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L’Académie des sciences à publié le 22 janvier un nouvel avis sur les usage du numérique. En mariant les apports de la psychologie, des neurosciences, des sciences cognitives, les académiciens demandent aux parents et aux enfants un effort de réflexion. Les recommandations nuancées de l’Académie sont soutenues par un discours binaire sur les formes d’intelligence qui pourrait nuire à leur application.

L’irruption de l’informatique dans le grand public « a des effets positifs considérables en améliorant tout à la fois l’acquisition des connaissances et des savoir faire, mais aussi en contribuant à la formation de la pensée et à l’insertion sociale », écrivent JF Bach, O Houdé, P Léna et S Tisseron, auteurs de l’ouvrage « L’enfant et les écrans ». « Néanmoins il est très vite apparue que l’utilisation souvent démesurée de toutes les modalités d’outils numériques… peut avoir des effets négatifs parfois sérieux ».

En se situant dans une démarche de précaution , les académiciens aboutissent , après consultation de psychologues, de spécialistes de la cognition et de la pyschiatrie, à des recommandations concrètes pour chaque âge qui sont pondérées et intéressantes. Ainsi les académiciens appellent à « s’adapter au mouvement technologique en restant en phase avec la jeunesse », à « adapter la pédagogie à l’âge d el’enfant et lui apprendre l’autorégulation ». Globalement le discours demande aux parents davantage de dialogue avec leur enfant et un investissement humain dans l’introduction des nouvelles technologies.

Les académiciens ne rejettent pas les écrans avant 2 ans. S’ils critiquent les usages passifs de la télé, ils soulignent que « les tablettes visuelles et tactiles peuvent être utiles au développement sensori-moteur du jeune enfant ». De 2 à 6 ans, ils estiment que « les ordinateurs peuvent être un support occasionnel de jeu en famille ». De 6 à 12 ans, « l’utilisation pédagogique des écrans et des outils numériques à l’école ou à la maison peut marquer un progrès éducatif important ». Après 12 ans, « les outils numériques possèdent une puissance inédite pour mettre le cerveau en mode hypothético – déductif ». Les jeux vidéos leur apparaissent come enrichissants dans certains cas comme l’usage des réseaux sociaux. Les usages excessifs sont plutot perçus comme d es signanux de troubles sous-jacents.

Pour autant les académiciens appellent à chaque fois à une modération dans les usages et surtout à développer l’auto-régulation par le débat des enfants et adolescents. Ils demandent une véritable éducation au numérique.

Pour défendre cet objectif, les académiciens opposent souvent de façon caricaturale, eux -mêmes le disent, deux types d’intelligence. D’un coté il y aurait l’intelligence linéaire, lente, profonde qui serait celle du livre; De l’autre une intelligence superficielle, zappante, rapide qui serait celle du numérique. Cette opposition, affirmée par d’aussi illustres académiciens, peut assez facilement déraper en une opposition de générations, de cultures et même de classes. A l’évidence on peut avoir une utilisation superficielle du livre. A l’évidence le numérique ramène à la lecture lente. A l’évidence aussi l’ouvrage des académiciens, tout en nuances, peut aussi soutenir des points de vue peu nuancés.

Or l’enjeu de l’éducation au numérique n’est pas que social ou personnel. Dominer le numérique, c’est entrer dans la vraie culture du 21ème siècle. C’est particulièrement net à l’Ecole où le risque de voir se survivre une culture scolaire de plus en plus éloignée des savoirs savants et de la vie culturelle de la jeunesse, est bien réel.

François Jarraud

JF Bach, O Houdé, P Léna, S Tisseron, L’enfant et les écrans. Un avis de l’Académie des sciences, Le Pommier 2013.