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Par François Jarraud

Le candidat UMP a proposé aujourd’hui un plan numérique en réponse au rapport remis par le Conseil national du numérique. Parmi les propositions un « bac numérique » censé repêcher les élèves en froid avec l’école.

Technophobe ou technophile ? Quel est le vrai visage de Nicolas Sarkozy ? Du discours de Montpellier le 28 février à ce plan numérique du 17 avril, le candidat UMP semble avoir découvert le numérique.

Dans son discours sur l’éducation, à Montpellier, les mentions d’Internet sont toujours négatives.  » Tout a changé quand, pour tous les enfants, Internet a concurrencé le professeur dans l’accès au savoir », disait-il. « Avec Internet…l’enfant, qui a l’impression de pouvoir accéder directement à toute la connaissance du monde, ne voit plus spontanément pourquoi il devrait prendre la peine d’apprendre ». Internet était alors perçu comme un perturbateur de l’ordre scolaire, un empêcheur de transmettre en rond. Une opinion d’ailleurs entendue fréquemment chez ses conseillers.

Le plan numérique

Le nouveau plan numérique du président fait-il avancer la cause du numérique éducatif ? N Sarkozy reprend des propositions, au choix, du Conseil National du Numérique (CNN) ou du plan… Hollande. C’est le cas par exemple quand il propose une « plateforme nationale d’e-education » chargée d’éditer et de recenser les logiciels éducatifs ou encore quand il évoque « un grand plan de formation des professeurs au numérique ».

D’autres propositions marquent une certaine méconnaissance de l’existant. Ainsi il souhaite que chaque écolier valide le B2i, instauré en 2000. Il demande que  » le collège et le lycée (soient) le lieu de la formation à la maîtrise du numérique », ce qui semble être le but du B2i collège obligatoire pour le brevet depuis 2008… Au lycée, où le B2i n’est pas non plus mentionné par N Sarkozy, il souhaite intégrer le numérique dans l’enseignement d’ECJS. Au collège il serait intégré dans celui d’arts plastiques. Les programmes officiels demandent eux une intégration dans toutes les disciplines et on sait que certaines (pas forcément celles désignées par le président) ont pris le virage numérique.

Un bac numérique

François Hollande, il y a une quinzaine de jours, avait lâché l’expression de « bac numérique » avant de redéfinir l’expression. Nicolas Sarkozy se l’approprie et la transforme à sa façon. Il souhaite « la création d’un baccalauréat numérique, dont la préparation se déroulerait dans des « académies du numérique » sous contrat avec l’Etat, mais très largement confiées à des professionnels ». La préparation de ce bac comprendrait « une partie d’enseignement général et un enseignement numérique ». Le contenu de ce baccalauréat serait construit « par une commission professionnelle des technologies du numérique, rassemblant tous les experts du secteur, ainsi que des représentants de l’éducation nationale. Le principe de la formation en alternance y serait systématique ». Comment ce bac, où l’on notera que les enseignements généraux restent traditionnels, se situerait par rapport au bac STI2D ? Cela reste dans le brouillard.

Pour tacler Hollande…

Le candidat semble plus à l’aise dans les chapitres de ce document consacrés au secteur du numérique que dans ceux dédiés à l’éducation. Si l’éducation au numérique est perçue dans ce texte comme une nécessité, le candidat semble moins soucieux de s’intéresser aux usages pédagogiques du numérique que de venir sur un terrain où F Hollande était jusque là seul.

François Jarraud

Liens :

Discours de Montpellier

Le plan numérique de N Sarkozy

Le plan Hollande

Le programme du CNN