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Pas moins de 4 nouvelles études attaquent la procédure d’affectation des élèves dans les lycées. Trois d’entre elles sont dévoilées le 2 juillet. Elles ont été réalisée pour l’Observatoire de la mixité sociale et de la réussite scolaire du Conseil régional d’Ile-de-France. La dernière est publiée dans la Revue économique. Toutes interrogent la procédure Affelnet au moment où justement les familles saisissent leurs derniers voeux.

Réalisée par Victor Hiller et Olivier Tercieux (Paris 2 et PSE), publiée dans la Revue économique n°65, une première étude analyse le modèle même d’Affelnet et le compare à d’autres modèles théoriques d’affectation. Selon les auteurs, la procédure « possède deux défauts majeurs : d’une part, dans l’ensemble des procédures stables, c’est celle qui conduit à la moins bonne affectation du point de vue des élèves ; d’autre part, la procédure Affelnet ne respecte pas les priorités : si un élève obtient une plus haute priorité dans tous les lycées (grâce à de meilleurs résultats scolaires, par exemple), il peut s’en trouver pénalisé dans son affectation finale ». Si l’élève améliore ses résultats par exemple, il peut se retrouver affecté dans un établissement qu’il juge moins bon.

Pour les auteurs, qui s’appuient sur une batterie de simulations, c’est l’algorithme même d’Affelnet qui n’est pas bon. Ils signalent que  » quel que soit le mécanisme d’affectation choisi, le fait que les parents ne puissent lister qu’un nombre limité d’écoles a des conséquences négatives en termes de non-affectation et de manipulabilité. cela pose aussi un véritable problème d’équité dans la mesure où tous les parents ne sont pas égaux devant les possibilités de manipulation du système. Les parents les mieux informés ou ayant les ressources pour acquérir de l’information disposent d’un avantage non négligeable dans la mise en place de ces stratégies de manipulation ». Ils proposent donc d’élargir la liste de voeux. Ils demandent aussi pour les mêmes raisons l’abandon du premier voeu valorisé. Enfin ils proposent un autre modèle d’affectation, basé sur un algorithme différent qui permettrait de respecter les priorités.

Trois études présentées par l’Observatoire de la mixité sociale et de la réussite scolaire du Conseil régional d’Ile-de-France attaquent la procédure sous l’angle des inégalités sociales. Son Thierry Ly, Éric Maurin et Arnaud Riegert ont travaillé sur le rôle des établissements dans la ségrégation sociale. Leur première conclusion c’est que  » l’intensité de la ségrégation entre classes d’un même établissement s’explique davantage par l’absence de politique visant à la mixité au sein des établissements que par l’existence de politique implicitement ségrégative de la part des chefs d’établissements ». Pour autant les politiques ségrégatives existent aussi. Elle utilisent le jeu des options dans l’affectation des élèves pour regrouper les « bons élèves » dans les mêmes classes.  » 35 % des collèges et 23 % des lycées répartissent leurs « bons » élèves de manière systématiquement déséquilibrée entre les classes », affirment les auteurs.

Gabrielle Fack, Julien Grenet et Asma Benhenda (Institut des politiques publiques) présentent une étude qui suit les résultats d’Affelnet dans les lycées franciliens.  » Les résultats de l’étude indiquent que les différentes académies ont mis en place des règles d’affectation très différentes à la suite de l’assouplissement de la carte scolaire », écrivent les auteurs. « Alors qu’à Créteil et Versailles, le critère géographique continue de jouer un rôle prépondérant, l’académie de Paris a choisi de mettre en oeuvre un système de choix scolaire régulé tout en adoptant une politique de discrimination positive ambitieuse en faveur des élèves les plus défavorisés socialement, à travers l’instauration d’un bonus spécifique pour les élèves boursiers » . Dévoilée par Le Monde, l’étude montre que la politique menée à Paris a réussi à améliorer la mixité sociale même si l’usage des notes dans la procédure Affelnet continue à entretenir l’existence de lycées de niveaux différents.

Le point commun de ces travaux c’est pour la première fois d’observer de près les mécanismes d’exclusion sociale à l’oeuvre dans le système éducatif français. Ce n’est pas par hasard si trois des études sont effectuées par la région Ile-de-France. Sa vice-présidente, Henriette Zoughebi a créé l’Observatoire de la mixité sociale et de la réussite scolaire parce qu’elle entend bien casser l’omerta et agir concrètement pour lutter contre la ségrégation sociale à l’école. Les premiers résultats concrets de ce travail lancé en 2011 arrivent maintenant. Et ils ne passent pas inaperçus..

François Jarraud

Suivez en direct la réunion de l’Observatoire sur le fil Twitter du Café pédagogique le 2 juillet au matin. Le fil Twitter

Article Revue économique

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