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Quelle rentrée dans la « seconde priorité » de JM Blanquer ? Alors que l’intersyndicale de l’enseignement professionnel doit se réunir le 11 septembre, Sigrid Gérardin, co secrétaire générale du Snuep Fsu, fait le point sur la rentrée et les réformes annoncées par le ministre. Le Snuepp attend au moins 5000 suppressions de postes dans les lycées professionnels (LP).

L’enseignement professionnel est pris entre deux feux : la réforme de l’enseignement professionnel présentée par le ministre au printemps et la loi sur la formation professionnelle adoptée cet été. Quel regard jetez vous sur la réforme des lycées professionnels ?

C’est une réforme très dangereuse. Elle va détériorer les parcours scolaires des élèves et entraver leur réussite dans le supérieur et leur insertion professionnelle. En regroupant les classes de seconde par famille de métier on repousse la spécialisation en première. Cela réduit le bac professionnel à 2 ans au lieu de 3. Il était à 4 ans il y a peu. Cela veut dire que les élèves auront moins d’enseignement professionnel et aussi d’enseignements généraux.

Mais à cela s’ajoute en plus la réduction des horaires d’enseignement. On va perdre 380 heures en bac pro et 200 en CAP, particulièrement en enseignement général. Par exemple la seconde langue perd 62% de son horaire. Cela va mathématiquement réduire les postes. On a calculé qu’au moins 3500 vont disparaitre dès la mise en place de la réforme. Par ailleurs le ministère annonce 1500 suppressions dans la seule filière GA.

Que se passe t il avec ce bac ?

Il y a eu une réunion cet été au ministère. Le ministère annonce une réduction des places de 50% dans cette filière. On ne sait d’ailleurs pas où vont aller les 40 000 élèves que représente cette amputation. Rien ne semble prévu pour les accueillir.

Du coté des enseignants cela concerne 4700 professeurs. Que vont ils devenir aussi ? Le ministère annonce 1000 départs en retraite non remplacés et 500 contractuels non renouvelés. Es objectifs ont déjà été envoyés dans les académies. Les personnels vont subir la réforme sans plan de reconversion.

Le ministre a annoncé une hausse du nombre d’élèves en LP à cette rentrée. Qu’en est il ?

Il n’y a pas de hausse. Il y a eu plus de demandes mais les structures n’ont pas changé. Il n’y aura pas plus d’élèves.

JM Blanquer a annoncé l’ouverture de classes passerelles vers le BTS pour les bacheliers pros qui n’auront pas de place à l’issue de Parcoursup. Qu’en pensez vous ?

C’est en lien avec Parcoursup qui laisse sur le carreau de nombreux bacheliers professionnels même quand il sont un avis favorable du conseil de classe. JM Blanquer a annoncé 2000 places en classes passerelles. La mesure n’est pas financée à cette rentrée : les rectorats ne proposent que des heures supplémentaires pour enseigner dans ces classes. Il n’y a pas de cadrage national sur la formation donnée. Ce sont des formations ni diplomantes ni qualifiantes et qui ne donnent pas le droit d’entrer en BTS l’année suivante. Si le ministre était vraiment « le ministre des bacheliers professionnels », il ouvrirait des places en BTS…

La loi sur la formation professionnelle a modifié les règles d’attribution de la taxe d’apprentissage qui est versée aussi aux L.P.. Leur financement vous semble t il assuré ?

On est très inquiet sur ce point. D’abord parce que la taxe versée va diminuer globalement d’un tiers ce qui va impacter les lycées. Et on sait que les régions n’auront plus les crédits nécessaires pour aider les L.P.

Des établissements sont mobilisés à cette rentrée ?

Pas à notre connaissance. Mais on va informer la profession. On a posé des heures d’information syndicale dans tous les lycées professionnels le 18 septembre. On invite les enseignants à y participer.

Propos recueillis par F. Jarraud

Quel avenir pour les lycéens professionnels ?