Ce mercredi 14 mai, François Bayrou sera auditionné par la commission d’enquête parlementaire sur les violences dans les établissements scolaires. Il prêtera serment. Va-t-il rompre avec le silence des dernières décennies et avoir des paroles de vérité ou prolongera-t-il un long silence, un déni institutionnel, politique et culturel ? Le responsable politique sera entendu sur les défaillances systémiques à différentes échelles dans lesquelles le silence des responsables représente une violence supplémentaire exercée contre les enfants.
L’affaire Bétharram, est le révélateur brutal d’un système éducatif qui, face aux violences sexuelles, a fermé les yeux, couvert les agresseurs, ignoré les alertes. Si Bétharram, ce sont près de 200 plaintes, il a aussi déclenché un tsunami de témoignages et de révélations accablantes révélatrices d’un déni institutionnel, culturel et politique. Et toujours la même mécanique de l’omerta : hiérarchies silencieuses, rectorats inertes, ministres absents.
François Bayrou, ancien ministre de l’Éducation nationale, député, aujourd’hui Premier ministre, est au centre de ce scandale. Son rôle, son inaction, son silence interroge. Lors des auditions, les témoignages se sont succédés pour contredire ses déclarations. Ceux d’un juge, d’un gendarme, d’une enseignante. Même sa propre fille. Tous disent : il savait.
Ce que révèle cette affaire, c’est un échec profond : celui d’un système scolaire avec un privé hors de contrôle, plus prompt à protéger sa réputation que ses élèves. Elle révèle également un système où la culture du silence a remplacé le devoir de signalement. Bétharram est un miroir grossissant d’une culture du déni, de la domination.
Bétharram interroge toute l’Éducation nationale, publique et privée sous contrat. C’est une question de justice, c’est une question d’école, mais aussi une question de culture éducative.
La comparaison avec « MeToo » qu’ont établie les victimes est éclairante. C’est bien un changement de paradigme culturel, qui doit s’opérer, voire qui s’opère, sous nos yeux, celui de la libération de la parole, ou plutôt de l’oreille tendue à ces maux de la violence culturelle, physique, institutionnalisée envers l’enfance. Les silences des adultes ont brisé des enfances, des vies.
Le Premier ministre saura-t-il porter cette rupture ? Ou choisira-t-il, encore une fois, de protéger le silence plutôt que les enfants ?
Djéhanne Gani
