L’Expresso du 16 décembre 2022
- Le fait du jour -
« On a appris à vivre le deuil ensemble ». Comment l’École a-t-elle vécu la double vague d’attentats de 2015, Charlie en janvier, Bataclan en novembre ? Historien des rapports entre l’École et les guerres, Emmanuel Saint-Fuscien étudie les réactions officielles et sonde les âmes des responsables, des enseignants et des élèves dans un livre,…
La réforme du lycée aura-t-elle une fin ? Arrachée au ministère sous la pression des associations de spécialistes, mais aussi des milieux économiques, la 20ème modification (sans tenir compte de celles liées à la crise sanitaire) apportée au lycée général a été présentée au Conseil supérieur de l’éducation le 15 décembre. Le Café pédagogique s’est…
- Les disciplines -
« Ils ont pas l’impression d’être en cours et ça fonctionne mieux ». Jimmy Pourcelot enseigne les lettres et l’histoire-géographie en lycée professionnel à Avon (77). Il utilise le jeu « Arrêtez les catastrophes » pour un apprentissage réaliste de la gestion des risques. Gérer un risque naturel « Ils se rendent compte qu’aménager n’est pas facile ». Avec…
Enseigner est parfois l’occasion de vérifier la qualité de sa formation initiale. Or, je ne me souviens pas d’avoir eu, durant mes études de l’hypokhâgne à l’agrégation entre 1975 et 1980, le moindre propos d’un professeur sur Alexandre de Humboldt (1769-1859). Il n’y en avait que pour Vidal de La Blache, éventuellement son gendre De…
- L'élève -
Vous êtes invité mercredi 11 janvier 2023, à la Fondation Cartier, pour découvrir la nouvelle exposition temporaire, « La Vallée ». L’artiste, Fabrice Hyber, a conçu l’événement comme une exposition-école, symbolisant à la fois un lieu de d’apprentissage et un espace d’expérimentation. Le visiteur traverse différentes salles de classe selon un parcours qui suit les…
- La classe -
Alors que le terme « parentalité » est devenu courant, et que l’éducation nationale s’est invitée à faire travailler l’e-parentalité dans le cadre du projet Territoires Numériques Éducatifs, la période de Noël va être l’occasion de s’interroger sur la place des « objets numériques » dans le quotidien de cette période. Si on pense surtout aux cadeaux rituels, il…
- Le système -
Mobilisation générale ! Le ministère publie le 15 décembre une circulaire et un projet de décret sur les langues vivantes. La circulaire explique que PISA 2025 portera sur les langues vivantes et qu’il faut vite fait y préparer le système éducatif. « Il convient de fixer une priorité claire : d’ici à 2025, plus de…
« Pour pouvoir expérimenter, à la rentrée 2023, la réforme Macron, des établissements ont été sélectionnés d’office sous couvert d’un accord en catimini avec les chef·fes d’établissement et quelques enseignant·es trié·es sur le volet », affirme la CGT éducation dans un communiqué. « Là encore, il s’agit d’imposer, par l’expérimentation, une réforme que les personnels…
Jusque-là, Pap Ndiaye était mieux perçu par les électeurs de gauche que par ceux de sa majorité, si l’on en croit le « tableau de bord des personnalités » publié chaque mois par l’Ifop. Ainsi, en novembre, il comptait 52% d’avis positif au PS, 48% chez les écologistes, mais seulement 33% chez les partisans de…
Aux élections professionnelles de l’enseignement agricole, 4 syndicats avaient décidé de faire liste commune sous l’appellation « L’élan commun ». Cette démarche a été payante. L’élan commun, regroupant la CGT Agri, le Snetap Fsu, le Snuitam Fsu et Sud Rural Teritoires, a obtenu 56% des suffrages au CSA Enseignement agricole avec 7 sièges sur 11.
« L’activité mondiale a ralenti et l’inflation s’est généralisée, conduisant les principales banques centrales à resserrer leurs politiques monétaires, tandis que la plupart des gouvernements ont pris des mesures budgétaires visant à limiter les hausses de prix ou à soutenir les revenus. Les cours mondiaux des matières premières et de l’énergie ont globalement reculé au…
- La classe -
« La dimension tant artistique que culturelle de la pratique théâtrale favorise l’expérience du collectif, la découverte des œuvres, le développement de la sensibilité et de la créativité. Elle participe à l’acquisition de connaissances et de compétences qui peuvent être réinvesties dans les apprentissages, contribue au développement de compétences psychosociales et favorise le bien-être de…
- Les disciplines -
« Ce numéro est composé d’une mise au point didactique sur la progressivité des apprentissages, la place de l’évaluation et le statut du document dans nos disciplines. Il revient sur ce qu’est le « cours noyau » et tente d’apporter des réponses aux questions que vous pouvez vous poser », annonce la revue de l’académie…
Mathieu Bouhon et Jean-Louis Jadoulle (Girsef) publient une étude sur les pratiques pédagogiques des professeurs d’histoire belges (Wallonie) dans un nouveau Cahier de recherche du Girsef (n°129). Elle montre que les enseignants adhèrent aux recommandations censées assurer la validité de leur évaluation. Mais ‘cette recherche s’interroge sur l’évolution de la perception de l’approche par compétences…
L'édito
Amélie, merci !
