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Geneviève Fioraso inaugure le 10 janvier le Salon APB 2014, un rendez-vous incontournable pour les lycéens de première et terminale qui préparent leur entrée dans l’enseignement supérieur. Créé pour faciliter ce passage, APB, le système informatisé d’orientation des lycéens est-il à même d’amener davantage d’efficacité et d’égalité dans un système marqué par l’injustice sociale ? Dans quelle mesure les jeunes savent-ils s’en servir ?

Un salon incontournable

Vendredi 10 et samedi 11 janvier 2014, la salon accueillera à nouveau lycéens et professionnels pour aider les jeunes dans leur choix d’orientation. La quasi totalité des universités sera présente. Les jeunes pourront également rencontrer 86 formations BTS, 13 universités, 18 IUT, 36 écoles d’ingénieurs, 33 écoles de commerce et 27 écoles d’art. Sur place, une armée de conseillers d’orientation psychologues est à la disposition des 40 000 lycéens attendus sur deux jours. Tout cela fait du Salon APB un passage quasi obligé pour les lycéens franciliens.

Lutter contre le discrédit envers l’université

Mais comment les lycéens utilisent-ils la procédure APB ? En juin, le bilan dressé de la campagne 2013 montre que le dispositif a du mal à lutter contre la prédestination sociale. Pas moins de 754 000 jeunes ont constitué un dossier électronique dans APB en 2013. 710 000 ont effectué au moins un voeu et 667 000 l’ont validé. Cela illustre le caractère quasi universel d’APB. Même si ca éclaire d’amblée une de ses difficultés : au final un jeune sur dix quittera APB sans aller au bout de la procédure d’orientation.

La répartition des premiers voeux met en évidence un certain discrédit envers le premier cycle universitaire. 34% des jeunes souhaitent y aller mais 50% y seront finalement orientés ce qui illustre un manque d’attractivité. La ministre de l’enseignement supérieur a entrepris une réforme du premier cycle universitaire qui doit le rendre plus lisible aux lycéens qui craignent l’inconnu de l’université et le manque d’encadrement.

Des orientations hiérarchiquement classées

L’analyse des voeux des différentes catégories des bacheliers souligne la hiérarchisation du système éducatif. Les bacheliers généraux demandent à 14 % des CPGE et 15% des IUT mais seulement 9% des séries L demandent une CPGE quand c’est 20% des S. L’université est demandée par 63% des L, 45% des ES et seulement 40% des S.

Les bacheliers technologiques ont souhaité à 55% aller en STS, un taux en recul par rapport à 2012 où c’était 60%. Seulement 18% ont demandé un IUT alors qu’il y réussissent bien : 68% de réussite pour une moyenne de 72%. Seulement 47% des bacheliers professionnels ont souhaité prolonger leurs études vers le supérieur. Parmi ces 47%, 83% ont demandé une STS. 43% y sont entrés. Un taux décevant alors que leur taux de réussite est de 54%, inférieur au taux moyen (72%) mais pas insignifiant.

Un coup de pouce pour les lycéens des quartiers prioritaires

La ministre de l’enseignement supérieur a décidé de renouveler le premier cycle universitaire pour le rendre plus attractif et moins spécialisé. Limiter la spécialisation c’est faciliter les réorientations et l’inclusion de jeunes prolongeant au delà du BTS. Adoptée cet été, la loi sur l’enseignement supérieur a aussi affecté le devenir des lycéens. Elle permet aux lycéens des établissements prioritaires d’accéder aux filières sélectives. « Sur la base de leurs résultats au baccalauréat, les meilleurs élèves par filière de chaque lycée bénéficient d’un droit d’accès dans les formations de l’enseignement supérieur public où une sélection peut être opérée. Le pourcentage des élèves bénéficiant de ce droit d’accès est fixé chaque année par décret. Le recteur d’académie, chancelier des universités, réserve dans ces formations un contingent minimal de places au bénéfice de ces bacheliers ». Ce droit s’applique par exemple pour le classes préparatoires. Il ne règle pas pour autant les difficultés liées au niveau des élèves ou à leur manque de ressources financières, dans des filières qui génèrent des frais importants pour les familles.

Et pour les bacheliers professionnels et technologiques

La loi Fioraso crée des quotas académiques définis en concertation avec les proviseurs et directeurs d’IUT pour l’accès en STS et IUT.  » En tenant compte de la spécialité du diplôme préparé.. le recteur d’académie, chancelier des universités, prévoit, pour l’accès aux sections de techniciens supérieurs et aux instituts universitaires de technologie, respectivement un pourcentage minimal de bacheliers professionnels et un pourcentage minimal de bacheliers technologiques, ainsi que des critères appropriés de vérification de leurs aptitudes. Les pourcentages sont fixés en concertation avec les présidents d’université, les directeurs des instituts universitaires de technologie, les directeurs des centres de formation d’apprentis et les proviseurs des lycées ayant des sections de techniciens supérieurs ». L’objectif affiché se veut social : il s’agit de permettre à ces jeunes de milieu défavorisé d’entrer dans des filières du supérieur où ils vont réussir. Mais c’est aussi un acte de bonne gestion : STS et IUT ne font pas le plein et des milliers de places resteraient vides après la sélection opérées par ces institutions sans le « coup de pouce » obligatoire du recteur… Reste que cela oriente les jeunes des milieux populaires vers des filières courtes, réservant les filières longues aux enfants des « bonnes familles ».

Améliorer la visibilité du supérieur

La ministre de l’enseignement supérieur a entrepris d’améliorer la lisibilité d’APB. Plus de 11 000 formations étaient enregistrées dans APB en 2013 et près de 5 000 masters différents. La ministre de l’enseignement supérieur veut ramener les 5 000 masters à 200 ou 300 et le nombre de licences à une cinquantaine. C’est cet effort que les lycéens vont pouvoir vérifier pendant deux jours au Parc de la Villette à Paris.

François Jarraud

Le Salon APB

Sur le salon 2013

APB comment s’y retrouver ?