons les étudiants sans connaitre les sujets des concours ».

Les syndicats soulignent aussi les difficultés des structures universitaires à épouser la culture du scolaire. Quelle place pour les inspecteurs ? Pour les maitres formateurs du primaire ? Quelle formation pour les PLP ? L’idée d’une formation en tronc commun des différentes catégories d’enseignants , idée forte de la professionnalisation de la formation, semble bien enterrée. Pour les syndicats FSU, réunir en même temps les candidats aux différents concours n’a pas de sens. Il faut porter les connaissances du tronc commun dans les enseignements propres à chaque catégorie.

François Jarraud

L’observatoire