Dans une tribune publiée dans le Figaro le 21 mai 2025, les élus parisiens de droite dénoncent le fonctionnement actuel de la plateforme Affelnet, chargée d’affecter les élèves de 3e dans les lycées publics parisiens. Le 7 mai 2025, la justice administrative a suspendu une circulaire encadrant ce système en réponse à des recours de fédérations de parents d’élèves au nom de l’opacité et d’un système avec des bonus sociaux jugé disproportionnés.
Le logiciel Affelnet
Affelnet est une application nationale de l’Éducation Nationale utilisée par le Rectorat pour affecter les élèves, à l’issue de la classe de 3e. La procédure d’affectation via Affelnet a été mise en place fin 2020. Au cœur des critiques : l’IPS, un « bonus » attribué aux élèves issus de collèges REP pour favoriser la mixité sociale dans les lycées. Ce dispositif qui peut octroyer jusqu’à 1200 points, est accusé par les auteurs de la tribune de privilégier ces élèves au détriment des résultats scolaires, reléguant au second plan les performances d’élèves aux bons résultats issus des collèges favorisés.
La réponse de la FCPE Paris : défendre la mixité sociale et l’égalité
Face à ces accusations, la FCPE Paris dénonce un discours qu’elle qualifie de « truffé de contrevérités », notamment la fausse allégation d’une alliance entre la FCPE et la PEEP, ainsi qu’une attaque directe contre les fondements de l’école publique. Elle défend avec force le principe de mixité sociale dans les établissements scolaires. La FCPE milite contre les lycées de niveaux, comme les « groupes de niveaux » du Choc des savoirs. Elle accuse la vision opposée – qui rejette les mesures favorisant la mixité, comme les bonus IPS – de vouloir maintenir un entre-soi éducatif et une école à deux vitesses.
Un débat sur le mérite et les inégalités
Les élus de droite, auteurs de la tribune initiale, défendent un système d’affectation basé uniquement sur les notes, refusant de prendre en compte les inégalités sociales. Pour la FCPE, invoquer le mérite sans garantir des chances égales est un leurre, notamment dans une ville comme Paris où les inégalités territoriales et sociales sont criantes.
Reconnaissant les limites du système actuel, la FCPE Paris appelle à des ajustements, notamment pour améliorer l’équité entre collèges et favoriser une ouverture territoriale des lycées. Elle souligne toutefois que l’ancien système était encore plus injuste, laissant chaque année de nombreux élèves sans affectation.
Une réforme qui questionne le modèle d’école publique
Pour Martin Raffet le président de la FCPE, « Paris ne doit pas devenir la capitale de la ségrégation scolaire ». Au-delà de la plateforme, la controverse soulève une question de société majeure : quel modèle d’école publique voulons-nous pour demain ? Cette question prend une acuité particulière dans une ville où le secteur privé, subventionné à ¾ d’argent public échappe aux exigences de mixité et de transparence et contribue au séparatisme social. Aujourd’hui, c’est un 1 élève sur 3 qui est scolarisé dans le privé, majoritairement fréquenté par des enfants issus de milieux favorisés. Et en raison de la baisse démographique, cette proportion augmente, comme augmentent les écarts entre le public et le privé.
Djéhanne Gani
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