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 » Il ne s’agit pas pour nous d’écrire des programmes de plus mais bien de participer collectivement à la refondation de l’école ». Eléonore Bonnot, Patrick Lamouroux, Gaël Pasquier, Christine Passerieux et Catherine de Revière sont tous membres du Groupe de travail qui a élaboré le projet de programme de l’école maternelle. Dans cette tribune, confiée au Café pédagogique, ils soulignent les insuffisances du projet de programme et invitent les enseignants à améliorer un texte qui  » nécessite d’être retravaillé par l’ensemble de la communauté éducative » dans un esprit d’intégration de tous les enfants et particulièrement ceux qui sont éloignés de l’école.

L’école maternelle ne permet pas à tous les enfants de construire une posture d’élève et d’entrer dans les apprentissages scolaires. Ce constat est aujourd’hui largement partagé. Cette réduction des inégalités de réussite scolaire était au centre des préoccupations lors de la rédaction du projet de nouveau programme de l’école maternelle.

A nos yeux, non seulement ce texte est perfectible mais nécessite d’être retravaillé par l’ensemble de la communauté éducative, au service de cette exigence de réussite de toutes et tous. Il s’agit pour nous de gagner en efficacité, en cohérence, en précision, de manière à faire de ce futur programme un outil opérationnel de construction d’une école véritablement démocratique.

Parce qu’il ne suffit pas de le décréter pour que cela soit effectif, le texte cherche à définir les conditions permettant de mettre en actes la loi d’orientation qui stipule que « tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser». La mission de l’école maternelle est en effet de doter tous les enfants, en particulier ceux qui n’ont que l’école pour entrer dans les apprentissages scolaires, des outils pour comprendre ce qu’elle requiert. Devenir élève exige du temps, relève d’une construction longue et n’est aucunement naturel ni spontané. La forme scolaire n’est en rien évidente pour tous, même si elle est plus familière à certains, ce qui nécessite de rendre lisibles les attendus de l’école et les conditions pour les atteindre. C’est le rôle de l’école maternelle que d’outiller tous les enfants, quelle que soit leur histoire, pour qu’ils apprennent à questionner le monde, réfléchir avec les autres, comprendre dans tous les domaines et sans hiérarchie entre ceux-ci. En bref appréhender le monde avec un œil critique, pour y mettre en œuvre progressivement leur capacité d’agir.

Le projet de programme doit donc prendre en compte conjointement une conception des contenus à transmettre et des modalités pour y parvenir. Il est actuellement présenté sous la forme de deux textes, l’un court qualifié de « programme », l’autre long intitulé « programmes et recommandations ». Seul le « projet de programmes et recommandations » est susceptible de répondre aux exigences d’une véritable refondation. C’est à partir de ce texte qu’il nous semble nécessaire de retravailler pour affiner les objectifs, les conditions et les moyens pour rendre possible la réussite de tous les élèves. Une réflexion collective de l’ensemble des professionnels est ainsi nécessaire sur l’ensemble des domaines d’apprentissages : de celui du langage, enjeu prioritaire de l’école maternelle, car on sait qu’il est particulièrement discriminant pour les enfants les moins familiarisés avec l’univers scolaire, jusqu’à celui de l’exploration du monde vivant, de la matière et des objets. Il ne s’agit pas pour nous d’écrire des programmes de plus mais bien de participer collectivement à la refondation de l’école.

Eléonore Bonnot, Patrick Lamouroux, Gaël Pasquier, Christine Passerieux et Catherine de Revière

Membres du groupe chargé de l’élaboration d’un projet de programme pour l’école maternelle

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