« J’ai pris une gifle ». Annette a la quarantaine. Son rêve : enseigner en Ulis. Elle a longtemps travaillé dans l’animation et comme AVS avant de se présenter et de réussir le concours de professeurs des écoles. « J’ai toujours été avec des enfants. Mais je voulais aller plus loin. A un moment on sent qu’on a envie de transmettre et qu’on en a les capacités ». Celles ci sont reconnues par le master et la réussite au concours, un challenge pas évident pour une mère de famille. Mais elle fait partie des reçus « sur liste complémentaire » qui n’auront un poste que sur appel du rectorat. Aujourd’hui, Annette a abandonner son emploi d’AVS et attend toujours le coup de téléphone.
Même parcours pour Nicolas. C’est son engagement dans l’éducation populaire depuis plus de 20 ans qui l’a amené à présenter le concours de PE après avoir enchainé des emplois dans l’animation. « Il y a une continuité logique par rapport à mon engagement », nous a-t-il dit. « On veut transmettre aux enfants des outils pour comprendre le monde et agir dessus ».
Ils sont plus de 200 « reçus collés » du concours de professeur des écoles réunis dans un groupe Faceboook. Ils demandent à être recrutés en priorité pour combler les postes vacants dans les académies.
Or les réponses des rectorats sont déconcertantes. Quand Annette sollicite un poste, le Dasen de son département du centre est l’invite à « acquérir une expérience professionnelle… et faire acte de candidature en tant que professeure contractuelle ». C’est ce qu’a fait une autre candidate malheureuse au concours. Finalement elle remplace comme contractuelle un maitre reçu sur liste complémentaire et qui a démissionné. « Je fais le boulot que j’aurais du avoir mais sans avoir le bénéfice du concours « , conclut-elle.
Les syndicats, qui soutiennent ce mouvement des maitres sur liste complémentaire, dénoncent un appel systématique à des contractuels plutôt qu’embaucher des fonctionnaires. « On préfère recruter des contractuels au statut précaire. C’est un autre choix politique, celui de refuser le recrutement de fonctionnaires », explique un syndicaliste dans La Montagne.
F Jarraud
