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Il y a du soulagement dans l’air. Réuni le 26 août, en pleine crise ministérielle, le Sgen semble satisfait du départ de Benoît Hamon. Pour le syndicat, même si le climat est difficile dans les établissements, le nouveau gouvernement va pouvoir aller au bout de la refondation de l’Ecole. C’est le dégel ?

« Il faut aller au bout des transformations de l’Ecole », affirme Frédéric Sève, secrétaire général du Sgen Cfdt. Alors que l’incertitude règne sur le successeur de Benoît Hamon, le Sgen ne s’apitoie pas sur la chaise vide et ne semble pas regretter Benoît Hamon. « Sa feuille de route consistait à mettre sous le boisseau la transformation de l’école. On l’a vu dans le décret sur les rythmes par exemple », explique F Sève. « C’était l’illusion du ministère Hamon de croire qu’on peut mettre les dossiers sous le boisseau ». Or pour le Sgen « l’école française évolue rapidement et il faut assumer ces évolutions ».

Le Sgen attend visiblement de la nouvelle ministre un dégel des réformes. « Il faut gagner du sens », affirme F Sève. « Quand on ne va pas au bout d’une évolution on crée une contradiction et les personnels en pâtissent ». Parmi les dossiers laissés en suspens par B Hamon, le syndicat souligne la réforme du collège, le bilan de la réforme des lycées , la gouvernance du supérieur, l’évaluation des enseignants, les fins de carrière. « On avait l’assurance sous Peillon que ces dossiers s’ouvriraient un jour ». Ce jour là est-il venu ?

Le premier dossier urgent pour le Sgen c’est celui des conditions de travail très dégradées au primaire. De façon inattendue, le Sgen affirme qu’il faut réduire le nombre d’élèves par classe. Un sondage effectué par le syndicat au printemps 2014 avait montré un fort mécontentement des professeurs des écoles et des relations très dégradées avec la hiérarchie. Mais pour le Sgen, réduire les effectifs élèves par classe ne vise pas que le bien être des enseignants. C’est aussi le concept de classe qui est rejeté par le syndicat. « Il faut donner aux acteurs locaux une palette de moyens » pour faire face aux difficultés scolaires, dit F Sève. Le Sgen refuse d’opposer réduction du nombre d’élèves et maitres surnuméraires. « La réduction des effectifs n’est pas l’alpha et l’oméga ». « Pour une partie des enseignants la question des effectifs est une vraie cause de difficultés au travail », explique Michelle Zorman. « Mais on sait que les résultats des élèves ne sont pas influencés que par les effectifs. On est séduit par le « plus de maitres que de clases » car cela brise le carcan de la classe ». Visiblement on ne déteste pas la complexité au Sgen…

La certitude du Sgen c’est que ce n’est pas en arrêtant les réformes que l’on va mettre fin au malaise des professeurs. Faire la politique de l’autruche ne fait que créer des difficultés supplémentaires dont souffrent finalement les enseignants. « On ne peut pas réduire le malaise enseignant à une position vis à vis des réformes », explique F Sève. « On passe notre temps à recevoir des réformes contradictoires. C’ets quelque chose que l’on paye ». A quelques semaines des élections professionnelles , le Sgen ne voit pas de contradiction entre reconnaitre le malaise enseignant et l’urgence de relancer la refondation.

François Jarraud

Le sondage Sgen de mai 2014