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Cyril Delhay a remis à JM Blanquer son rapport sur le « grand oral » retenu pour le prochain baccalauréat. Cet enseignement évalué à l’examen final reste dépourvu de tout horaire et même, souvent, de professeur capable d’y préparer. Cyril Delhay propose des solutions qui semblent peu susceptibles de devenir réalité, comme dédier une heure des enseignements de spécialité, qui ont déjà des programmes chargés, à l’enseignement de l’oral.

Clichés

« L’enjeu pour l’École républicaine est de concentrer l’effort sur l’apprentissage d’une parole instruite et questionnante, nourrie par un corpus, exigeante et d’autant plus exigeante qu’elle aura pour souci de prendre en compte l’altérité dans son élaboration comme dans son adresse. L’oral enseigné par l’École doit donner des outils pour sortir de l’entre-soi, de tous les entre-soi ». Le rapport de Cyril Delhay n’évite aucun cliché, comme si l’enseignement de l’oral allait annuler la ségrégation scolaire.

Autres clichés : il est question d’enseignement explicite de l’oral, en fournissant un « corpus de supports au service de l’oral de l’école primaire au collège et au lycée ». L’auteur n’oublie pas de mobiliser les neurosciences pour justifier cet enseignement.

Boucher le trou du 3ème trimestre de terminale

Oui mais voilà : comment enseigner l’oral alors qu’aucun horaire n’est prévu pour lui ? « Dans chaque établissement du second degré, il serait bon que des référents volontaires de l’oral soient identifiables à chaque niveau d’enseignement. Ils auraient la charge de coordonner les projets de l’établissement en matière d’oral et leur progressivité tout au long du cursus en veillant à fédérer les talents et les énergies », répond C Delhay. Il est question aussi de demi journées dédiées plusieurs fois dans l’année.

Au lycée, « il est recommandé que l’épreuve orale fasse partie du contrôle continu de l’année de terminale en spécialité ; il pourrait être utile qu’une heure au minimum, sur les six heures hebdomadaires de spécialité, soit fléchée pour sa préparation, ce temps d’enseignement se répartissant entre entraînements réguliers au long cours et entraînements intensifs au troisième trimestre ».

On comprend alors que le grand oral vient de trouver son horaire : c’est le bouche trou entre les évaluations incessantes au controle continu et l’épreuve de fin d’année du bac.

Une épreuve sociale ?

Quand au grand oral du bac, le rapport donne les étapes de l’épreuve : 5 mn de présentation du sujet choisi par le candidat, 10 mn de dialogue et 5 mn de conclusion.

Le grand oral ressemble alors à un TPE dont on n’aurait retenu que la phase finale en se désintéressant de sa préparation , étape la plus formatrice. Le grand oral suppose des capacités d’élocution , une aisance et une langue dont on sait bien qu’elle est le rapport avec l’origine sociale. Mais il ne sera préparé que sur le 3èmle trimestre de terminale.

Présenté comme un outil pour vaincre l’entre soi et les inégalités, le grand oral semble bien parti pour installer dans le bac une nouvelle épreuve socialement distribuée.

F Jarraud

Le rapport