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L’annonce de la nouvelle politique de répartition des moyens est-elle à même de répondre aux attentes ? S’agit-il vraiment d’une rupture ? Il semble bien que N Vallaut-Belkacem ne révolutionne pas l’éducation nationale.

« L’objectif que je me suis fixée est à la fois extrêmement simple et profondément ambitieux : faire reculer les déterminismes sociaux dans l’école… Notre école exacerbe aujourd’hui les inégalités sociales alors même qu’elle a pour mission d’offrir à tous les mêmes chances de réussite. Comment pourrons-nous construire la République de demain si nous donnons aux jeunes générations l’image d’une société qui, non seulement ne leur donne pas les mêmes chances, mais accroît les désavantages initiaux ? Je veux mobiliser la Nation autour d’une priorité : plus d’égalité pour la jeunesse. Je veux faire de ma politique éducative une politique publique au service de l’égalité et de la solidarité. » Les propos volontaires de la ministre se traduisent-ils dans les faits ?

La nouvelle répartition des postes montre certes des changements dans quelques académies soumises à de pressions démographiques importantes comme Montpellier ou Aix-Marseille. Il y a un effort théorique pour Créteil. Mais globalement la ministre n’a pas révolutionné la répartition des moyens. Dans 12 académies il n’y a même aucun changement sensible y compris dans des académies importantes comme Toulouse ou Versailles au primaire.

Les nouveaux moyens des Rep répondent-ils au besoin ? Il y a pour la première fois une prise en compte effective des équipes pédagogiques. Mais l’effort de formation sera long à mettre en place faute de formateurs. Il n’y a toujours aucune incitation sérieuse à aller en Rep . Par conséquent le recrutement reposera toujours sur des professeurs débutants.

La ministre est restée dans la fourchette de Rep qu’elle s’était fixée. De nombreux collèges et écoles mobilisés actuellement ne vont pas être satisfaits. Ils ont le sentiment de rester sur le carreau de façon injuste et craignent la dislocation des équipes et des projets. Certains se sentent sanctionnés pour avoir réussi à redresser leur école. Quant aux lycées ZEP, ils sont pour le moment totalement oubliés.

En réalité beaucoup va dépendre de l’application des directives ministérielles sur le terrain. Ce sont les recteurs et les Dasen qui peuvent faire de cette réforme un vrai instrument de changement ou maintenir les inégalités en état. Par tradition, par facilité, par choix politique, il est possible qu’ils choisissent la stabilité.

Il y aussi des mesures que la ministre n’a pas prises. Il n’y a pas de remise en question réglementaire des CPGE ou des options, un outil efficace pour dégager des moyens. Il n’y a pas de diminution effective du nombre d’éleves par classe. Longtemps rejetée, le ministère vient pourtant de reconnaitre la validité de cette démarche pour faire réussir les élèves. Aucune mesure non plus contre la ségrégation sociale dans les établissements. C’est pourtant un levier important de réussite pour la grande majorité des élèves. Le système continue à tourner en faveur des 10% d’enfants les plus favorisés. Que les autres se débrouillent.

François Jarraud