Le mardi 2 novembre s’est tenu le congrès national de l’ADEAF (Association pour le développement de l’enseignement de l’allemand en France) à Clermont Ferrand, organisé par Martine Buisson, présidente régionale.
Dans une ambiance conviviale et travailleuse à la fois, les présents ont pu écouter les interventions de Mme Jacqueline Serin, IA-IPR d’allemand, M. Jean-Michel Hannequart, président de l’ADEAF, M. Dieter Reinl, attaché culturel de l’ambassade allemande à Paris, Frédéric Sauvage, attaché culturel de l’ambassade de France à Berlin, Conny Reuter, de l’OFAJ, et Hans Luddwig Bauer, directeur du GI à Paris. Le congrès eut lieu dans les locaux de l’ESC Clermont-Ferrand et les germanistes ont été chaleureusement accueillis par M. Andrés Atzena, directeur du groupe ESC Clermont.
Le nouveau bureau a été constitué comme suit:
Jean-Michel Hannequart, président, Frédéric Auria et Bernard bon, vice-présidents, Trésorier: Christian Oudet (trésorerie, fichier adhérents, envoi documents aux régionales…;), Secrétaire : Thérèse Oudet (relations avec les régionales, bulletin) t.oudet@wanadoo.fr, Webmestre: Etirenne Kneipp ( site Adeaf, modérateur liste adeafnet) e.kneipp@ac-nanacy-metz.fr, Membres:
Jean François Bourret: relations avec le monde économique, Frédéric Sauvage: relations extérieures (ancien président), Elisabeth Thomas: bulletin, Laurent Bornert, Martine Buisson, Claude Barrial: chargé de la prospection publicitaire bulletin, René Métrich membre de droit (Nouveaux Cahiers d’allemand), Bernard Martini membre de droit (ancien président).
L’ADEAF regroupe aujourd’hui environ 2400 membres. Or, beaucoup de jeunes collègues ignorent encore l’existence de cette association qui défend le statut de l’allemand dans les écoles françaises.
Ci-dessous le rapport d’activité des trois dernières années:
« Lorsque le bureau exécutif actuel avait été mis en place à l’assemblée générale de Montpellier en octobre 2001, il s’était engagé à prolonger l’action menée depuis 1998 sous la direction de Frédéric Sauvage et avait défini quatre priorités :
– obtenir l’application du plan Lang, particulièrement la revalorisation de l’enseignement des langues vivantes et une plus grande diversification dès l’école primaire. Nous étions alors conscients des difficultés que nous aurions à surmonter car, déjà à cette époque, l’écart entre les espoirs suscités par les textes officiels et la réalité sur le terrain était important.
– poursuivre notre activité de promotion de l’allemand.
– soutenir l’innovation pour contribuer à l’amélioration de l’image de l’enseignement de l’allemand.
– poursuivre le développement des partenariats initiés par l’équipe précédente.
Quel bilan peut-on dresser trois ans plus tard ?
1) Il est évident que nous n’avons pu atteindre notre premier objectif. Déjà à la fin de l’ère Lang, nous dénoncions les retards pris dans l’application du plan du Ministre, notamment dans le domaine de l’information sur le choix des langues, et la mauvaise volonté évidente de certains responsables locaux. L’arrivée de Luc Ferry en mai 2002 a marqué le début d’une période d’immobilisme (au moins dans notre domaine) au cours de laquelle la tendance lourde à l’uniformisation des choix de langues s’est renforcée. Les changements d’équipes gouvernementale ne nous ont pas facilité la tâche, car nous avons du plusieurs fois reprendre notre patient travail de lobbying. Nous avons été reçus six fois au ministère de l’Education, une fois à l’hôtel Matignon et nous sommes adressés à plusieurs reprises au Président de la République pour plaider la cause de l’allemand et obtenir des mesures susceptibles de favoriser une plus grande diversification : d’abord une offre plurielle dès le primaire partout où c’est possible et l’introduction de 6èmes bilangues dans les secteurs ruraux ou à faible densité de population, mais aussi la mise en place d’une information institutionnelle dans le cadre d’une semaine des langues.
