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Rappelons nous 2009, la grande peur du H1N1, une forme virulente de la grippe. Elle avait porté un éclairage violent sur l’école au point que certains avaient promis sa disparition ou sa transformation. La peur du coronavirus est encore maitrisée cette semaine. Mais dans un mois ?

Aucun cas de coronavirus n’a encore été détecté dans les écoles américaines mais déjà elles s’organisent contre l’épidémie, explique Education Week. En Floride, un groupe de 30 lycéens et 3 enseignants ont été enjoints de rester à la maison après leur participation à un événement où un étudiant chinois a déclaré de la fièvre. Une école de Philadelphie a mis fin à un échange avec la Chine et c’est aussi ce qu’a fait un secteur scolaire de Virginie. A Chicago les écoles ont commencé à diffuser des consignes auprès des élèves et des parents : se laver les mains, désinfecter, mettre un masque etc.

Rappelons qu’en 2009, le système éducatif français avait été touché de plein fouet par la panique, quelques semaines après les Etats Unis. Le 18 août, Luc Chatel présente un plan national avec envoi de circulaires aux chefs d’établissement. Dès la rentrée, des brochures sont distribuées aux familles pour expliquer les raisons d’une éventuelle fermeture d’établissement et présenter les gestes pour se protéger. Les élèves, de la maternelle à la terminale, sont informés de ces gestes, comme se laver les mains plusieurs fois par jour pendant 30 secondes. Si le chef d’établissement constate chez plusieurs élèves des symptômes grippaux, « le directeur d’école ou le chef d’établissement en informe les autorités sanitaires locales. En attendant leur prise en charge médicale, il fait placer les élèves concernés dans un lieu écarté des activités collectives et prévient leurs parents. Il avertit également l’ensemble de la communauté éducative (parents, élèves, personnels) de la situation et des mesures mises en œuvre pour éviter la propagation du virus ».

Le gouvernement organise la « continuité pédagogique » : le ministère a prévu la diffusion sur France Culture de 288 heures d’émission éducatives et sur France 5 de 264 heures, soit 5h30 par jour, 4 jours par semaine durant 12 semaines. « Pour les collèges et les lycées, des enseignants référents assureront des permanences dans l’établissement ». Ils seront en contact avec les élèves et assureront le relais avec les enseignants. Enfin « l’académie en ligne » proposera des cours pour tous les niveaux sur Internet.

En fait, toutes ces mesures révèlent le sous équipement sanitaire des écoles et établissements.  » Comment, par exemple, dans un établissement ordinaire, chaque élève pourrait-il passer 30 secondes à se laver les mains quand on sait qu’il n’y a souvent qu’un seul lavabo pour 100 ou 200 élèves ? Avec quel produit d’ailleurs le faire ? Comment obliger les élèves à se moucher dans du papier quand on ne dispose pas de stocks ? Comment mettre en quarantaine un élève quand l’infirmière est sur 2 ou 4 établissements ? Comment apprendre à éternuer avec retenue quand le crachat est banal ? », écrivions nous.

Certains voient dans la pandémie une occasion de faire avancer l’école par exemple en développant l’école à distance. JM Fourgous, chargé par le premier ministre F Fillon d’une mission demande un milliard pour rattraper le retard en équipements. Certains voient dans l’épidémie l’occasion d’une profonde transformation de l’école.  » Si le confinement se poursuit pendant plusieurs mois (qui sait ?), la diversification des pratiques effectives des élèves et des familles s’intensifiera. C’est un système totalement individualisé qui progressivement se mettra en place, de façon empirique et non régulée. D’uniforme, l’école deviendra hybride », écrit Alain Bouvier.  » Un jour le confinement cessera et… tout ne reviendra pas dans l’ordre précédent… Pendant des semaines, les élèves et leurs familles auront inventé, construit et fait fonctionner une autre école. Certes, pour l’enseignement primaire dont les fonctions sont autant sociales que cognitives, les familles rescolariseront leurs enfants, mais elles chercheront de nouveaux équilibres avec les enseignants… L’avenir sera bientôt dans des systèmes scolaires pluriels et hybrides ».

L’Etat dépense près d’un milliard en vaccinations, une bonne affaire pour les laboratoires puisque 9 millions de doses restent inutilisées. En janvier 2010 il faut se rendre à l’évidence : l’OMS a exagéré le risque. Finalement l’Ecole française n’a pas muté…

F Jarraud

Sur Edweek

2009 : la grippe une opportunité éducative ?