C’est un
pavé dans la mare que lance le Haut Conseil de l’évaluation de l’école dans
son récent rapport, réalisé par Alain Attali (Inspecteur général) et Pascal
Bressoux (Université P. Mendès-France de Grenoble) sur l’évaluation des
pratiques enseignantes. Il souligne le manque d’information sur les usages
pédagogiques. Certes les enseignants sont régulièrement inspectés mais ces
visites ne permettent pas d’appréhender réellement les pratiques. Le rapport
analyse l’état de la recherche pédagogique sur le sujet. En France, elle
s’est encore peu intéressée à ce sujet mais permet quand même de constater
que les pratiques enseignantes ont une influence sur les résultats
scolaires. Des travaux anglo-saxons ont pu dégager des facteurs positifs
associés à de meilleures performances des écoles : une direction forte, des
attentes élevées concernant les performances des élèves, de la discipline,
l’accent mis sur les disciplines de base, des contrôles fréquents. En
France, F. Dubet a pu démontrer la relation entre la mobilisation des
enseignants et les résultats des élèves. Aussi le rapport du HCEE se clôt
par des recommandations. Il demande une réforme des inspections : elle
devrait être axée sur des priorités annoncées et essayer de mesurer
l’efficacité de l’acte pédagogique (au sens des résultats). Le rôle des
équipes éducatives, du chef d’établissement devraient être réévalués, et le
rapport va même jusqu’à solliciter le regard des parents et des élèves.
Mais pour les auteurs la collecte de l’information n’a de sens que si les
résultats obtenus sont diffusés auprès des enseignants. Sans croire dans la
« leçon modèle », ils estiment que les pratiques efficaces doivent être
partagées : « la diffusion de « recettes » nous semble pertinente, à
condition qu’on les présente, non comme des modèles à suivre aveuglément,
mais comme des exemples et des suggestions, accompagnés d’une analyse qui
permette de les transposer ». Or aujourd’hui « la diffusion, surtout
nationale et académique, est variable et n’a pas toujours l’efficacité
souhaitée » ceci alors que les TIC facilitent justement l’information.
Aussi les auteurs estiment qu’il est urgent d’intégrer les TICE dans la
formation des enseignants et d’habituer les enseignants à visiter le sites
institutionnels de leur académie. L’expérience du Café et des nombreux
autres lieux de mutualisation (listes de discussion, sites etc.) témoignent
en tous cas qu’il y a bien une demande des enseignants pour une information
pédagogique des enseignants, un fait qui devient massif mais que le rapport
n’a pas relevé.
S’appuyant sur le rapport, Le H.C.E.E. recommande le développement de
nouvelles études. Dans le second degré il préconise la mise en place de
conseillers pédagogiques, partiellement déchargés de cours, capables d’aider
les enseignants à améliorer leurs pratiques. Une suggestion qui a peu de
chance d’aboutir compte tenu des contraintes budgétaires actuelles.
Résumé du rapport (format PDF)
Le rapport Attali – Bressoux