« Je ne suis pas sûr que cette guerre soit achevée… […] elle traverse encore la société… ceux qui l’ont vécue, bien sûr, mais pas seulement… leurs enfants aussi… et leurs petits-enfants après eux… c’est cette guerre, c’est en elle… aujourd’hui encore… elle est toujours là. » dit le personnage Gérard Poaillat de la BD.
La BD de Nicolas Junker réunit une historienne, un célèbre artiste, un maire autour d’un projet de musée. En mettant en scène la création d’un musée dédié à la guerre d’Algérie, l’auteur explore les tensions entre devoir de mémoire, récupération politique et quête de sens historique. Dans ce projet, les approches artistiques, politiques et scientifiques sont difficiles à réunir comme le sont les différentes personnes. Et les tensions sont vives : le maire souhaite inclure les souvenirs des habitants pour favoriser la réconciliation nationale, ce que refuse l’historienne, au nom de la rigueur scientifique. Le scénographe veut transformer la villa Poaillat pour adapter l’espace au sujet du musée, mais Jacqueline, la veuve du propriétaire, s’y oppose pour préserver l’intégrité du lieu. Entre mémoires, ambitions et sensibilités personnelles, chacun défend sa vision.
Un personnage le formule ainsi : « il y a trop de souffrance », pour réunir ensemble à égalité les Algériens, Français, pieds noirs, harkis. Le projet raconté, c’est l’histoire d’un projet réel de George Frêche à Montpellier en 2003, puis abandonné.
L’Algérie : Trous de mémoire, Nicolas Juncker. Le Lombard, 2025.