Ces idées font leur chemin, car on a pris conscience au niveau politique qu’on ne pouvait prétendre approfondir la coopération franco-allemande sans une meilleure compréhension des langues respectives. C’est le Premier Ministre lui-même qui a fixé l’objectif d’augmenter de 50% le nombre de jeunes Français qui apprennent l’allemand dans les dix prochaines années. Mais les mesures concrètes se font attendre : l’Education nationale est une énorme machine qu’il est difficile de faire évoluer. D’autre part la déconcentration conduit à des disparités grandissantes entre les académies. C’est pourquoi nous avons eu au cours de cette période fréquemment recours à une stratégie que nous avions déjà utilisée au cours de la période Allègre : nous avons profité du réchauffement des relations franco-allemandes pour intervenir auprès du Président de la République, du Premier Ministre, du Ministères des Affaires Etrangères pour qu’ils fassent pression sur l’Education Nationale. Je voudrais souligner que nous avons toujours reçu pour ces interventions le soutien actif de l’Ambassadeur d’Allemagne et de ses conseillers : ainsi, en mars 2004, une délégation composée de Messieurs Rollin et Reinl de l’Ambassade, de M. Bauer de l’Institut Goethe et du Président de l’ADEAF a remis au Conseiller du premier Ministre pour l’éducation Michel Roger et à M. Gottschalk un mémorandum qui reprenait la plupart de nos propositions.
De même, nous nous sommes constamment appuyés sur les conclusions du Rapport du Sénateur Legendre (« l’enseignement des langues étrangères face au défi de la diversification ») que j’avais rencontré en 2003 pour lui exposer notre point de vue. Ainsi nous avons pu situer nos revendications dans un cadre plus large pour réclamer une politique des langues qui correspondent aux besoins d’ouverture internationale de notre pays.
Comme dans la période précédente, cette recherche de contacts avec les autorités, cette ouverture au dialogue nous a semblé la meilleure voie pour faire connaître nos arguments. Le contexte franco-allemand particulièrement porteur nous a fourni plusieurs occasions de nous faire entendre :
– en juillet 2002 à la chancellerie à l’invitation de Brigitte Sauzay.
– en janvier 2003 lors du colloque de la Sorbonne organisé pour le 40ème anniversaire du traité de l’Elysée.
– en octobre 2003 lors des colloques franco-allemands de Sèvre et de Genshagen.
– en mars 2004 lors de la réunion dite « du processus de Poitiers » à l’initiative du Ministère des affaires européennes.
Dans toutes ces manifestations où l’on a tendance à mettre en avant les réalisations modèles de la coopération franco-allemandes (Abibac, Voltaire, manuel d’histoire, etc.), nous avons rappelé la situation sur le terrain et exposé nos propositions.
Nous avons essayé d’être présents partout, mais nous n’y sommes pas toujours parvenus faute de disponibilité. Ainsi nous n’avons pas saisi l’occasion qu’offrait la consultation Thélot pour nous faire entendre. Une seconde occasion manquée a été le congrès franco-allemand prévu en 2002 et qui n’a pas pu se tenir à cause de problèmes d’organisation et de financement.
Un autre levier important pour l’ADEAF n’a pas toujours pu être utilisé : c’est celui de l’action des régionales sur le terrain. Dans le contexte de déconcentration croissante de l’Education nationale, les équipes régionales ont un rôle primordial à jouer. D’une part, elles sont un relais indispensable entre le niveau national et les enseignants d’allemand qu’elles informent, approvisionnent en documents divers et soutiennent, mais surtout elles peuvent être des acteurs importants de la politique des langues définie essentiellement au niveau académique. Lorsqu’elles ont réussi à constituer des équipes efficaces comme à Clermont-Ferrand, elles peuvent intervenir auprès des Recteurs, des IA et alerter le niveau national et l’opinion publique dès que l’enseignement de l’allemand est mal traité. Quelques unes parviennent à assurer une bonne information de leurs adhérents par des courriers réguliers et à mobiliser les professeurs d’allemand, souvent en liaison avec l’institut Goethe ou les maisons d’Allemagne, pour des Deutschlehrertage, des stages ou des manifestations culturelles. Malheureusement un tiers d’entre elles seulement fonctionne de façon satisfaisante et trois n’ont même pas de responsables. Or l’absence d’activité au niveau régional a toujours pour conséquence une perte d’adhérents et donc une perte d’influence pour notre association. Comment mobiliser plus de militants pour des actions constructives et de longue haleine pour promouvoir l’allemand? C’est un problème auquel nous sommes confrontés depuis des années et auquel nous n’avons pas trouvé de vraie solution, au niveau régional comme au niveau national. L’engagement des équipes qui font encore vivre l’ADEAF au niveau local n’en est que plus méritoire et je voudrais saluer les efforts de tous ceux qui, avec une équipe réduite et parfois même seuls, ont fait que le 22 janvier a pu être une occasion de montrer l’importance de la relation franco-allemande, qui, loin de Paris et de son offre culturelle, parfois très loin de la frontière allemande, parviennent à organiser des formations, des lectures, des spectacles, des concours, des réunions d’information dans les établissements scolaires, des cafés allemands, … Le bulletin se fait régulièrement l’écho de ces actions sans lesquelles l’ADEAF ne pourrait exister.
