« On croit à l’inclusion, mais il faut les moyens pour la faire vivre. Aujourd’hui, on n’y arrive plus », alerte Damien Maurin, le coordinateur du dispositif ULIS. Ce lundi 19 mai, près de 75 % du personnel du collège REP Victor Grignard à Lyon s’est mis en grève pour dénoncer la situation d’élèves en situation de handicap privés d’un accompagnement pourtant prescrit, des AESH en sous-effectif chronique, et des conditions de travail dégradées pour tous. Un appel à rassemblement est lancé devant le rectorat de Lyon ce mercredi 21 mai à 12h30.
Une situation alarmante pour les élèves en situation de handicap
Au collège Victor Grignard, situé en Réseau d’Éducation Prioritaire (REP), les besoins sont nombreux et urgents. Sur les 37 élèves notifiés pour un accompagnement humain, 14 devraient bénéficier d’un accompagnement individuel, mais deux d’entre eux n’ont aucun suivi. Quatre élèves reçoivent moins de la moitié des heures d’accompagnement prévues : un élève censé être accompagné 10 heures par semaine n’en reçoit que 4, rendant impossible sa scolarisation. « Le manque d’AESH est tel qu’on ne peut plus parler de simple dysfonctionnement. On laisse des enfants en situation de handicap sans le soutien nécessaire pour apprendre. C’est de la maltraitance institutionnelle », dénonce le personnel gréviste.
Des personnels en colère
Les AESH (Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap), en première ligne, dénoncent une précarité persistante : salaire au SMIC pour des temps partiels imposés à 26 heures, affectations multiples dans différents établissements selon le fonctionnement du PIAL (Pôle Inclusif d’Accompagnement Localisé), manque de formation, et sentiment d’abandon face à des responsabilités grandissantes. « On nous demande d’assurer une mission essentielle, mais dans des conditions indignes. On veut bien faire notre travail, mais on nous empêche de le faire correctement » résument les personnels mobilisés.
Les enseignants soulignent également l’impact sur l’ensemble du fonctionnement du collège : surcharge de travail, tensions dans les classes, perte de sens. Le coordonnateur du dispositif ULIS précise : « Ce qui est désolant, c’est que notre collège a toujours été inclusif. Les élèves sont en classe ordinaire, avec les autres, et ça fonctionne… quand on a les moyens. Mais depuis un ou deux ans, ce n’est plus le cas. Le manque d’accompagnement dégrade le climat scolaire, y compris pendant les temps périscolaires comme la cantine. »
Une crise qui dépasse un seul établissement
Le collège Grignard n’est pas un cas isolé. Dans l’école élémentaire du secteur, l’école Macé, le manque d’AESH est également pointé du doigt. Le collège voisin Jean Mermoz a lui aussi mené une grève sur ce même sujet récemment. Les personnels parlent d’une crise systémique, aggravée par le manque de priorisation des établissements en REP. « Le rectorat nous dit que notre collège n’est pas prioritaire. Mais alors combien d’établissements sont dans une situation aussi inacceptable ? », s’interroge une représentante des personnels.
Un appel à se mobiliser plus largement
Face à cette situation, les personnels et parents d’élèves élus du collège appellent à un rassemblement mercredi 21 mai à 12h30 devant le rectorat de Lyon. Dans son communiqué de presse, le collège gréviste invite l’ensemble des établissements confrontés à ce problème à rejoindre le mouvement : « l’École inclusive ne peut pas rester une promesse vide. Elle exige des moyens, un recrutement massif d’AESH, la fin de leur précarité, et la reconnaissance de leur rôle fondamental dans le système scolaire. Nous nous battrons pour que les droits de nos élèves soient enfin respectés. »
Djéhanne Gani
