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Le dépôt par le Se-Unsa d’une alerte sociale, puis l’annonce par ce syndicat de l’ouverture de « négociations » replace cette question dans le débat sur l’école alors que bien des ambiguïtés demeurent sur l’avenir des directeurs. Au coeur de la question, leur position hiérarchique.

L’annonce le 7 juin par Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa , de l’ouverture de « négociations » avec le ministère sur « les missions, l’aide administrative, la rémunération, le régime des décharges, la valorisation du parcours » des directeurs d’école » a éveillé un grand espoir chez les intéressés. C’est que les suppressions des aides administratifs EVS, puis l’annonce de la reconduction de ces contrats mais sans préciser leur destination entre aide administrative et accompagnement des élèves handicapés, ont usé les nerfs des directeurs d’école. Etre directeur d’école comme le dit le GDID, une association regroupant près de 2 300 directeurs, c’est être à la fois « standardiste, comptable, surveillant, infirmier, réparateur, technicien de maintenance informatique, expert en sécurité, concierge, réceptionniste, gendarme, animateur, secrétaire, psychologue, agent d’entretien » tout en étant enseignant. Une tâche immense, indispensable mais peu reconnue. Si les directeurs d’école disposent bien d’un statut et de responsabilités, ils ne sont pas les supérieurs hiérarchiques des enseignants.

Quelle direction veut-on ?

La première ambiguïté porte sur l’ouverture ou pas de « négociations ». Pour Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, « ces discussions ne sont pas une surprise car elle étaient inscrites dans l’agenda social » du ministère. Mais « le ministère acte le principe de discussion sans préciser de date et de contenu » , contrairement à ce qu’affirme le Se-Unsa. Le Snuipp parle de « cacophonie » et d’un dialogue social « brouillon » d’autant que le ministère utiliserait le mot de « discussion » et non de « négociation ».

Mais l’ambiguïté porte surtout sur le fond. Quelle direction veut-on ? Pour le GDID, Pierre Lombard, secrétaire général, demande « une reconnaissance du métier » estimant que le mot statut » « génère un blocage syndical ». Mais pour le GDID, le directeur doit devenir un chef de service, un leader pédagogique capable de faire passer les réformes. Pour lui c’est le statut actuel qui explique les difficultés de la mise en place des cycles ou de l’aide personnalisée. « Il faut une contrainte pour que le pilotage marche », nous dit-il, tout en ajoutant que le directeur « incarne l’équipe ». P. Lombard donne en exemple le rapport du député Reiss qui demandait la mise en place de chefs d’établissement dans le primaire. C’est ce modèle qui pèse dans les représentations.

Pour le Snuipp, « les études montrent que les chefs d’établissement du secondaire ont les mêmes problèmes que les directeurs : manque de temps, alourdissement des tâches, responsabilités peu claires ». On récuse donc l’idée d’un directeur supérieur hiérarchique au profit d’un métier appuyé sur une certification. « Créer un statut de responsable hiérarchique », nous ad it S Sihr, « est une mauvaise réponse à une vraie question. La question c’est la reconnaissance qu’être directeur est une fonction spécifique avec un travail particulier qui nécessite une reconnaissance et une formation ».

Des discussions pour quoi faire ?

Mais comment avoir une même définition du métier alors que la situation des écoles est très variable ? C’est là un autre aspect de la question. Sur les 48 500 école françaises, 5 000 n’ont qu’une seule classe, 4 000 en ont plus de 10 et 19 000 ont moins de 4 classes. Difficile de regrouper sous la même appellation des personnels gérant de petits établissements avec du personnel et des enseignants isolés dans leur classe.

La portée des « discussions » ou « négociations » reste aussi à établir. Ni au Se-Unsa, ni au Snuipp on ignore les contraintes budgétaires. L’enveloppe des mesures catégorielle est déjà totalement absorbée par la revendication d’une prime pour les professeurs des écoles. Pour le Snuipp, « le ministère se garde d’avancer sur les questions qui ont un coût comme les décharges de direction, la formation, les aides administratifs ». Pour Christian Chevalier, on veut pser la question alors que se discute le budget 2014 et « donner un vrai signal politique ». Ce qui est certain c’est que sur le terrain les directeurs d’école souffrent et que la probabilité d’un mouvement de grève administrative n’est pas nulle.

François Jarraud