Alors que les enseignants entament un mouvement social de longue durée, il faut rendre sa part de mérite à Amélie Oudéa-Castéra. Pour avoir incarné aussi visiblement les non-dits du projet éducatif d’Emmanuel Macron, elle mérite un remerciement. Et elle nous donne l’occasion de revenir sur ce projet et ce combat. Depuis 2017, Emmanuel Macron a fait de l’éducation « le combat de notre siècle ». Et, depuis 2017, les enseignants bloquent le projet. Un long septennat de luttes qui nécessite maintenant une réponse de la société.
L’Ecole et Ibiza
A quoi pense Emmanuel Macron ? D’année en année, son choix semble moins sur. Jean-Michel Blanquer avait su déguiser la politique éducative d’Emmanuel Macron sous le masque de la République et de la science. En 2018-2019, au moment de la loi Blanquer, sous la poussée des enseignants, son siège vacillait. Mais, avec l’aide de la droite sénatoriale, il avait réussi à se maintenir en usant de son image de défenseur de l’Ecole. Il fallut Ibiza pour qu’il tombe. Le ministre faisait passer ses vacances avant son travail, la jet-set avant la République.
Avec Amélie Oudéa-Castéra, Ibiza est arrivé dès le premier jour. Mieux que ses prédécesseurs elle affichait sans vergogne ses choix de caste et revendiquait ses privilèges. De déclaration maladroite en formule malheureuse, la ministre a fini par incarner la grande bourgeoisie séparatiste, plutôt VIIème que 6ème. Ce choix, malheureux pour E. Macron, met en évidence les décisions anti sociales de la politique éducative d’E. Macron.
Une seule politique depuis 2017, celle de Macron
Car, depuis 2017, c’est bien la même politique éducative qui essaie de s’installer. On peut même remonter à 2016, où le futur ministre d’Emmanuel Macron, membre de l’Institut Montaigne, la définit. Dans « L’école de demain« , JM Blanquer en fixe les bases. C’est l’autonomie d’établissements scolaires mis en concurrence, dirigés par des chefs managers. C’est la fin du collège unique remplacé par des établissements à autonomie pédagogique. C’est l’éducation réduite aux fondamentaux dans le premier degré et pliant sous leur poids dans le second. Ce sont des enseignants dont les pratiques pédagogiques sont dictées et dont le mérite est estimé annuellement grâce aux évaluations nationales. Cette privatisation de la gestion de l’éducation nationale est proclamée par les gouvernements d’E. Macron. En février 2018, E Philippe promeut l’individualisation des salaires et la libération des managers dans toute la fonction publique. Quelques mois plus tard, E. Macron fait de la transformation de l’Ecole « le combat de notre siècle ». En aout 2022, il revient sur les fondamentaux de 2016 : autonomie des établissements, contractualisation générale des établissements et des enseignants. Cela nous donne le Pacte, le CNR.
Les enseignants sont seuls à faire reculer Macron
Si E. Macron se répète depuis 2018, si ses gouvernements fixent le même cap depuis 2017, c’est que la politique éducative du président peine à s’installer. Certes la loi de transformation de la fonction publique est passée. La loi Blanquer aussi. Le Pacte est mis en place. Mais la grande libéralisation de l’Ecole promise depuis 2016 n’a toujours pas eu lieu.
Les enseignants ont fait reculer Blanquer et sa loi en 2019. Il a fallu la désorganisation issue du confinement pour que la loi Rilhac passe. La transformation radicale du lycée professionnel a été freinée par des années d’opposition réussie des enseignants des L.P. Ils ne s’en rendent pas forcément compte. Mais les macronistes le savent. Les enseignants ont réussi, et eux seuls, à bloquer Jupiter.
Au point de bascule
Aujourd’hui, alors qu’Amélie Oudéa-Castéra entame sa mission ministérielle, les syndicats enseignants sont presque unanimes à écrire que « nous sommes à un point de bascule pour l’Ecole publique« . Sud, Unsa, Fsu, Sgen Cfdt et Cgt appellent ensemble à « une réponse forte qui passe par une action dans la durée« . Ils rejettent la politique présidentielle, jugée « passéiste et conservatrice« . Ils dénoncent « une école du tri social » marquée par la disparition du collège unique et l’affectation des jeunes élèves à des filières séparées. Ce tri social est particulièrement visible au collège et au lycée professionnel.
Particularité française
Alors que, chez nos voisins, la révolution libérale de l’Education a pu se mettre en place, la France résiste. C’est grâce aux enseignants. Mais leur action est possible par l’écho qu’elle rencontre dans la société. Dans un numéro de la Revue de Sèvres consacré à la privatisation de l’Ecole, Xavier Pons relevait cette spécificité française. » Les Français sont pour le libre choix de l’Ecole… Mais une fois mis devant le choix ils se posent des questions », écrivait-il. Parce que la privatisation menace les communs, encourage la fragmentation de la société, colporte des valeurs qui s’opposent aux valeurs collectives. A ce titre, le « nouveau pacte » et la transformation du collège sont une « révolution culturelle » dans la mesure où il attaque les bases de l’école publique.
Puisque nous atteignons le point de bascule, les Français peuvent encore s’opposer à ce projet et défendre leur école. Les enseignants ont besoin d’eux.
François Jarraud