Par Françoise Solliec
Tick’Art, initialement conçu sous la forme de chèques culture pour permettre à des jeunes franciliens en formation d’assister à des spectacles ou de découvrir des lieux patrimoniaux met maintenant à la disposition des enseignants et des formateurs un volet pédagogique d’accompagnement qui mérite bien d’être connu et utilisé.
Depuis 7 ans, le dispositif Tick’Art vise à faciliter l’accès des jeunes franciliens à la culture, notamment de ceux qui ont peu d’habitudes culturelles. Il se présente sous la forme d’un carnet nominatif de six chèques, vendu 15 euros à tout lycéen et apprenti, ainsi qu’aux jeunes de moins de 25 ans, suivis par une mission locale, ou en formation dans un organisme financé par la région.
Les chèques permettent cinq sorties individuelles intégralement prépayées : théâtre, concert, danse, etc. dans 270 salles partenaires avec le ticket Scènes, cinéma dans 110 salles partenaires avec le ticket Cinéma, participation à l’un des nombreux festivals avec le ticket Festivals et découverte d’expositions ou de lieux patrimoniaux avec les 2 tickets Expositions/Patrimoine.
Dans le réseau des 300 librairies partenaires, le ticket Livre permet d’acheter un livre avec une réduction de 8 €.
Tick’Art permet également aux jeunes, et c’est là l’une des grandes originalités du système, de participer à des actions culturelles collectives, sur demande de leurs enseignants. L’accompagnement proposé peut être conçu « sur mesure » en fonction de la sortie projetée par un enseignant pour sa classe. Il peut aussi être choisi dans la liste d’actions culturelles proposées chaque année par Tick’Art et ses partenaires (catalogue disponible sur le site tickart.fr). Pour l’accès aux spectacles, les élèves utilisent leurs tickets, les trajets pouvant être pris en charge par le budget régional sous certaines conditions.
« A l’origine, il s’agissait d’un simple dispositif d’incitation financière », nous explique Matthieu Hedde de l’équipe Tick’Art, « mais maintenant, nous nous attachons à communiquer bien davantage avec les enseignants et les formateurs. Nous essayons d’être présents le jour de la prérentrée, nous nous déplaçons tout au long de l’année dans les établissements, nous organisons des réunions d’informations dans les structures locales, de façon à promouvoir les partenariats de proximité, même si la sortie dans un lieu culturel parisien est toujours très attractive. Notre effort porte beaucoup sur les CFA, car les apprentis ont moins de demandes spontanées et il est plus difficile d’y organiser des actions culturelles en raison de leurs périodes en entreprise, ainsi que sur les départements 78, 94 ou 95, où le nombre de commandes est plus faible ». L’équipe de Tick’Art est aussi présente au salon de l’éducation : « C’est efficace en termes de notoriété, bien que les élèves soient davantage préoccupés par leur avenir professionnel ».
Les enseignants impliqués dans les diverses actions collectives appartiennent à des disciplines très variées, même si les lettres et les langues sont particulièrement représentées. Ils peuvent choisir des actions accompagnant des sorties en rapport avec le programme, comme la visite de la maison de Zola ou à de grandes thématiques de travail, comme l’égalité hommes femmes. Ils peuvent aussi choisir des thématiques de découverte de pratiques artistiques, comme cette classe de 2nde qui a choisi de participer à un atelier funambules au Parc de la Villette. Il arrive par ailleurs que l’action concerne un projet fédérateur inter établissement, tel celui mis en place par Théâtre Ouvert avec la DRAC Ile-de-France, qui a réuni les Lycées Fénelon, Colbert et Corvisart autour du spectacle Entre les murs.
Les ateliers d’initiation théâtrale sont toujours très prisés, ainsi que le montre cette expérience offerte à 35 élèves du lycée Brie Comte Robert au théâtre de la Mezzanine, un ancien Jardiland, sur le thème Noël en famille. « Encadrés par Cécile Maquet, assistante du metteur en scène, et Roselyne Bonnet des Tuves, cofondatrice de la compagnie, les élèves ont été répartis en groupes avec pour consigne de créer des personnages et une intrigue sans dialogue, sur les thèmes de la famille et de Noël. Ils avaient à leur disposition les costumes de la compagnie, ainsi que les accessoires.
Et ils s’en sont donnés à cœur joie, surtout lors des essayages. Le résultat fut surprenant d’imagination et de jubilation. Les lycéens, comme les intervenants, ont été conquis par l’expérience. Cet atelier a permis de faire découvrir une autre forme de théâtre et de culture mais aussi d’enrichir le lien social d’une « classe hors les murs » !
Les actions peuvent aussi porter sur la lecture. Ainsi les élèves d’une classe du lycée Bessières de Paris ont rencontré l’écrivain Hervé Le Tellier et lui ont décrit leurs impressions à la suite de cette rencontre. « Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’adolescent type, lorsqu’il apprend votre venue, ne pense pas -seulement- au fait qu’il va être dispensé de deux heures de cours. L’adolescent boutonneux aux réponses laconiques peut aussi être intéressé par une rencontre avec un écrivain. Pour ma part, je voudrais vous remercier de ce discours enrichissant ».
