Pour ou contre le financement des écoles privées ? L’historien Claude Lelièvre revient sur les résultats des sondages où l’on voit que le basculement a eu lieu dans les années 50. Tiens comme la loi Debré … !
« Une majorité relative de Français favorables au financement public du libre choix de l’école » selon un nouveau sondage auprès d’un millier de Français interrogés par CSA ». Sondage publié en début de ce mois et repris par une partie de la grande presse.
2012 – 2025 : rien de neuf
A la question « Etes-vous favorables ou opposés à ce que l’État prenne en charge une partie du coût de l’inscription des frais de scolarité dans les établissements privés pour que cela ne coûte pas plus cher aux parents de choisir une école privée plutôt qu’une école publique ? », 46 % ont répondu y être favorables (dont 19 % tout à fait) contre 42 opposés (dont 26 % tout à fait )
Un résultat qui n’est pas en décalage avec un autre effectué l’année dernière par Eudoxa pour BFM Business, Challenges et Agipi publié en avril 2024 : 52 % des Fraçais interrogés estimaient qu’« il est normal que l’État participe au financement des écoles privées puisqu’elles participent comme le public au service public de l’éducation » contre 46 % des François interrogés qui déclaraient à l’inverse qu’« il n’est pas normal que les impôts de tous les Français servent à financer l’école privée alors que les enfants de tous les Français n’en profitent pas ». Et 49 % des Français interrogés répondaient qu’il faudrait réduire ou supprimer ces financements publics ( contre 49%).
Un sondage IFOP publié en mars 2012 indiquait déjà que 49 % des Français étaient favorables au financement par l’Etat des établissements scolaires privés.
Mais un basculement de l’opinion par rapport aux années 50, accompagné par des lois
En 1948, Edouard Lizop fonde un « Secrétariat d’études pour la liberté de l’enseignement ». Une Association parlementaire pour la liberté de l’enseignement est créée en juillet 1951. En septembre 1951, la loi Marie ( du nom du ministre de l’éducation nationale de l’époque) admet les élèves des établissements privés au bénéfice des bourses de l’État ; et la loi Barangé octroie une allocation trimestrielle pour chaque enfant fréquentant l’école primaire publique ou privée.
L’importance historique de ces deux lois tient plus à la reconnaissance du principe de subventionner les écoles privées par des fonds publics qu’elles impliquent, qu’aux effets financiers des dispositions prises. Il y a lieu de remarquer un certain basculement de l’opinion à ce moment-là si l’on en croit les sondages. Alors qu’en 1946, 23% seulement des Français se déclaraient favorables à des subventions publiques aux établissements privés, 45% d’entre eux se prononcent pour cette solution (42 % étant contre).
Et il semble bien que nous sommes toujours – ni plus ni moins – dans ce « partage ».
Claude Lelièvre