2) Même si elle ne peut pas suppléer au manque d’information officielle sur les langues, l’ADEAF a depuis sa création consacré une partie importante de son budget à la production et à la distribution de documents pour informer les élèves et les parents sur les atouts de l’allemand. Elle a continué à le faire, et les argumentaires élaborés par Frédéric Auria notamment à l’occasion du 22 janvier ont été largement utilisés et cités. (chiffres).
L’ADEAF s’est d’autre part associée à la campagne de sensibilisation « on a tout à faire ensemble menée cette année par l’ambassade et l’institut Goethe. Une partie des affiches, cartes postales, marque-pages distribuées dans les écoles a transité par nos régionales. Un grand merci à la régionale de Lille qui assuré le dispatching des quelques 12 000 documents mis par le GI à notre disposition.
L’année 2004 a vu la mise en ligne du site Deutsch Fans élaboré par notre vice-Président Bernard Bon. Il a pour objectif de faire connaître à de jeunes élèves, mais aussi au grand public la civilisation des pays germanophones pour les inciter à apprendre l’allemand. Deux portails qui constituent de véritables centres de documentation virtuels sont ouverts : ils peuvent être des outils précieux pour les enseignants, notamment du primaire, qui souhaitent présenter des aspects de la civilisation allemande à leurs élèves. Je profite de cette tribune pour remercier Bernard de son engagement : il a consacré plus de trois ans au développement de cet outil extraordinaire qui dès son ouverture au public a connu un grand succès et compte dès maintenant parmi les sites de référence dans le domaine franco-allemand. Nous devons lui assurer la diffusion la plus large et trouver un cadre institutionnel qui permette d’achever la construction du site et d’assurer son fonctionnement et sa pérennisation. Je voudrais aussi rendre hommage à Madame Janine Mourier, informaticienne, qui a mis ses compétences au service de Deutsch-fans à titre complètement bénévole et a consacré des milliers d’heures à sa construction. Enfin cette réalisation n’aurait pas été possible sans le concours du Rectorat de Rennes, sans l’appui de Francis Goullier, Inspecteur général et de Jean-François Pasturel, IA/IPR et sans le concours financier de l’OFAJ et de la fondation Bosch.
Tous ces outils de promotion de l’allemand élaborés par l’ADEAF ne suffiront certainement pas à faire disparaître les a priori, les clichés qui ternissent l’image de l’allemand et de l’Allemagne, mais nous avons la faiblesse de penser que sans cet effort d’information accompli depuis plus de 25 ans, la situation de l’enseignement de l’allemand serait pire encore.
3) Notre association s’est toujours efforcée de contribuer à l’amélioration de l’image de l’enseignement de l’allemand par la promotion de l’innovation. C’est l’objectif des dossiers du bulletin qui ont au cours des dernières années été consacrés à l’enseignement en primaire, en lycée professionnel, à l’internet en cours d’allemand, à la formation des enseignants, à la place de la grammaire, à la présentation de produits culturels attractifs : un grand merci aux membres du comité de rédaction qui ont pris en charge un ou plusieurs de ces dossiers.
ADEAFNET a joué également un rôle pionnier dans la diffusion de l’utilisation des TICE et des innovations pédagogiques en cours d’allemand. Il est d’autant plus injuste que le projet de « portail des ressources TICE » élaboré par Etienne Kneipp n’ait pas pu être réalisé faute de soutien de la part de l’Education Nationale.
L’innovation a également constitué un thème privilégié de nos dernières AG de Bordeaux et du Havre. Et celle de Clermont ne déroge pas à cette tradition puisqu’elle se prolonge demain par un Deutschlehrertag organisé conjointement par l’Inspection Pédagogique Régionale d’Allemand, le GI de Lyon et l’ADEAF.
Nous avions l’ambition de proposer au niveau régional des stages pédagogiques à nos adhérents en complément de ceux que Bernard Martini organise avec le soutien de l’OFAJ. Le succès rencontré par la régionale de Dijon avec son stage « jeux et chansons en primaire » et par les séminaires franco-allemands Caen-Würzburg montrent que nous aurions intérêt à développer ces initiatives ».