Plus de 4000 écoles, collèges et lycées pratiqueraient déjà la classe dehors. Les députés Hérouin Léautey (PS), Jérémie Iordanoff (Les Ecologistes) et Graziella Melchior (Renaissance) déposeront une proposition de loi transpartisane. Présentée lors des Rencontres internationales de la classe dehors à Marseille, cette initiative vise à intégrer durablement l’éducation en plein air dans le système éducatif français. Son objectif : permettre à 12 millions d’élèves de vivre régulièrement des expériences d’apprentissage au contact de la nature.
Une proposition de loi transpartisane
« En inscrivant durablement la classe dehors dans le système éducatif, il s’agit de rendre effectif le droit des enfants à grandir au contact de la nature » écrit un collectif d’élus et de professionnels dans une tribune publiée dans Le Monde le 30 mai 2025 pour défendre une proposition de loi transpartisane à l’Assemblée nationale. Issue d’une étroite collaboration entre parlementaires et acteurs de la société civile, cette initiative vise à faire de l’éducation en plein air un pilier du système éducatif français. Ce projet de loi a été impulsé par WWF France et la Fabrique des communs pédagogiques. « L’éducation au-dehors et au contact de la nature doit devenir un pilier fondamental de l’école pour former des citoyens conscients, résilients et engagés », souligne l’exposé des motifs.
Cette initiative législative est le fruit d’un travail collaboratif mené depuis 2023 par des associations, des chercheurs, des enseignants et un groupe transpartisan de parlementaires, suite à la publication du rapport d’information parlementaire rédigé par Graziella Melchior et Francesca Pasquini sur l’adaptation de l’école au changement climatique. Elle a également été encouragée par WWF France et la Fabrique des Communs Pédagogiques. Plus de 4000 écoles, collèges et lycées pratiqueraint déjà la classe dehors.
Pour la députée Graziella Melchior (Renaissance), cette réforme est essentielle : « Il est aujourd’hui fondamental de recréer une éducation au contact de la nature. C’est une condition pour renouer avec une école plus humaine, plus vivante, pour former les générations futures aux enjeux écologiques et permettre à la nation de se doter des capacités de résilience et d’action dont elle a besoin pour y faire face. »
Des bénéfices multiples pour les élèves
L’apprentissage en plein air est reconnu pour ses bienfaits éducatifs, cognitifs et sanitaires. Il stimule les sens, la curiosité, la concentration et développe des compétences essentielles dans un environnement vivant et concret. Pourtant, la France est en retard dans ce domaine : les enfants passent nettement moins de temps dehors qu’il y a trente ans, ce qui a des effets sur leur bien-être et leur santé. La proposition de loi entend combler ce déficit en intégrant le plein air comme modalité d’apprentissage à part entière, reconnue dans les projets éducatifs.
Sylviane Giampino, Présidente du Conseil de l’enfance et de l’adolescence du HCFEA, dont le rapport récent sur la place de l’enfant dans les espaces publics et la nature souligne que « les enfants et les adolescents ne sortent pas assez. Ce constat soulève trois niveaux d’enjeux : éducatifs ; de santé et de santé mentale ; environnementaux et de citoyenneté ». En effet, le repli dans l’espace domestique réduit l’activité physique, nuit à la santé, au bien-être, à la socialisation et au développement global des enfants.
Une transformation structurelle de l’école
La proposition de loi met en lumière le rôle de l’école comme premier lieu d’engagement dans la transition écologique et l’éducation en plein air comme premier pas vers l’apprentissage de l’importance de notre environnement. Au-delà d’un simple ajout réglementaire, ce texte ambitionne une transformation structurelle de l’école. Il affirme le droit des enfants à grandir au contact de la nature et propose plusieurs leviers pour accompagner cette évolution : création d’un réseau national de formateurs, accompagnement des enseignants et des collectivités, et mise en place d’un cadre clair pour faire de l’école un acteur de la transition écologique et de la santé publique.
Pour Jordana Harris, responsable éducation à WWF France, cette loi marque un tournant : « Elle propose un geste politique fondamental : réapprendre à habiter le monde en initiant, dès l’enfance, une relation sensible et directe avec le vivant. Car on ne protège que ce qu’on a appris à connaître et à aimer. »
Djéhanne Gani
